Explorer sa foi

Un hamac et un chalet, des endroits idéaux pour se reposer.

Prendre le temps de se reposer

16 juillet 2024
Stéphane Vermette

Stéphane Vermette

  • Église Unie
  • pas
  • podcast

Dans une société qui valorise la performance et les longues heures de travail, peut-on en toute bonne conscience prendre le temps de s’arrête pour se reposer? Est-ce qu’un temps de sabbatique doit être organiser autour d’un projet?

Dans cet épisode, Joan et Stéphane osent questionner notre propension à toujours faire plus. Et si nous arrêtions de consommer une journée par semaine? Et si nous nous donnions la permissions de faire la sieste sans culpabilité?

* Musique de Lesfm, pixabay.com. Utilisée avec permission. 

* Photo de Cara Fuller, unsplash.com. Utilisée avec permission. 

Transcription:

Bonjour, bienvenue à Question de croire, un podcast qui s’intéresse à la foi et la spiritualité, une question à la fois. Cette semaine, peut-on prendre le temps de se reposer? Bonjour à chacune et chacun. Bonjour de ton côté Stéphane. Bonjour Joan.

Une sabbatique qui n’est pas un temps de repos

Si je ne me trompe pas, c’est le dernier épisode de notre deuxième saison, c’est ça ? Exactement. Alors du coup, je me suis dit sur un dernier épisode, j’ai envie qu’on aborde un sujet qui m’agace un petit peu. En plus, on est aux portes de l’été, que ce soit en Amérique du Nord ou en Europe francophone.

Voilà, on est aux portes de l’été. C’est qu’il y avait un article dans le journal français protestant qui s’appelle Réforme. Il y avait un article qui expliquait un petit peu le nouveau congé sabbatique de l’Église protestante Unie de France, donc une église dont je me sens proche, qui est une église avec laquelle j’ai souvent collaboré.

Et voilà, figure-toi Stéphane, que les Européens découvrent le congé sabbatique. Et du coup, l’Église protestante unie de France a commencé, disons, timidement. Alors, semblerait-il que la première année, juste quelques pasteurs ont un peu osé, etc.

Et puis, certains ont fait remarquer qu’il fallait attendre 25 ans de ministère pour avoir droit à un congé sabbatique, étant donné qu’il y en a pas mal qui commencent maintenant à 40 ans, bon ben c’est fichu quoi. Donc ils ont abaissé le seuil à 15 ans. 15 ans de ministère et là tu as droit à 4 mois, ouh là, 4 mois de congé sabbatique.

Et là d’un seul coup, il y en a eu beaucoup plus qui étaient intéressés bien sûr, c’est cohérent et logique. Et l’article expliquait bien, tiens-toi bien Stéphane, du début à la fin, l’article nous a bien expliqué qu’il s’agit de tout sauf d’un temps de repos.

Tu as un projet, tu dois faire des choses, une marche, un truc, tu dois gravir des montagnes, tu dois t’en aller voir de la famille ou t’occuper de tes enfants ou écrire un livre. Enfin, tu dois avoir un projet. Tu ne dois absolument pas, pendant ces quatre mois, ne rien faire. Et ça m’a agacée.

Mais quel est le sens d’un congé sabbatique si justement on ne peut pas dire aux gens, non, moi je ne vais rien glander du tout, je vais être là peinardos, je vais me faire des petits mojitos sans alcool en lisant des petits bouquins et puis je regarderai des séries ou des vieux films ou je ne sais pas ce que je veux quoi. Pourquoi il faut absolument que j’aille faire du trekking et du rafting et du climbing ?

La sabbatique universitaire

Mon épouse est professeure d’université et c’est exactement ça, les sabbatiques pour les professeurs d’université, du moins en Amérique du Nord, dans son contexte. On rappelle aux gens, ce n’est surtout pas des vacances.

Il faut avoir un projet, il faut présenter un projet. Il y a un comité qui doit approuver. En théorie, ils peuvent rejeter parce que c’est pas assez. Sérieux à leurs yeux.

Et c’est ça que moi, quand tu m’as parlé de cette histoire-là, et quand j’ai regardé les politiques de sabbatique de l’Église unie du Canada, je me suis dit, oui, c’est la sabbatique universitaire.

C’est dans cette logique-là. Au lieu de dire, qu’est-ce qu’une sabbatique d’Église pourrait ressembler, on a regardé dans le monde corporatif, on a regardé dans le monde universitaire, on a appliqué le modèle. Mais le travail des livres, ce n’est pas comme un professeur d’université.

