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Roxham, you don’t have to put on the red light…

24 mai 2023

Martin Bellerose

Vous aurez sans doute reconnu ce vers de la chanson « Roxanne » du groupe The Police (comble de l’ironie), que nous avons ici quelque peu paraphrasé. Bien sûr, nous nous référons ici à la fermeture du chemin Roxham par lequel des migrants transitaient soit pour atteindre les États-Unis depuis le Canada, ou pour atteindre le Canada depuis les États-Unis. L’idiome bien connu « to put on the light » qui veut simplement dire s’annoncer comme prostituée évoque bien des choses lorsque l’on change le nom propre de cette élocution par « Roxham ».

En effet, la fermeture du chemin n’empêchera pas le franchissement des frontières hors des postes prévus à cet effet, mais elle le rendra plus périlleux. Par cette fermeture, on ouvre un marché très lucratif pour les passeurs qui se soucient très peu du sort des migrants, mais qui leur exige des montants d’argent exorbitants. Quelques semaines après avoir fermé le chemin en question, des corps inertes étaient trouvés sur les rives du Saint-Laurent à la hauteur d’Akwesasne.

En fermant le chemin Roxham, c’est comme faire passer une petite annonce disant « migrants cherchent passeurs pour être volés, abusés et autres atteintes à la dignité humaine laissées à la discrétion des passeurs ». Difficile de voir si les gouvernements québécois et canadien sont complices de ce crime de lèse humanité ou s’ils sont totalement inconscients de l’incidence de leurs décisions. À voir l’ensemble de l’œuvre, nous serions portés à croire qu’il s’agit d’un néfaste mélange des deux. Certains argumenteront que c’est le rôle des gouvernements de faire respecter la loi et de « protéger les frontières ».

Et pourquoi ne pas se laisser inspirer par la Bible?

Dans le processus de libération du peuple d’Israël du joug d’Égypte qui est relaté dans les livres de l’Exode et du Deutéronome, deuxième et cinquième livre de la Bible, on y comprend que se libérer veut dire migrer et si c’est vrai pour le peuple d’Israël, cela est aussi vrai pour ceux qui viendront immigrer et se réfugier en Israël lorsqu’il sera constitué en État et que le peuple de Dieu sera maître de ses lois.  Ce qu’on y trouve dans ces textes est parfois surprenant, mais surtout très inspirant, voici quelques exemples de ce qui y est dit : « Tu n’exploiteras ni n’opprimeras l’émigré, car vous avez été des émigrés au pays d’Égypte » (Exode 22,20); « car c’est le Seigneur votre Dieu qui est le Dieu des dieux et le Seigneur des seigneurs, le Dieu grand, puissant et redoutable, l’impartial et l’incorruptible, qui rend justice à l’orphelin et à la veuve, et qui aime l’émigré en lui donnant du pain et un manteau. Vous aimerez l’émigré, car au pays d’Égypte vous étiez des émigrés » (Deutéronome 10,17-19).

Le verset qui pour ma part est le plus interpellant et que les décideurs politiques devraient méditer avant de prendre leurs décisions est celui-ci :« Tu ne livreras pas un esclave à son maître s’il s’est sauvé de chez son maître auprès de toi ; c’est avec toi qu’il habitera, au milieu de toi, dans le lieu qu’il aura choisi dans l’une de tes villes, pour son bonheur. Tu ne l’exploiteras pas » (Deutéronome 23, 16-17).

(Les passages de la Bible sont tirés de la TOB 2010)

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