Les parts d’ombre de notre monde
Stéphane Vermette
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L’affaire Mazan a traumatisé le monde en révélant des parts d’ombre de notre humanité. Malheureusement, nous trouvons des histoires d’agressions un peu partout, même dans la Bible. Qu’est-ce que cela dit de la nature humaine?
* Musique de Lesfm, pixabay.com. Utilisée avec permission.
* Photo de Jaqueline Day, unsplash.com. Utilisée avec permission.
Table des matières
Bonjour, bienvenue à Question de croire, un podcast qui aborde la foi et la spiritualité une question à la fois. Cette semaine, que faire devant les parts d ‘ombre de notre monde?
Bonjour Stéphane. Bonjour Joan. Bonjour à chacune et chacun qui nous écoute.
Cette petite part de nous qui nous suit un peu comme une ombre
Alors Stéphane, moi j ‘aime beaucoup ce thème. C’est un thème que je porte depuis pas mal d’années, avec lequel je chemine. Au sujet duquel j’ai vraiment toujours aucune certitude.
Mais j’aimerais commencer par une anecdote pas toute facile. Donc je préfère mettre là un traumavertissement. Ça nous vient du québécois je crois. Un traumavertissement pour changer du trigger warning.
Une fois, à l’antenne inclusive de Saint-Guillaume, on avait décidé de faire une après-midi un peu consacrée à la libération de la parole des victimes par rapport aux agressions et aux abus dans les Églises. Et on a eu un temps de groupe de paroles.
Alors moi, j’ai en rêvé depuis longtemps, j’ai invité des personnes, je crois qu’il s ‘est passé des très jolies choses. La parole elle a circulé de façon très honnête, très authentique avec des témoignages qu’on avait évidemment un peu prévu à l ‘avance.
Et à un moment donné une des personnes présentes a fait un vrai blocage. On sentait que c’était un peu trop et surtout même si elle était corganisatrice cette personne de l ‘événement. Ça lui demandait un peu trop intérieurement.
Il y a eu des mots un peu blocages, un peu du style, oh n’exagérons pas ou bien tout n ‘est pas si sombre ou bien il y a aussi des gens bien dans l’Église.
Et puis après je l ‘ai un peu pris à part et je l ‘ai un peu interrogé sur son ressenti, comment elle allait. Et elle m ‘a tout de suite recadré, elle m’a dit écoute je trouve que ça va trop loin, il faut pas dramatiser.
Je dis à ce que tu veux m ‘en dire un peu plus, et puis c ‘est là qu’elle me glisse avec une toute autre voix tu vois, un peu à demi-mots et un peu avec beaucoup d ‘émotion. Mes cousines et moi nous savons ce que nous faisais mon grand-père, personne n’en est mort.
Et dans ces moments-là je me dis bon ben est-ce que c’est ça un petit peu cette part d’ombre qui n’est pas toujours une part de nous qui est coupable ou bien qui a fait du mal mais une part de nous qui nous suit un peu comme une ombre.
Et cette part d ‘ombre eh ben on la retrouve à tous les niveaux dans la société, dans le sport, en politique, en Église. Et moi tant que chrétienne bah que faire? Que faire devant ma propre part d’ombre et la part d’ombre des autres?
Cacher les secret de famille dans l’ombre
Je trouve que c ‘est une très belle façon de mettre la table pour un sujet vraiment délicat. Je crois que on a de la difficulté à accepter cette part d’ombre dans notre société, dans nos familles à l’intérieur de nous-mêmes. Combien de fois moi j ‘ai entendu parler de l ‘expression «un secret de famille»?
Et généralement un secret de famille c’est pas grand-papa à gagner la loto et il est devenu riche, il a caché l ‘argent. C’est des choses sombres, c’est des choses difficiles.
Je comprends qu’on est peut-être pas le goût d ‘étaler ça sur la place publique, mais en même temps refuser d ‘en parler ou en parler à demi-mots, créer des tabous, créer de l’incompréhension, parfois perpétuer un système.
