Les médias sociaux et l’Église
Stéphane Vermette
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Facebook, Instagram, Twitter, TikTok… Les Églises peuvent diffuser leurs messages sur plusieurs médias sociaux. Mais comment le faire d’une manière éthique? Peut-on dissocier une plateforme de ses propriétaires?
Dans cet épisode, Joan et Stéphane expliquent les défis des institutions d’Église à utiliser efficacement les médias sociaux, réfléchissent sur les difficultés et les possibilités de cet outil, et présentent les endroits où il et elles se trouvent.
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* Photo de Dole777, unsplash.com. Utilisée avec permission..
Table des matières
Bonjour, bienvenue à Question de croire, un podcast qui s’intéresse à la foi et la spiritualité, une question à la foi. Cette semaine, est-ce que les Églises peuvent demeurer sur les médias sociaux? Bonjour Stéphane! Bonjour Joan! Bonjour à toutes les personnes qui nous écoutent.
Comment être sur les médias sociaux?
Moi j’aime bien cette question parce que ça me rappelle une petite anecdote. Et la personne qui me l’a signalé, elle se reconnaîtra, je pense, et elle va bien rigoler.
En fait, il y a une petite dizaine d’années, on n’était pas beaucoup sur Twitter, les Églises. Il y avait peut-être quelques institutions et encore, peut-être le Conseil Œcuménique des Églises, j’en sais rien, peut-être la Fédération Luthérienne Mondiale, je ne sais pas, l’Alliance Réformée Mondiale.
Mais les petites Églises comme ça, régionales, locales, nationales, on n’était pas beaucoup sur Twitter.
Et à un moment donné, l’Église dans laquelle j’ai servi pendant assez longtemps, l’Union des Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine, a essayé un petit peu d’être sur Twitter et a confié ça à un pasteur qui s’estimait assez au courant des différentes choses et qui aimait bien être dans le mouv’, dans la place, un peu branché.
Et ça se voit qu’en fait, il aimait le foot aussi. Alors, comment est-ce qu’on l’a su? C’est parce qu’il s’est un peu mélangé les pinceaux entre son compte Twitter et le compte de l’Église.
Il y a un moment donné où la personne qui se reconnaîtra m’a fait un petit mot pour me dire, il faut que tu ailles voir, c’est trop rigolo. Et en fait, le pasteur, il commentait des trucs de foot en utilisant le compte de l’Église.
Ce qui, dans le fond, est plutôt sympa, je trouve, parce que du coup, ça fait que l’Église s’intéresse un peu à tout et à tout le monde. Mais je pense que ce n’était pas ce qu’il voulait faire à la base.
Donc voilà, ça pose vraiment la question de, sommes-nous sur les réseaux sociaux? Comment y sommes-nous? Et est-ce qu’on va aller jusqu’à commenter le foot depuis un compte réseau social, disons institutionnel?
Les comptes d’Église sur les médias sociaux
Ces comptes d’Église, ces comptes d’institution, sont souvent un peu aseptisés. Il n’y a pas de plaisir. Il y a un côté un peu ludique dans les médias sociaux.
Lorsque moi, je mets des trucs, ben des fois, j’aime faire des blagues, bon, peut-être pas toujours drôles, mais je donne mes opinions.
Et peut-être que les Églises, lorsqu’elles trouvent les bonnes personnes, peuvent peut-être être un petit peu moins coincées et de dire, ben, regardez, on fait telle chose, puis ça peut être drôle, ça peut être un clin d’œil.
Je pense qu’il y a moyen de naviguer ça, mais je pense qu’il y a trop de gens qui ont peur de peut-être que ce que peut-être qu’une personne pourrait peut-être penser et comprennent mal les codes et la culture des médias sociaux.
Être soi-même sur les médias sociaux
Alors, c’est clair que déjà, il y a une culture dans l’Église et puis certains langages et un code. C’est ce qui fait que 95% des gens ne traversent pas la porte d’une Église, même s’ils ou elles en auraient un peu l’envie. C’est parce qu’on se dit, moi, je ne vais pas bien comprendre ce qui se passe, etc.
Et ça, ça se sent aussi dans la façon de communiquer sur les réseaux sociaux. Et moi, c’est vrai que j’ai souvent eu des feedbacks, mais très souvent de gens qui me disaient, mais comment tu peux poster ça alors que tu es associé à telle institution?
Et moi, je leur dis toujours, en fait, avant toute chose, je suis Joan, suiveuse du Christ. Il se trouve que je suis au service de telle Église et donc je vais essayer d’en respecter un maximum la déontologie.
Mais ma parole personnelle, celle que je poste au moment où je ne suis pas en train de représenter mon Église, elle continue à m’appartenir.