Je ne dis pas qu’un est meilleur que l’autre, mais ce n’est pas la même chose. Je le vois bien, à la maison avec mon épouse, ce n’est pas les mêmes demandes, ce n’est pas les mêmes types d’exigences.

Pourquoi copier un modèle puis l’appliquer à d’autres, au lieu d’avoir cette réflexion de dire : qu’est-ce qu’un pasteur? Qu’est-ce qu’une pasteure? Qu’est-ce que quelqu’un dans un poste de dirigeant d’église a besoin pour se ressourcer?

Jésus avait besoin de se reposer

Et du coup, quand on a préparé l’émission, là, vous savez, auditeurs, auditrices, nous, on a un tableau sur une Dropbox qu’on remplit. Je me suis souvenu d’une demande superbe qui m’avait été faite par une jeune maman qui s’appelle M et qui se reconnaîtra parce qu’elle nous écoute. Elle me fait des fois des petits textos, des petits WhatsApp pour me dire, ah, j’ai écouté l’épisode.

Lors de sa grossesse, M avait besoin de se reposer. Mais en même temps, quand on va avoir un enfant, en fait, on a plein, plein, plein de choses à préparer. C’est ça un petit peu le paradoxe, c’est que tu es crevé, mais en même temps, tu dois préparer plein de choses. Et puis souvent, tu dois boucler des trucs au boulot, puis il faut encore gagner un peu de sous. Enfin, c’est la course.

Et du coup, elle m’avait demandé de lui envoyer des versets bibliques dans lesquels Jésus se reposait et des commentaires aussi bibliques. Et à un moment donné, voilà, j’avais réussi à le faire. Et puis, je crois que c’était important pour elle. Mais finalement, c’était aussi hyper important pour moi.

Parce qu’en faisant ce genre de recherche, en se mettant soi-même devant la Bible et devant le comportement de Jésus, puisqu’à priori on essaie toujours un peu de ressembler au bonhomme-là.

On se rend compte qu’il y a tellement de fois où Jésus en avait marre, en avait marre des sollicitations, avait envie de se poser, avait envie de prier de son côté, renvoyer les gens en plus aussi et que Jésus était souvent en déficit chronique de sommeil avec toutes les sollicitations, et ça, les jeunes mères, elles connaissent bien, puis j’espère les jeunes pères aussi commencent à connaître un peu ça.

Laisser la terre se reposer

Voilà, donc je me dis que cette question de s’arrêter, de se reposer, de dormir aussi, c’est une question que l’humanité de Jésus a connue. Même lorsqu’on regarde tout ce qui tourne autour du jubilé en premier testament, cette idée qu’à chaque sept ans, on arrête. Même le sabbat, l’idée du sabbat, c’est le septième jour, on se repose.

Donc, moi je vois ça, mon père est agriculteur, de laisser la terre en jachère. Parce que, on le sait, si on pousse et l’échelle à pleine production, année après année après année, les champs ne produiront plus. On a besoin de laisser, d’une manière ou d’une autre, lorsqu’on fait une agriculture responsable, la terre se régénérer, régénérer les nutriments. Parfois, ils vont planter quelque chose qui ne rapportera pas beaucoup de sous, mais qui va régénérer la terre.

On trouve ce concept-là dans nos écrits bibliques, on trouve ça dans la nature. Et normalement, on se dit, bien, si on l’a dans la Bible, si on l’a dans la nature, ça doit être évident, là. Mais non, on dirait qu’il y a une résistance à ça.

On doit performer, performer, performer. Que vont dire les paroissiens, les paroissiennes, si le pasteur n’est pas là? Moi, je dis, ben écoute, on n’est pas si important que ça. Oui, on est important, mais la terre n’arrêtera pas de tourner si on disparaît quelques mois.

C’est sûr que le pasteur arrive, puis bon, la semaine prochaine, je disparais. Je ne suis pas malade, mais je disparais pour quatre mois. Non, si c’est bien fait, c’est bien préparé, si la paroisse a déjà investi dans du leadership chez les laïcs, ça va bien. Mais c’est cette idée-là que le pasteur doit tout mener et qu’il ou elle est essentiel, je pense que ça dit quelque chose sur une vision d’Église aussi.

Nous ne nous sommes pas si essentiels

Et puis en plus, c’est un petit peu comme si on prenait une place qu’on n’a pas dans la société en fait. Pour de vrai, quels sont les services essentiels ? Les services essentiels, c’est les services de santé. C’est vrai que si les services de santé fermaient le dimanche, pour la santé globale, ce serait bien compliqué.