Ça me fait penser quand je parle de secret de famille à une tante de mon père (là on remonte à une certaine époque), qui avait eu le malheur d’avoir une relation sexuelle avant le mariage dans le milieu rural du Québec et elle est devenu enceinte.
Ce qu’on a fait, c’est qu’on l’a envoyé dans un ordre religieux. L’enfant était donné en adoption et il est demeuré dans cet ordre religieux pour le reste de ses jours. Et j’ai à peine entendu parler de cette tante.
Mon père en parlait à peine, mes oncles et mes tantes parlaient à peine d’elle, même au point où pendant mes études, j’habitais dans la même ville du couvent de cette tante et je ne le savais même pas. Mais c’est un secret de famille, on n’en parle pas.
Et combien de familles, combien d’organisations ont l’équivalent de cette espèce de secret qu’on essaie de taire, quelque chose un peu plus sombre, qu’on veut pas regarder et qu’on laisse dans l’ombre.
Doit-on déballer nos parts d’ombre?
Le sujet d’aujourd’hui m ‘a été un peu glissé par une collègue, Eloise Deuker, qui je fais un petit peu sa pub et aussi sur Instagram, comme Pasteur Eloise. Elle fait des super publications de vulgarisation un petit peu de la foi et on a des échanges très, très féconds, elle et moi, sur finalement comment témoigner à quel endroit qu’elle est notre posture.
Et cette notion de part d’ombre reste un peu elle qui me l’a glissée suite à nos échanges justement sur la situation difficile, actuelle, entre beaucoup déballés, ce qui est nécessaire, mis tout et puis tous les autres mouvements et tous les lieux où en fait la parole est tout fait.
C’est un mouvement pendulaire incroyable et nous en tant que ministre dans les fonctions dans lesquelles on est, c’est vrai qu’on se trouve parfois entre les deux, entre le monde qui nous crie mais enfin écoutez nous et nous qui sommes là en disant on vous entend mais on est dans des endroits
On vit un petit peu en vase clos ou en fait on n’arrête pas d’essayer de trouver des moyens de vivre ensemble et donc tout ce qui est un peu de l’ordre du scandale a du mal à avoir une juste place.
Et pourtant Jésus était très scandaleux finalement et c’est Louise qui m’a parlé de cette notion un peu de Carl Gustav Jung qui est un psychiatre suisse et qui définit l’ombre de la manière suivante :
Alors c’est du langage assez ancien et puis je ne suis pas du tout poursuivre tous les courants de la psychanalyse, de la thérapie ou de la psychiatrie. Je pense qu’il faut trier, mais voilà ce qu’il nous dit :
Qu’est-ce que ça t ‘inspire Stéphane?
La complexité des personnes
On m’a déjà expliqué qu’une émotion n ‘est pas nécessairement bonne ou mauvaise en soi. Cette idée que l’ombre et le primitif n’est pas évolué qu’une personne évoluée devrait chasser ça un cerveau bien développé ne sombre pas dans l’ombre.
Je crois que c’est un peu réducteur l’un va avec l’autre. C’est savoir jusqu’où qu’on va. Comment on utilise l’émotion? Comment on utilise tout ça? Je crois que quelque chose là-dedans; qu’on oublie.
Ce que je comprends un petit peu de tout ça c’est que cette ombre cette part d’ombre est constituée de tout ce qu’on croit ennemi en nous, un petit peu comme les gens disent.
Ne pas se dédouaner ses ses zones d’ombre
Les défauts et les culpabilités, ça me fait toujours assez étrange quand quelqu’un, surtout quand c’est quelqu’un d’assez adulte s’excuse d ‘être qui il où elle est.
Puis elle va dire moi je vous préviens tout de suite moi je m’énerve à tout. Bien alors c’est bien je trouve de prévenir les autres mais il y a s’excuser il y a prévenir voilà ça finalement c ‘est prévenir c’est chouette, s’excuser d’avance moi je m’excuse d ‘avance mais c’est presque un peu dommage parce que bon ben voilà on est qui on est hein.
