Les menstruations : une question d’équité
Martine Lacroix
- blogue
- Femmes
- justice sociale
Table des matières
La Journée mondiale de l’hygiène menstruelle, cela vous dit quelque chose? Non? Ne vous autoflagellez point, peu de gens la connaissent.
Cela fait pourtant 10 ans que le 28 mai a été baptisé ainsi par une ONG allemande. Pourquoi cette date? Le 28 représente le nombre de jours qui s’écoule en moyenne entre les menstruations et mai s’avère le cinquième mois de l’année, soit la durée approximative des règles.
Au Québec, on préfère l’appeler la Journée mondiale pour la santé menstruelle. Hygiène! Cela ne donne-t-il pas l’impression que les menstrues sont sales plutôt que simplement naturelles.
L’accès aux produits menstruels
Si elle a accouché de Jésus, Marie était probablement menstruée. Comment se débrouillait-elle côté produits menstruels?
Une chose demeure certaine, la célèbre maman et ses contemporaines n’avaient sûrement pas autant de choix qu’aujourd’hui. Qu’ils soient réutilisables ou à usage unique, ces objets indispensables s’avèrent inaccessibles à beaucoup de porte-monnaie.
Depuis quelques années déjà, diverses mesures ont toutefois vu le jour afin de contrer la précarité menstruelle. On peut entre autres saluer l’installation de distributrices de produits menstruels dans des lieux publics et des institutions scolaires.
Et que dire des subventions offertes par plusieurs municipalités destinées à l’achat de produits menstruels durables ? Impossible aussi de fermer les yeux sur le Fonds d’équité menstruelle, projet pilote du gouvernement fédéral, qui devrait permettre la distribution de 74 millions de produits menstruels par l’entremise d’organismes communautaires.
Toutes ces actions sont les bienvenues. Mais que désirent réellement les personnes qui militent pour cette cause? La gratuité des produits menstruels pour tout le monde. Notre idole? L’Écosse. Pionnière en la matière.
Les personnes transgenres et les menstruations
On naît femme, on ne le devient pas, voilà le clin d’œil à Simone de Beauvoir qui coiffait l’article de Mathieu Bock-Côté le 29 mai. Selon lui, sévirait une « idéologie qui vise à déstabiliser psychiquement la jeune génération pour l’amener à croire que le genre est un « choix » … ».
Qu’on soit d’accord ou non avec le controversé chroniqueur du Journal de Montréal, la transsexualité existe. Et les personnes trans sont confrontées à plusieurs défis en matière d’équité menstruelle. Par exemple, être un homme trans n’implique pas nécessairement l’arrêt des menstruations. Voilà pourquoi les toilettes non genrées munies de dispositifs pour produits menstruels leur facilitent l’existence.
Agir pour la cause menstruelle
La Bible ne nous incite-t-elle pas à aider les autres? Si on décide de faire des dons en argent, vêtements ou nourriture à un centre de dépannage sis dans notre quartier, pourquoi ne pas en profiter pour ajouter quelques produits menstruels?
Vous gérez une entreprise? Avez-vous songé à offrir des congés menstruels à votre personnel aux prises avec des règles particulièrement douloureuses?
Vous entendez parler d’une initiative bénéfique aux personnes menstruées, publicisez celle-ci autour de vous! Les dernières en date? Le 17 mai, le symposium Periods on Campus s’est tenu à l’université Concordia.
Pensons aussi à la pétition portant sur les enjeux liés aux menstruations instituée par Québec solidaire et déposée à l’Assemblée nationale le 28 mai par la députée Ruba Ghazal.
Est-elle si lointaine cette époque où certaines religions et cultures condamnaient l’insertion de tampons dans le vagin, car cela risquait de porter atteinte à la virginité? À combien de reprises les menstruations ne furent-elles pas qualifiées d’impures?
En 2024, s’il est rare qu’on les affuble d’un tel qualificatif, n’empêche qu’elles suscitent souvent un malaise. Tabou la précarité rouge. Imaginez lorsqu’on se réfère à la précarité jaune, soit l’accès difficile aux produits pour l’incontinence urinaire…