Donc heureusement qu’on a les urgences, les hôpitaux et tout. Les services essentiels, c’est tout ce qui est finalement monitoring, c’est-à-dire qu’on a besoin de continuer à avoir de l’eau courante, de l’électricité. Et puis les services essentiels, c’est la sécurité.

Moi, je suis quelqu’un de très progressiste, mais je ne fais pas du tout partie des courants qui disent qu’il ne faut plus de police. Non, pas du tout, ce n’est pas vrai. Il faut bien qu’il y ait des surveillants de prison et ils ne peuvent pas dire le dimanche, on ne sera pas là. Voilà, les services sociaux, les services du care.

Toutes ces personnes-là, il faut qu’on les soutienne et qu’on les aide parce qu’effectivement, ce sont des services essentiels. Et j’en oublie d’autres parce que je ne suis pas une super bonne planificatrice, mais nous, en l’occurrence, on fait partie des services qui sont là pour soutenir les services essentiels. On ne va pas inverser la donne, en fait. Les choses doivent bien rester à leur place.

Arrêter de consommer un jour pas semaine

Et de même finalement, je trouve que pour ce qui est de la consommation, on devrait pouvoir arrêter un jour par semaine de consommer. Ce n’est pas essentiel d’aller s’acheter du gel douche le dimanche. En vérité, on trouvera bien un petit morceau de savon quelque part par là. Alors, on remercie aussi celles et ceux qui ont des commerces de proximité.

En France, pendant longtemps, on avait cette habitude de les appeler les épiceries arabes. Pourquoi ? Parce qu’elles étaient tenues par des personnes arabo-musulmanes ou arabo-descendantes. Mais en l’occurrence, les grands supermarchés, c’est ce que vous appelez vous les malls, tous ces trucs-là.

On devrait pouvoir arrêter ça le dimanche, ça relaxerait une partie de la société, ça permettrait de ne pas consommer tout ce qu’on consomme là-dedans, ne serait-ce qu’en électricité et tout, en énergie humaine.

Et puis, du coup, ça nous permettrait peut-être d’être un peu chez nous, de chiller. Et bien sûr, quelques petits commerces d’appoint, de proximité pour les personnes âgées, dépendantes et tout.

Voilà, il s’agit toujours d’être bienveillant. Alors nous, en Europe, surtout en France, l’histoire du dimanche, c’est une histoire qui est très, très idéologique. Moi, je la pense vraiment d’un point de vue tout à fait du shabbat, c’est ça, c’est-à-dire de la pause. Je ne la pense pas d’un point de vue idéologique, il faut respecter le dimanche parce que c’est chrétien et tout. Non, pas du tout.

Moi, je le pense en point de vue de la pause, de se dire, il y a des jours où on n’a pas besoin de consommer massivement. On peut avoir des petits commerces tenus par des personnes qui sont d’accord de le faire, mais pas de consommation massive.

C’est quand même hyper étrange d’attendre le dimanche pour aller s’acheter un grand nouvel écran plat. Il y a peut-être moyen de planifier ça un peu différemment. Ce n’est pas indispensable, je veux dire, voilà.

Le fantasme de ralentir

Un journal a fait, il y a quelques semaines, un grand dossier sur ralentir le mode de vie. Et on voyait que les gens avaient ce fantasme-là. Travailler moins, prendre plus de temps avec ses proches et tout ça. Mais en grattant un peu, personne ne le faisait. Il y a des gens qui n’ont pas le choix de travailler un nombre horrible d’heures parce qu’ils n’ont pas de sous, c’est des gagne-petit.

Mais il y a des gens qui font des bons boulots, qui pourraient travailler moins. Comme tu dis, prendre une journée où on fait des petits trucs, mais on ne se casse pas la nénette, non. Et je pense que ça en dit beaucoup sur ce que c’est l’Amérique du Nord, du moins, c’est une société de production.

La valeur d’une personne correspond à combien il ou elle produit, combien de choses que tu accomplis, combien d’heures tu travailles. Quelqu’un qui travaille 60 heures par semaine, oh wow, c’est beau. Il n’y a pas grand monde qui dit c’est un peu immoral, ça. Tu ne passes pas de temps avec ta famille. C’est ça.