C’est vrai mais c’est beau hein ce de cette méta-analyse et finalement donc on a pas mal d’éléments qu’on croit et ennemi en nous en plus la société nous explique il faut être jeune mince intelligent gagner beaucoup d ‘argent voyager énormément on peut vite avoir l’impression pas la bonne personne et pas le pas au bon endroit.
Puis c’est vrai que normalement des fois il y a des réalités dans tout ça c’est vrai que des fois on interrompt les autres et on devrait pas ouais des fois on fait mauvais usage de notre argent et on en est parfaitement conscient parce que ben après on met les autres dans la mouise.
Enfin c’est vrai qu’on peut avoir des comportements qui sont problématiques parce qu’ils ont en fait des conséquences dans la vie des autres.
Le clivage qui conduit à l’ombre
Mais c’est pas de cette question-là la part d’ombre. C’est plutôt le fait de vivre clivé ou dans le déni. C’est à dire de dire d’un côté, je suis quelqu’un d’incroyablement généreux alors qu’en fait on est très dispendieuse par exemple.
Voilà, c’est plutôt ça en fait vivre clivé et bien sûr ça me renvoie à moi-même.
D’abord en fait cette part d’ombre elle est là; elle est en moi. Je vis clivé qui n’irait pas autant que les autres mais avec souvent autant de difficultés à m’en sortir quoi en quelque sorte.
Sous-estimer la part d’ombre en nous
Je crois qu’on sous-estime la complexité de l ‘être humain. On a tendance à classer rapidement dans une zone ou une autre. Ça me fait penser durant mes études en théologie, j’ai passé quelques mois en prison… comme aumônier, aumônier en formation. Ne partez pas de rumeur là. Je n’ai pas été prisonnier. J’étais aumônier en formation. Que ta vie est ennuyeuse!
J ‘arrivais là plein d ‘idéaux et j’allais sur une base régulière offrir des services spirituels dans l’aile des meurtriers des prédateurs sexuels.
C’est sûr que ça m ‘a confronté parce que moi j ‘arrivais là : nous sommes tous créés à l’image de Dieu; l’amour de Dieu est infini bla bla bla.
Là j’avais des gens qui avaient commis des choses vraiment horribles.
Heureusement j’avais un bon superviseur qui était aumônier de carrière en prison qui m ‘a souvent aidé à réfléchir sur la différence entre l ‘acte et la personne, comment une personne est complexe, comment une série de mauvaises décisions et de mauvais contextes peut créer un amalgame qui emmène à des mauvais choix à des mauvaises actions.
Le procès Mazan et Gisèle Pelicot
Ça me fait beaucoup réfléchir toutes ces choses-là parce qu’on a tendance justement à catégorie qui est gentil qui est mauvais et une fois qu’on est mauvais, on est mauvais pour toujours et comment ces choses-là peuvent fluctuer au cours d ‘une vie et comment on ne peut jamais dire hors de tout d ‘autre moi les zones d’ombre, je contrôle tout ça.
Je sais gérer dans ces choses-là. Je dis pas qu’on est un prédateur sexuel à l’intérieur de nous mais c’est complexe ces choses-là.
C’est complexe que je trouve que ce procès Mazan, ce procès pour la justice restaurative pour Gisèle Pelicot, parce que vraiment c’est dans cet optique-là que madame Pelicot oriente les choses.
Bien ce procès je trouve devrait nous donner enfin un exemple marque en frappant et clair de ces zones d’ombre de ce clivage parce que les psychologues, alors une fois de plus restons prudents et prudentes sur toutes ces catégories sont, mais les psychologues décrivent donc ce violeur, son mari, comme profondément clivée.
Ce qui nous montre bien que finalement d’une part on ne connaît jamais complètement les gens alors ça c’est c ‘est désespérant d’un côté, mais je crois que si on l’accepte aussi on sera moins désespéré lorsqu’on découvrira les part d‘ombres des autres et puis les nôtres aussi.
