L’avortement: ne pas imposer sa foi

Dans le cadre de la série Ma parole, Stéphane nous parle de l’avortement avec compassion.

Il fait ressortir l’importance de l’autonomie individuelle, de l’accès à des soins de santé reproductive complets et d’une prise de décision responsable enracinée dans des principes de justice sociale.

Transcription

L’avortement: ne pas imposer sa foi

Un enjeu de santé publique

L’avortement, c’est un sujet très sensible, c’est un débat très polarisant dans notre société. Je suis content d’avoir été invité à réfléchir avec vous sur ce sujet.

Pour moi, l’avortement est d’abord et avant tout un enjeu de santé publique plus qu’une question de moralité. La fécondation, avoir des enfants, fait partie de l’ordre naturel des choses. Je ne veux pas dire que toutes les femmes ont des enfants, mais ça fait partie de la biologie humaine.

Et pour bien comprendre ce débat, il faut comprendre tout ce qui entoure ce débat. Qu’est-ce qui encourage les personnes à avoir des enfants et qu’est-ce qui empêche les personnes de mener une grossesse à terme?

Un choix qui appartient aux femmes

Bien sûr, je crois fermement que la décision finale appartient aux femmes parce que c’est elles qui portent l’enfant en devenir.

Cependant, je trouve que trop d’hommes s’en lavent complètement les mains. C’est la décision des femmes. Ce n’est pas mon problème. Vous devez vous impliquer d’une manière ou d’une autre pour appuyer cette décision-là, pour appuyer cette démarche-là que mener une grossesse à terme ou interrompre une grossesse.

Je crois que les hommes doivent être là parce que c’est des choix difficiles. Et lorsqu’il y a une décision, faite par la femme, d’accompagner cette femme-là dans ce processus-là, dans cette démarche-là, qu’elle soit de mener la grossesse à terme ou d’interrompre la grossesse.

Il faut accepter les choix des autres, ne pas imposer ses valeurs, ne pas imposer ses positions.

Je crois que les Églises doivent participer au débat, doivent apporter au débat et pas le clore, pas décider de clore le débat et d’imposer ses visions à l’ensemble de la population, à l’ensemble de la société.

Réduire le nombre d’avortements

Aux gens qui espèrent réduire le nombre d’avortements dans notre société, j’oserais quasiment dire moi aussi. C’est quand même relativement simple. On ne parle pas de grandes transformations de société.

On parle d’amélioration de choses qui existent déjà. On a des contraceptifs. On a des soins de santé. On a un filet social. Améliorons ça. Améliorons l’éducation sexuelle dès le jeune âge pour que tout le monde comprenne qu’est-ce que ça représente d’avoir une activité sexuelle, qu’est-ce que ça représente d’avoir une fécondation. Et quelles sont les implications de tout ça?

Améliorer la conditions des femmes

J’aimerais qu’on renforce notre système social. J’aimerais qu’on donne un accès universel aux moyens de contraception.

Ce que j’aimerais, c’est qu’on réduit toutes les raisons qui peuvent contribuer à l’avortement, des raisons peut-être de pauvreté, des raisons de violence au niveau du couple, toutes les raisons sociétales et que cette décision-là se fasse vraiment sur la base « suis-je prête ou pas à avoir cet enfant? » et non « est-ce que je vais avoir assez d’argent pour remplir mon réfrigérateur? »

Mais je crois que le choix ultime se fait entre les personnes concernées, le médecin, Dieu en tant que croyant et sa conscience personnelle.