Moi, je vois des pasteurs emboîter le pas là-dedans, embarqués dans ce modèle. « Je travaille 7 jours par semaine, ça fait 5 ans que je n’ai pas pris de journée de congé. » J’ai de la compassion pour ces gens-là. « Hé, ça fait 5 ans que tu n’as pas pris le temps de respirer. Wow. » Oh là là.

Comment tu peux être pertinent devant les gens qui t’écoutent si tu travailles constamment, tu es toujours dans les livres de théologie, c’est bien, mais si tu n’es pas conscient de c’est quoi la vie en dehors de ta petite paroisse, ton petit poste de pasteur, il y a de quoi un peu d’amour, mais on valorise ça.

C’est vraiment le curriculum vitae, c’est toujours tes accomplissements et il ne faut surtout pas que tu aies un trou d’un an dans tes emplois parce qu’ils vont dire « ah c’est louche là ». Au lieu de dire, ben écoute, j’ai pris un an, j’ai travaillé sur moi-même et je suis une meilleure personne maintenant. Non, non, on veut quantifier la performance.

Laisser la place aux autres expériences

C’est quelque chose qui m’a beaucoup plu dans ce processus d’embauche que je vis avec l’Église évangélique réformée du canton de Vaud. Si on fait une saison 3, peut-être que du coup, cette fois-ci, je parlerai davantage du canton de Vaud, Lausanne et tout le canton que de Zurich cette fois-ci.

C’est qu’on m’a demandé un petit peu mes expériences pour pouvoir évaluer mon salaire. Et dans mes expériences, tu vois, il y avait aussi expérience associative, expérience de leadership, expérience avec mes enfants, combien j’avais eu d’enfants, expérience comme proche aidante, puis je crois que j’en ai déjà parlé dans le podcast, j’ai essayé de m’occuper un peu de mon abuelita, ma grand-mère, ma grand-maman.

Donc ça j’ai pu le mettre, ça m’a fait du bien de pouvoir juste le mettre, et moi je n’ai pas été touchée par cette épreuve de vie, mais on pouvait aussi mettre les deuils, les deuils surtout avec les plus proches.

Alors moi je n’ai aucun très proche, et donc je trouve ça hyper touchant parce que du coup ça veut dire qu’il y a un choix un jour qui a été fait de valoriser l’expérience pastorale aussi les expériences de vie et je trouve que c’est magnifique parce que c’est sûrement des temps où on est obligé de s’arrêter un deuil massif on s’arrête et comme tu dis ça fait un trou dans le curriculum vitae. Et là ça ne fait pas un trou là c’est quelque chose qui est valorisé.

Choisir de se reposer pour prendre soin de soi

J’ai des amies. Plusieurs ont eu des enfants et ont fait le choix de rester à la maison pour débuter la vie de ses enfants. Et qu’est-ce qu’on dit devant un panel d’hommes, souvent? Je ne dis pas que tous les hommes ne comprennent pas, mais c’est toujours ça. C’est le trou, c’est le système de compensation aux retraites qui est calculé selon les années de travail.

Et si tu prends trois ans pour tes enfants, bien c’est trois ans de moins d’accumuler pour tes retraites. Je comprends comment le système fonctionne, mais on fait peu de place justement à ces autres choix et d’avoir un candidat, une candidate devant soi qui a dit « moi je me suis choisi pour un meilleur équilibre de vie ». Je ne sais pas, moi comme employeur, je serais sensible à ça.

Peut-être que sur le long terme, cette personne-là va demeurer avec nous parce qu’il ou elle, c’est le tour d’avoir un équilibre dans sa vie. Il ne va pas nous claquer un burn-out dans cinq ans ou une dépression majeure. Mais encore une fois, ce n’est pas ça qui est souvent valorisé. Ces questions-là viennent un peu comme un à côté. Qu’est-ce que tu fais pour relaxer?

Moi, on me le demande. Et bon, moi, je dis, je travaille intellectuellement. Plaster, on ne travaille pas tant que ça avec mes mains, pour moi en tout cas. Ce que je fais, j’écoute des vidéos stupides sur les médias sociaux. Et j’écoute des matchs de hockey, mais je ne suis pas un très grand fan partisan d’un club. C’est vraiment, je regarde pendant deux heures des gens bouger une rondelle, puis c’est ça.

C’est un peu comme l’image d’un électro. On débranche le cerveau et Et après, on se vide le cerveau, puis ensuite, encore une fois, l’âge est cher. Ça donne de la place pour de la nouvelle information. C’est ça.