Puis d’autre part ça nous montre bien que tout un chacun il n’y a pas de monsieur et madame tout le monde, tout comme il n’y a pas de monsieur et madame monstre.
Alors il y a quelques personnes qui ont des profils sociopathes, psychopathes très particuliers qui eux sont tout à fait insensible à la douleur d’autrui et elles et eux bon ben pour des raisons qu’elles soient disons constitutifs de leur personnalité de leur histoire de leur psyché font que ben elles peuvent infliger des douleurs à trois ça autrui.
Mais ça vraiment c ‘est une infime partie de la population la plupart de l’humanité en fait ce sont des gens qui qui traversent leur vie avec plus ou moins de réussite plus ou moins d ‘échecs et puis parfois aussi des parts d’ombres qui prennent énormément de place.
J’ai écouté un podcast tu vois. C’est une femme que j’ai trouvé hyper intéressant et je l’ai un peu relié au scandale dans les Églises ces dernières années. Je dis bien les Églises, pas que l’Église catholique romaine, qui disait il faut arrêter de dire c’était un bon mari malgré tout.
En fait, il faisait tout pour faire croire qu’il était un bon mari en fait. Son travail était continu de masquer cette partie d’ombres de sa personnalité qui en fait a pris tellement de place.
Et ben, il a commis de plus en plus de crimes de choses atroces cette ex-mari de Gisèle Pelicot et donc il faut renverser aussi notre candeur sur le monde le regard qu’on a sur le monde de dire certains et certaines d’entre nous, à force de laisser cette part d’ombres grandir en eux, en fait on très peu de lumière en eux.
Donc, c’est pas de cette lumière qu’il faut mettre en avant à ce moment-là mais plutôt tout ce qu’ils ont essayé de masquer. Et c’est aussi pour leur rétablissement. C’est aussi leur rendre service que de leur dire vous avez laissé toute sa part d’ombres grandir en vous.
Vous êtes de plus en plus clivé. Il n ‘y a plus grand chose de bon dans votre personne et dans votre comportement. Maintenant ensemble si vous le voulez, si vous voulez avancer spirituellement dans une thérapie, nous on veut le rétablissement, le relèvement de l’humanité notamment parce que comme ça ces personnes arrêtent de faire des crimes et ce qui est comme l’objectif premier je crois de toutes nos démarches.
Et donc j’ai pensé à l’Église. Je me suis dit à certains moments dans l’Église on a tellement la possibilité de masquer plein de choses. On fait de belles cérémonies. On organise des grands événements. On lance des campagnes avec des titres qui sont très généreux qui sont plein d’ouverture.
Et pourtant, on a séparé l’ombre dans nos Églises parce que les Églises sont constituées par des humains et des humaines et donc c’est toujours un peu délicat de se mettre devant soi-même et de dire au monde en fait on est vraiment comme on est, c’est à dire pour l’instant, on a pas mal de problèmes à régler. C’est pas vendeur aussi il faut dire.
Lorsque que l’argent est utilisé pour compenser les parts d’ombres
Lorsqu’on regarde toutes ces histoires vraiment terrifiantes et douloureuses comme l ‘affaire Pélicot, en France, il y a la question de nous. Comment on réagit par rapport à ça.
Je vais te donner un exemple que sûrement vous connaissez pas de votre côté de l ‘Atlantique.
C’est le cas de Deshaun Watson, un joueur de football américain professionnel, très bon joueur, un quart-arrière et ce qui a sorti c’est que il y a quelques années une personne est allée dans les médias pour contact sexuel non consentant. On a fouillé un peu et on en a plus de 22 cas maintenant.
Il y a eu des cas portés en courts et tout a été arrangé hors courts. Donc, pour expliquer pour les français, hors-courts ça veut dire hors procès, pas de procès pas de procès. Voilà! Une entente à l ‘amiable.
Donc, cette personne-là n ‘a pas fait une seconde de prison et après cette histoire-là, ce joueur a signé un contrat avec une nouvelle équipe de 5 ans pour 230 millions de dollars US et continue à être une grande vedette.
