L’instrumentalisation de la religion pour la politique
Martine Lacroix
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Nous vivons dans un monde où les grandes religions du monde sont objet d’instrumentalisation par des personnes puissantes pour promouvoir leurs agendas politiques.
Table des matières
God et Donald
Depuis le 20 janvier, l’univers est sans dessus dessous. Jour et nuit, notre voisin du Sud au teint orangé hante nos esprits. Si extraterrestres il y a, nul doute que les soucoupes volantes vont s’abstenir de nous rendre visite au cours des prochains mois en raison du chaos régnant.
L’instrumentalisation du christianisme aux États-Unis
Dieu.e, dis-moi, as-tu aussi suggéré au président étatsunien de persécuter tous ces gens en exil qui voient en la bannière étoilée un eldorado? De réduire dramatiquement les chances des femmes de disposer de leur corps en toute liberté? Et de mettre en lambeaux le drapeau rose, bleu et blanc auquel s’identifie la communauté transgenre?
Les propos de Donald Trump quant aux tentatives d’assassinat perpétrées à son endroit ne sont-ils point des exemples flagrants d’instrumentalisation de la religion à des fins politiques?
Est-ce que le christianisme constitue l’unique religion monothéiste à être actuellement détournée de son rôle principal? Malheureusement non.
La religion utilisée contre les femmes
Le 9 mars, lendemain de la Journée internationale des droits des femmes, j’ai lu un texte que j’avais composé lors d’un culte célébré à l’Église unie Saint-Jean à Montréal.
En voici un extrait :
« Privées de sortir!
Privées de s’instruire!
Privées de parler!
Privées de vivre!
Suis-je la seule ici à avoir honte de l’indifférence de l’Occident quant au calvaire qu’endurent nos sœurs afghanes?
Dans combien de pays les femmes font-elles figure de martyres en raison de principes religieux de pacotille? »
Une instrumentalisation de la religion aux retombées négatives
Force est d’admettre que l’instrumentalisation d’une puissance divine se fait avant tout à des fins négatives plutôt que positives. Nous le rappelle d’ailleurs la Journée internationale de commémoration des personnes victimes des violences en raison de leur religion ou de leurs convictions, événement institué en 2019 par l’ONU.
Le 22 août prochain, va-t-on s’en souvenir?
Une instrumentalisation par la politique qui ne date pas d’hier
L’alliage religion-politique, une nouvelle tendance mode telle la casquette MAGA de Donald Trump ou encore la tenue militaire de Volodymyr Zelensky? Non!
Depuis des lunes, défilent sur les podiums politiques de tous les continents des personnes démocratiquement élues ou non qui se drapent dans la griffe de Dieu.e, de Mahomet ou encore celle de Yahvé.
Leurs plans afin de parvenir à leurs fins s’avèrent parfois aussi créatifs que ceux des cerveaux à l’origine de ces collections qui font saliver les fashionistas.
Bien avant l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, dans ce pays où la personne qui assume la présidence doit demander à Dieu.e de lui venir en aide, les États-Unis ont connu d’autres amalgames de ce genre. Songeons entre autres à la Peur rouge répandue par le sénateur McCarthy dans les années 50. Son obsession? Les communistes!
Bien sûr, on se doit de tenir compte du contexte établi par la guerre froide. Est-il cependant permis d’avancer un autre motif qui justifiait la rogne de la classe politique de Washington à l’égard des disciples de Karl Marx?
C’est que, selon le révolutionnaire allemand, « la religion est l’opium du peuple. » Ouf! Peu importe ce qu’on pense des déclarations irreligieuses, n’oublions pas que la liberté d’expression est vitale en démocratie.
On ne se surprendra pas du fait que les rouges n’étaient pas non plus en odeur de sainteté, oups, auprès de Jean-Paul II qui a dirigé le plus petit État du monde de 1978 à 2005. N’aurait-il pas contribué à bouter les communistes hors de sa Pologne natale ?
Notons toutefois qu’a existé le communisme chrétien. Peut-on qualifier ce phénomène de marginal?
Guerres de religion, chasses aux sorcières, pogroms et tutti quanti ont causé des lésions permanentes à l’humanité. A-t-on appris de nos erreurs?
Une instrumentalisation qui dérange les personnes religieuses ou non
« Si quelqu’un s’oppose à cette union qu’il parle maintenant ou se taise à jamais », vous avez certainement entendu cette phrase quelque part. En ce qui a trait au mariage religion-politique, plusieurs s’indignent en qualifiant cet hyménée de contre nature. Et ces voix ne fusent pas toutes du camp des impies comme l’on serait porté à le croire.
Croyante et pratiquante, j’ai poussé des hourras lorsque le crucifix s’est vu expulsé du Salon bleu de l’Assemblée nationale dE Québec et relocalisé ailleurs dans l’édifice.
Dieu.e, icône de sagesse, comprend de toute évidence que si intéressant soit son profil sur les sites de rencontres, il ne peut séduire tout le monde.
Quant aux prières prononcées oralement lors de certaines assemblées municipales, les cris de protestation afin de les abolir m’ont toujours paru tout à fait appropriés. Si on répond « oui je le veux » à la laïcité d’un État, n’est-il pas logique de rejeter même un simple flirt entre la spiritualité et la politique?
Se servir de la religion pour promouvoir des projets politiques qui n’ont souvent rien d’angélique, cela ne se résume-t-il point à traiter Dieu.e comme une banale marionnette de ventriloque?