Et quand je dis ça, les gens, ils sont déçus. Il faudrait que je dise, ah, pour relaxer, je lis tel auteur, tout ça. Non, non, ça, c’est du travail. C’est de la religion. Ce n’est pas relaxer. Ce n’est pas décrocher, là. Mais bon, c’est encore ça, là.

Faire la sieste

C’est vrai que je me rends compte, je suis assez accro aux notifications et je comprends pourquoi. C’est un processus un peu d’adduction cérébrale et tout. Mais d’un autre côté, il y a le « en même temps » un peu de Paul Ricœur là. Les notifications, des fois aussi, ça veut dire que j’ai des potes qui m’écrivent et ça me fait du bien en fait de penser que des gens pensent à moi, est relié à moi m’envoie des blagues, des memes, des petites photos.

Ça me fait du bien au moral en fait. Moi, je suis quelqu’un d’hyper sociable et j’aime bien la sociabilité de la vie. Il y a un autre truc que je trouve hyper important dans ma vie, c’est la sieste.

Moi, j’ai toujours vu mon père faire la sieste. Il est d’origine espagnole. Il a toujours vu son père faire la sieste, je pense, ou en tout cas des gens dans sa famille. Quand on faisait les vacances sur la Costa Brava en Espagne, à Castelldefels, j’ai toujours vu mon grand-père faire la sieste. Dans le coin, il y avait le courant d’air, et puis les pins dehors.

Souvent aussi, quand je fais ma sieste, j’enlève mes habits de la journée. Carrément, je m’autorise à être sans entrave, à ôter un pantalon, des chaussettes, à me sentir… Je me laisse aller aussi à ce niveau-là. Là, je suis en train de planifier un petit peu cette rentrée à Lausanne.

Et dans la planification, tu vois, je réfléchis même là où je serais, si je trouve une chambre, est-ce que je pourrais rentrer faire la sieste ? Et c’est hyper important parce que dans ma présence aux autres, dans mon attention aux autres, dans ce que je veux refléter du Christ dans ma vie, en fait, il y a cette notion d’être un peu reposée.

Et être reposée, c’est avoir pu décrocher, avoir laissé son corps aussi un petit peu se relaxer. Et depuis que j’ai cette discipline de la sieste, j’ai beaucoup moins mal au dos. Parce qu’on est une culture, on est une civilisation assise. Ce n’est pas très bon pour le dos d’être assise. Et voilà, c’est au moment où je relâche, mon dos aussi me fait du bien.

La peur de se reposer

Il y a une expression en Amérique du Nord, le FOMO. Je ne dirais pas que les jeunes utilisent ça parce que les jeunes, ils diraient « Ah, trop vieux! » C’est plus des… C’était pour les anciens jeunes qui sont maintenant plus âgés. C’est le « fear of missing out », FOMO.

La peur de manquer quelque chose. Et combien de fois j’ai vu ça dans l’Église ? Ah ben là, si je m’absente, d’un coup, que quelqu’un va faire ci, va faire ça. Le pire que j’ai entendu, bon, dans le temps des fêtes, qu’est-ce qu’on fait, après Noël, avant le jour de l’An, il ne se passe pas grand-chose chose en Amérique du Nord.

Fait qu’on dit, bon, on pourrait peut-être fermer, puis les gens apprécient le temps, puis passe-tu en famille. Là, il y a quelqu’un qui dit toujours, oui, mais d’un coup, quelqu’un nous appelle, puis il veut donner un chèque de 10 000 $ pendant ce temps-là. Oui, oui, mais ça arrive combien de fois, là, tu sais, c’est, à Derek Dacy, on n’en finit plus.

Mais ce sentiment-là de, si on se donne un peu de temps pour soi, c’est comme si on volait le temps des autres, ou voler le temps qu’on offre aux autres et cette idée, encore une fois, d’en faire plus, de performer et qu’on n’a pas le choix. Encore une fois, si je prends une journée de congé, la Terre va continuer à tourner, les choses vont fonctionner, les gens vont se rendre compte que ce n’est pas la panique, ce n’est pas la catastrophe. Ils et elles peuvent utiliser leur cerveau pour décider des choses. Ils n’ont pas besoin d’attendre le pasteur qui dit « ça, il faut faire ça comme ci, ça, il faut faire ça comme ça ».