Qu’est ce que ça dit sur nous, spectateurs. On regarde ça. Qn sait que cette personne est un prédateur sexuel. Il a réussi parce qu’il a beaucoup de frics à s’en sortir et les gens vont le voir et l’acclame.
Ça me fait penser à la morale des animaux malade la peste :
Selon que vous serez puissants ou misérable, les jugements de cours vous rendront blanc ou noir.
Si on est puissant et de l ‘argent, on peut s’en sortir et nous on est conscient de ça. Qu’est-ce que ça dit sur notre part d’ombre en nous?
Lors les parts d’ombres sont dévoilées
Et moi, il y a du coup il y a un truc qui m’agace régulièrement, c’est de me dire que personne n’a pu filmer la scène de David et Bethsabée.
Alors, celles et ceux qui me suivent comme théologienne depuis quelques années, et je sais qu’on en a dans nos auditoires et je les remercie de leur soutien et de leur présence, sauf que c’est un passage dans la bible qui m’a déjà ôté le sommeil.
Parce que bien sûr c’est un passage écrit en hébreu. Bien sûr, il y a plein de façons d ‘interpréter les verbes hébreux. Puis on n’y était pas quoi.
Mais moi, il me semble comme ça en tant que femme que si alors que mon mari est loin et que je suis seul, des soldats viennent me chercher pour retrouver un homme puissant alors qu’il m’a vu nu dans mon bain, je sais en fait que la messe est dite.
Alors que pour d’autres lecteurs notamment des hommes et notamment des hommes qui ont jamais été inquiétés par des situations où ils se sont sentis en vulnérabilité sexuelle, ils disent maintenant écoute elle aurait pu refermer la porte, elle aurait pu juste faire une visite de courtoisie. Elle n ‘y était pas obligée etc.
Là je me dis mais tu vois s’il y avait des caméras ces temps-là et finalement ces caméras on les a maintenant on les a maintenant et on a presque trop d ‘images.
Mais c’est ce qui fait un peu la force de ce procès Mazan. C’est que la première victime, madame Pelicot elle se regarde elle-même et elle montre au monde combien si rapidement dans le monde dans lequel on est les femmes peuvent être traitées comme des objets.
Et aujourd’hui en plus, on est jour d’enregistrement c’est jeudi en noir.
J’aime le fait qu’elle dévoile et ce thème du dévoilement c’est un thème très biblique de dévoiler les choses, de les révéler.
C’est l ‘apocalypse ceci. Le voile du Temple qui se déchire lors de la mort de Jésus. Il y a une notion de dévoilement. Mais ce dévoilement, je trouve fait mal parce que finalement parfois c’est un peu confortable de vivre avec ses parts d’ombres sans qu’elle soit dévoilée systématiquement les unes après les autres, jour après jour.
Avec ta vedette là et ses gros sous avec ses systèmes de site internet abject qui continue à être hébergé de ci et de là et les gens les fréquentes des fois on aimerait se lever et puis se dire non.
Alors moi, j ‘ai envie d’œuvrer pour un monde qui soit juste et bon. J’ai pas envie de me dire que mes voisins de l’immeuble d ‘en face sont potentiellement des prédateurs ou des prédatrices quoi alors oui il y a un côté nécessaire et puis de l’autre il y a quelque chose aussi qui est tellement profondément injuste là-dedans et je sais même pas si en disant la bible on est toujours complètement apaisé.
La présence d’histoires et de récits d’ombre dans la Bible
C’est vrai que la bible souvent présentée comme la grande histoire du peuple de Dieu. Tout est merveilleux! Tout est beau et rempli d’histoire vraiment sombre.
David et Bethsabée. Je suis comme toi. Si le roi, l’homme le plus puissant du coin, qui a une armée, vient chercher une femme, c’est pas pour jouer au bridge.
Mais il y a plein d ‘autres histoires. Lot qui couche avec ses deux filles et ses deux filles deviennent enceintes. Abraham qui veut sacrifier son fils pensant plaire à Dieu.