Et ça, c’est quelque chose d’assez compliqué parce que, dans l’autre sens aussi, il arrive très souvent que des gens, voire même des collègues, me fassent des messages pour me dire « Est-ce que tu peux me faire de la pub pour ci ou ça? Parce que toi, tu as une certaine audience. »
Mais je leur dis, ce n’est pas OK parce qu’une fois de plus, je suis la porte-voix de moi-même. Et donc si je me mets au service des autres, c’est qu’on a un projet commun, comme toi et moi. On se partage nos trucs, on a un podcast commun, c’est normal, on en parle.
Mais si tu n’as pas un vrai projet avec moi et que tu veux juste te servir du fait qu’il y a des gens qui sont intéressés de rentrer en contact avec moi et ma façon d’annoncer l’évangile, il n’y a pas de réciprocité, il n’y a pas de projet derrière, on est juste dans de la com’.
Moi, je ne fais pas de la com’ pour de la com’, que ce soit pour une Église, que ce soit pour d’autres personnes. Moi, je fais du sens, en fait. Et c’est ce sens-là qui, souvent, manque dans les réflexions autour de la communication sur les réseaux sociaux.
Apprendre à apprivoiser les médias sociaux
J’ai eu aussi ce genre de demande. Et c’est souvent « Ah, toi, tu connais ça ». Mais si je connais ça, c’est que je l’ai appris.
Essentiellement, j’ai commencé mon ministère numérique à la fin quarantaine, début cinquantaine. Ce n’est pas comme si j’étais un jeune qui a toujours vécu avec ça, non?
Je suis arrivé à un certain moment, je me suis rendu compte qu’il y avait un besoin. Comme on dit ici, je me suis retroussé les manches et j’ai plongé et j’ai écouté des tutos, j’ai lu des articles, j’ai fait des erreurs, beaucoup d’erreurs pour essayer d’arriver à quelque chose.
Mais ce que j’ai remarqué aussi, dans mon Église, tu me diras peut-être que c’est la même chose pour toi, il y a une culture de peur envers les médias sociaux.
J’ai même eu des formations sur les médias sociaux et comment on nous enseignait que c’était dangereux, qu’il fallait faire attention, on ne pouvait pas faire ci, on ne pouvait pas faire ça, au lieu de nous enseigner une bonne façon d’évangéliser les gens.
Moi, c’est toujours la même chose. Ma statistique date un peu, probablement c’est plus, mais à l’époque, c’était les gens passent quatre heures en moyenne par jour sur leur téléphone. C’est là que ces personnes sont.
Pourquoi on n’est pas capable, en tant qu’Église, d’être à cet endroit-là, avec les codes, avec la façon de faire? Oui, ça demande de l’apprentissage, mais si on est capable de lire un texte sur une nouvelle approche théologique, on est capable d’apprendre.
Je ne dis pas que c’est pour tout le monde, mais j’ai de la difficulté à croire qu’il n’y a seulement qu’une petite poignée de gens qui sont capables de le faire.
Moi, je pense qu’il y aura plein de gens qui pourraient être sur les médias sociaux d’une manière positive, d’amener le message de l’Église, d’amener le message du Christ si on leur donnait la chance de le faire, si on leur donnait la permission de le faire.
Apprendre les codes des médias sociaux
Moi, je trouve qu’en plus, c’est toujours difficile de parler réseaux sociaux avec les institutions ecclésiales ou confessionnelles. La plupart des personnes qui sont à la tête de ces institutions, elles ont tout juste un peu plus que nous, c’est-à-dire que c’est nous dans cinq ans.
Donc, on peut dire que ce n’est pas des digital natives. Là, vraiment, on en est sûr et certain.
Du coup, elles ont un peu du mal à avoir des positionnements éthiques clairs.
Moi, parmi les conversations que j’ai pu avoir avec les unes et les autres, eh bien, pendant mon temps, elles n’étaient pas sur Twitter parce qu’elles ne comprenaient pas les codes de Twitter, parce que c’était un monde anglophone.
Moi, je ne vois pas pourquoi, si c’est anglophone, je peux quand même y aller. Je vais comprendre ce que les autres postent. Puis maintenant, elles ne veulent plus y aller parce que Twitter, c’est devenu ce que c’est devenu. C’est hyper compliqué de trouver une parole équilibrée sur Twitter actuellement.
Et alors d’un autre côté, on a pour l’instant des jeunes qui sont sur TikTok. J’en ai parlé avec quelques personnes dans la com des Églises qui ont dit que TikTok c’est trop addictif et éthiquement ce n’est pas bon. Et de toute façon, on n’a personne dans l’église qui sait vraiment parler le langage de TikTok.
Donc en fait, on ne va pas sur Twitter parce qu’on ne comprend pas trop, c’est l’anglais et en plus maintenant c’est délétère. Puis on n’est jamais allé sur TikTok parce qu’éthiquement c’est compliqué.
Nos Églises perdent toutes leurs presse-papiers. Nous, là, en ce moment, en Suisse romande, on ne sait pas si on va garder Réforme, on ne sait pas comment.