Donc, c’est d’apprendre à lâcher prise et de ne pas Se prendre trop au sérieux, de ne pas se prendre au jeu de « je suis la personne la plus importante de ma communauté de foi », sinon c’est facile que ça nous monte à la tête. Et si on lâche prise et qu’on se rend compte qu’on est capable de se débrouiller, c’est une bonne chose.

Le yoga et autres activités saines

Et c’est pour ça que j’ai eu quand même du bonheur à faire pendant ces deux années mon yoga et mon qigong, enfin le yoga, un peu contrasté. Je n’ai toujours pas réussi à respirer par le front Stéphane. Je voulais te l’informer nos auditeuristes que je ne renouvellerai pas ce yoga religieux et pleinement incarné à la suite d’un gourou.

Mais le Qigong, j’en tire quand même beaucoup de bons souvenirs parce que c’est vraiment très très cool de s’autoriser à aller respirer très tranquillement dans une salle essentiellement remplie de personnes retraitées et âgées, en bougeant tout doucement mon corps le lundi matin pendant une heure et demie,

Je suis hyper contente de m’être autorisée à faire ça pendant deux ans et je crois que j’en avais vraiment besoin parce que j’étais constamment un peu la tête remplie de choses pour cette paroisse dans laquelle j’étais investie et je voulais que ça marche. Ça me permettait de faire descendre un petit peu la pression de la cocotte-minute. Et j’en tire un petit apprentissage maintenant.

Je vais essayer de le faire un peu plus régulièrement, mais pour moi-même, sans passer par des méthodes ancestrales asiatiques. Voilà.

Nos plans pour nous reposer cet été

Donc, cet été, pas de grand plan pour toi, tu n’iras pas marcher Camino ou des choses comme ça, parce que les vacances. Ouais, cet été je prends deux mois et sur ces deux mois avec mon époux, on va partir deux semaines vers l’Écosse pour faire une retraite spirituelle à Iona.

Mais on ne va pas le faire à pied ou quoi, on va prendre. Les trains, les bus, les ferries, on y va en mode tranquille, voilà. On ne prend pas d’avion cet été, on essaie d’être plus dans quelque chose de contemplatif dans notre voyage. Et puis ben c’est un peu les deux mois de break avant de commencer cette nouvelle vie vers Lausanne, donc on se dit que c’est pas mal, ça.

Peut-être le moment de prendre ces deux semaines-là. Du coup, je vous ferai une petite capsule depuis l’Écosse. Et toi, Stéphane, tu vas aller marcher avec seulement un pagne autour de la taille sur je ne sais quelle côte canadienne pour te prouver à toi-même que tu peux survivre ?

Pas du tout, pas du tout. Nos projets de vacances, c’est de visiter Toronto, qui est à cinq heures de route. Pendant quelques jours, tout simplement, les gens disent « Toronto, ce n’est pas excitant. » Il y a toujours des trucs excitants partout et on n’a pas besoin de faire 2000 kilomètres d’avion pour trouver des trucs excitants dans la vie.

Conclusion

Moi aussi, je vais essayer d’envoyer des petits coucous cet été, je ne sais pas encore combien, et on va continuer dans l’espoir de vous revenir pour une troisième saison. Et je tiens à vous remercier beaucoup pour votre fidélité. Juste pour vous donner, chères personnes à l’écoute.

On ne fait pas ça pour les chiffres, mais la quantité de téléchargements a vraiment augmenté au cours des derniers mois. Alors, merci aux nouvelles personnes qui nous écoutent, visiblement.

Merci aux personnes qui partagent ce projet, qui nous font connaître. Merci pour vos questions, vos suggestions. C’est très apprécié. Merci aussi à toi Stéphane, il faut aussi dire les choses comme elles sont. C’est Stéphane qui gère un peu toute l’infrastructure, qui me fait des rappels, qui ouvre les documents, qui monte les épisodes.

Moi, en gros, je mets mon casque et je me pointe, donc merci Stéphane de porter tout ça dans le cadre de ton ministère. C’est une belle collaboration et ce qui en fait la beauté, c’est aussi que vous nous écrivez, vous réagissez, vous nous faites des mails. Je crois qu’on crée une petite communauté comme ça, on s’est attachés les uns les uns aux autres.

Et si moi, avec mon emploi du temps de la rentrée, j’y arrive, on continuera. Et sur ce, on vous souhaite un super été, beaucoup de repos, beaucoup de bonheur. Décrocher, débrancher. Au revoir. Au revoir.

Une femme se repose en regardant un coucher de soleil.
* Photo de Lili Kovac, unsplash.com. Utilisée avec permission.

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