Il y a plein d’histoires qui sont sombres et parfois on peut se demander mais pourquoi ces histoires sont là.
Peut-être, parce que c’est justement le reflet d ‘une part de la réalité du peuple de Dieu. Être croyants, être chrétiens, appartenir au peuple de Dieu, peu importe comment on veut le nommer, signifie également d ‘avoir ces zones d ‘ombres.
C’est pas parce qu’on est croyants que tout est beau, tout est bien. Donc, retourner à la bible sert aussi, à mon point de vue, à nous confronter et ne pas éliminer ces passages qui sont dérangeant peut nous servir à nous ouvrir les yeux.
Oui, ça peut créer des traumas, surtout pour les personnes qui ont vécu des traumatismes. Mais pour les personnes qui voient la vie en rose, qui ne croient pas à ces choses-là, tout est beau tout est merveilleux, de pouvoir dire regardez là. C’est ça aussi notre vie c’est ça aussi l’humanité.
La justice pour contrer l’ombre
Et c’est vrai que dans la bible il y a aussi des récits des histoires de justice alors c’est une justice qui appartient à son époque. C’est une justice qui peut un peu nous surprendre.
Jésus lui-même parfois à des façons toute personnelles de faire une place à quelqu’un de lui faire sa juste place, comme la femme qui saignait abondamment et qui lui touche le manteau. Ça commence par l’agacer et puis ensuite il lui fait une place toute particulière et il la reconnaît En fait, il la nomme et c’est ça aussi cette notion de justice
Et j ‘y reviens dans cette affaire Pelicot. Moi je comprends en tant que femme féministe très sensible à l’égalité femme homme à l’équité dans le monde qu’on arrive à un tournant aussi de la justice où il aura fallu beaucoup dévoiler, beaucoup montrer et peut-être que se faisant et bien les mentalités aussi changeront. On croira un peu plus les femmes ou les victimes.
Et c’est un peu pareil avec la Bible finalement plus on la lit plus on interprète plus on partage, plus on en découvre aussi des aspects méconnus et des mécaniques intérieures qui compensent globalement quand même quelque chose de fondamentalement patriarcal dans la Bible.
Mais il y a des dynamiques internes des contre-dynamiques permettent de rééquilibrer à des espaces un peu surprenant ce que les féministes appellent finalement lire entre les lignes ou la théologie de la suspicion du doute, de dire mais il y a des femmes.
On les lit pas. On les entend pas. Mais elles sont là. Trouvons les dans le texte et trouvons aussi la justice dans le texte dans nos vies. Et pour moi plus il y aura de justice bien sûr la justice elle aussi fait par les humaines et les humains donc elle est l’imparfait aussi mais plus on pourra aussi se réconcilier avec nos zones d’ombres en tout cas.
Conclusion
Moi c’est ce que je me souhaite et c’est ce que je souhaite à tout le monde. Alors, j’espère que cet épisode n’était pas trop lourd ni traumatique pour les personnes qui l’ont entendu. Mais je crois aussi qu’avec Stéphane on avait à cœur à notre façon à notre niveau de rendre un hommage aux personnes qui luttent et qui essaient d ‘obtenir plus de justice pour les uns les unes et les autres.
Et aussi surtout d ‘être en plein soutien et support émotionnel pour s’adresser pour qui c’est pas encore le moment mais que vous sachiez qu’il y a des ministres qui vous croient qui vous accompagnent qui sont là pour vous et que ce podcast est là pour toutes les personnes qui en ont besoin avec les zones d ‘ombre et tout le reste et les zones de lumière.
Merci Joan pour encore une fois cette conversation pas toujours facile mais nécessaire. On va terminer cet épisode en remerciant notre commanditaire l’Église Unie du Canada qui a une plateforme moncredo.org qui parle de sujets de foi de spiritualité, un peu comme nous et qui a nos épisodes aussi de podcasts entre autres.
Si vous avez des questions, gênez vous pas. Si vous avez des choses à dire gênez-vous pas questiondecroire@gmail.com Bonne semaine Joan. Bonne semaine à bientôt.