Peut-on perdre son salut en changeant d’Église
Stéphane Godbout
- blogue
- Dieu
- église
- Église Unie
- foi
- religion
- Salut
- Spiritualité
« Vais-je perdre mon salut en rejoignant l’Église Unie? » – Une question, une espérance.
Table des matières
Il arrive parfois qu’une personne, en cheminement spirituel sincère, se sente attirée par l’Église Unie du Canada, tout en portant une inquiétude profonde:
« Et si, en changeant d’Église, je perdais mon salut? »
Cette question n’est pas banale. Elle vient souvent d’un cœur animé d’une foi authentique, façonnée par des années d’enseignement, de prière et d’engagement dans une Église catholique ou évangélique. Une foi nourrie de convictions fortes, où le salut est perçu comme le trésor le plus précieux. Dans ce contexte, envisager un changement d’appartenance d’Église peut susciter un sentiment de trahison ou de rupture.
Il est important de prendre cette crainte au sérieux. Elle révèle une volonté sincère de rester fidèle au Christ. Elle exprime aussi une soif de vérité et de paix intérieure. Cette réflexion s’adresse à toutes celles et ceux qui se trouvent à ce carrefour spirituel, et qui cherchent une réponse honnête, respectueuse de leur foi et de leur histoire.
Le salut : une relation, pas un certificat
Dans l’ensemble de la tradition chrétienne, le salut désigne la réconciliation entre Dieu et l’être humain. C’est un don de grâce, offert par amour, et reçu dans la foi. Il s’exprime de manière différente selon les confessions.
Dans l’Église catholique, le salut est surtout vu comme un chemin de sanctification, nourri par les sacrements, la communion ecclésiale et les œuvres inspirées par la charité.
Dans les Églises évangéliques, il est souvent lié à une conversion personnelle à Jésus-Christ, à l’acceptation explicite de son œuvre rédemptrice, et à une fidélité vécue dans la lecture biblique (souvent littérale), la prière et l’évangélisation.
Mais dans les deux cas, le salut est vécu comme relation vivante avec Dieu — une alliance qui engage, qui transforme, et qui fait naître l’espérance.
Dieu ne réside pas dans une seule Église
Changer de communauté chrétienne n’est pas trahir Dieu. Le Christ ne s’identifie pas à une dénomination. Il est plus grand que nos frontières ecclésiales. Il précède nos pas, accompagne nos doutes, et attend au bout de chacun de nos chemins sincères.
Lorsque l’on discerne un appel à rejoindre l’Église Unie, ce n’est pas en rupture avec Dieu, mais souvent à cause de Dieu — parce qu’on entend sa voix dans une nouvelle tonalité, parce qu’on découvre un espace de foi plus ouvert, plus libre, plus accueillant. Ce déplacement spirituel peut être l’œuvre même de l’Esprit-Saint.
L’Église Unie ne demande pas de renier sa foi passée. Elle l’honore. Elle accueille chaque personne dans la richesse de son expérience spirituelle. Elle reconnaît le baptême célébré dans d’autres Églises. Elle n’efface rien : elle reçoit, elle écoute, elle marche avec.
L’Église Unie et le salut : un regard inclusif et profond
Qu’enseigne l’Église Unie du Canada sur le salut ? D’abord, qu’il est un don gratuit de Dieu, offert à toutes et à tous, révélé en Jésus-Christ. Ce salut ne dépend pas d’une affiliation religieuse précise, ni d’une conformité à un credo unique. Il ne repose pas sur la perfection morale ou doctrinale, mais sur la grâce seule, et sur l’amour inconditionnel de Dieu.
Dans sa déclaration de foi Notre foi chante, l’Église proclame avec espérance :
« Nous mettons notre espérance en Dieu.
Aussi chantons-nous la vie au-delà de la vie,
un avenir au-delà de nos rêves,
un nouveau ciel et une nouvelle terre,
la fin de la tristesse, de la peine et des larmes,
le retour du Christ et la vie avec Dieu,
le renouvellement de toutes choses. »
Cette vision du salut n’est pas statique ni exclusive. Elle est dynamique, ouverte, portée par la confiance en un Dieu qui agit pour la vie, pour la paix, pour la réconciliation. Elle nous invite à vivre cette espérance non seulement dans l’au-delà, mais dès maintenant, dans une relation vivante avec le Christ, dans la solidarité avec les autres, et dans l’engagement pour la justice et la compassion.
Ainsi, rejoindre l’Église Unie, ce n’est pas abandonner une foi. C’est entrer dans une communauté qui chante l’espérance, goûte dès maintenant à la vie éternelle, et marche humblement vers l’accomplissement promis par Dieu. C’est choisir de vivre ce salut comme une relation vivante, nourrie par la grâce, le dialogue, la liberté de conscience et l’amour du prochain. C’est faire confiance à ce Dieu qui, dans son étreinte créatrice, renouvelle toutes choses — y compris notre propre chemin de foi.
Rassurer sans minimiser
Il est normal que le doute surgisse : « Et si je m’égare ? Et si je me trompe? Et si Dieu ne m’attend pas là? »
Mais cette peur peut être apaisée. Car Dieu ne punit pas la sincérité. Il accueille les cœurs en recherche. Il se laisse rencontrer dans la diversité de ses Églises, dans la richesse de leurs langages, dans la profondeur de leur espérance commune.
Cette conviction est profondément enracinée dans les Écritures. Le prophète Jérémie rapporte cette promesse divine : « Vous me chercherez, et vous me trouverez, car vous me rechercherez de tout votre cœur. » (Jérémie 29.13, NBS)
Dieu ne se cache pas à ceux qui le cherchent avec authenticité. Il ne fixe pas des conditions impossibles. Il se laisse approcher là où la foi s’exprime avec intégrité, même dans l’incertitude ou la transition.
C’est aussi ce que découvre l’apôtre Pierre lorsqu’il rencontre le centurion Corneille, un homme pieux en dehors du peuple d’Israël. En voyant la foi sincère de ce non-juif, il proclame : « En vérité, je le comprends, Dieu est impartial : en toute nation, celui qui le craint et pratique la justice lui est agréable. » (Actes 10.34–35, TOB)
Ce témoignage confirme que Dieu regarde au cœur, non à l’étiquette religieuse. Ce qui plaît à Dieu, c’est la foi vivante, la justice pratiquée, la sincérité du chemin — et non l’alignement parfait sur une Église spécifique et exclusive. L’Église Unie ne propose pas une vérité unique, mais un espace pour chercher ensemble, avec humilité, à vivre selon l’Évangile. Elle ne prétend pas détenir Dieu, mais marcher avec lui. Elle offre un cadre où l’on peut approfondir sa foi sans crainte d’être rejeté pour ses questions, ses blessures, son passé ou ses aspirations profondes.
Une invitation à la confiance
À celles et ceux qui se demandent s’ils perdront leur salut en rejoignant l’Église Unie, il est possible de répondre avec calme et assurance :
Non, vous ne perdez pas votre salut. Vous continuez à le vivre, autrement.
Car le salut n’est pas enfermé dans une seule forme. Il est un mystère de grâce. Il est Christ vivant. Il est cette main tendue de Dieu qui accompagne chaque pas de bonne foi. Celui qui cherche Dieu avec amour et vérité ne s’éloigne pas de Lui. Il s’en approche.