Mais alors, je pose la question, où est-ce qu’elles sont, les Églises?
Sans parler, attends, sans parler du fait, j’ai parlé avec une de mes meilleures amies qui bosse dans les GAFA, qui m’a dit, l’industrie du podcast est en train de se casser la gueule.
Donc là, je dis, mais les amis, qu’est-ce qu’on fait ? On va aller prêcher tout seul dans nos Églises?
Le problème des propriétaires des médias sociaux
Je reconnais exactement le même discours. Oui, X s’est rendu, moi j’utilise, un dépotoir à ciel ouvert. Et on peut voir que Meta, qui possède Facebook, Instagram et Threads, ont changé leur règle de modération. Il y a une espèce de vent de toxicité qui se répand un peu partout dans les médias sociaux.
En plus, ça appartient à des ploutocrates qui essaient d’influencer, sans même se cacher, les élections un peu partout autour de la planète.
Et on peut se poser la question, être là, est-ce que c’est cautionner ce pouvoir-là?
Est-ce que c’est un peu vendre son âme au diable, est-ce que ça ressemble un peu, je pensais, Jésus et les tentations dans le désert, lorsque le diable dit « prosterne-toi devant moi et tous ces royaumes de la terre seront en toi », est-ce que c’est ça qu’on fait?
En même temps, je crois qu’il y a une place pour une parole de résistance, une parole qui amène un autre point de vue. C’est difficile.
Mais je pense que si on abandonne, justement, on reste dans nos chambres d’écho. On se parle entre nous, on se trouve bon, on se trouve beau, mais ça n’a pas de résonance à travers l’ensemble de la société.
Puis après, on se demande pourquoi les gens ne nous connaissent pas, pourquoi les gens ne veulent pas nous parler, si on ne fait pas l’effort d’essayer de rejoindre les autres.
Résister sur les médias sociaux
Moi, j’ai un feed Facebook qui est pas mal basé sur les droits progressistes, les droits des femmes, les droits des minorités, les droits des étrangers.
Et donc, c’est un petit peu avec tristesse que j’ai vu, je ne dirais pas beaucoup, mais une vingtaine de mes contacts Facebook annoncer leur sortie de Facebook ces derniers jours à cause des questions politiques Méta.
Et en même temps, qu’est-ce qui s’est passé au moment de l’investiture de Donald Trump? Eh bien, il y a tellement de gens qui ont cherché une parole d’espoir, de réconfort, une figure de courage, et tous ces gens-là se sont ralliés autour de cette évêque épiscopalienne, la révérende Mariann Edgar Budde.
Et d’un coup, il y a eu une résurrection de ce fil Facebook. D’un coup, on s’est tous partagé ses paroles, on s’est tous partagé son visage, parce que ça incarne quelqu’un.
Puis qu’on voit bien qu’elle est peut-être grand-mère, en fait, cette dame, en tout cas, elle est en âge de lettre. Donc, ce n’est pas exactement une femen sein nu, c’est vraiment quelqu’un.
C’est quelqu’un, je pense, qui à la base est assez easy-going, qui ne doit pas chercher trop les embrouilles, qui doit tenir ferme sur ses convictions.
Mais là, elle a fait preuve d’un courage évangélique, elle a trouvé le bon vocabulaire, elle s’est adressée finalement à Donald Trump, mais elle s’est aussi adressée à nous autres, elle nous a redonné courage.
Et les gens sont retournés vers les réseaux sociaux pour de la réassurance, pour se dire, attends, ça fait du bien à moi ou ça fait du bien à d’autres? Ah, ça veut dire qu’on est plusieurs. Et je me suis dit ok. Donc en fait c’est ça notre job. Et le job évidemment il passe par des médias avec lesquels on n’est pas toujours d’accord.
Mais moi du coup je ne vais pas quitter Facebook, je ne vais pas quitter Twitter, je ne vais pas quitter tous ces trucs-là.
Mais en fait, c’est ça mon job de bergère. La bergère, elle peut conduire, mais ça, c’est fini. Nous, les pasteurs, on n’est plus là pour dire la tendance ou quoi. Nous, on accompagne, en fait.
En fait, en gros, on n’a plus de troupeaux. On a des gens qui savent où ils veulent aller. Ils savent où ils veulent paître. Ils savent ce dont ils ont besoin.
Et nous, si on veut un petit peu les accompagner et prendre soin d’eux et d’elles, on les suit en fait. Donc moi, je vais faire ça et cette leçon qu’elle m’a donnée, cet évêque-là, Mariann Edgar Budde, c’est une leçon que je vais garder en moi pour super longtemps.
Rejoindre les personnes en recherche
À plusieurs reprises, tu as parlé du rôle de l’Église pour créer la communauté ou créer une communauté, et c’est une des forces des médias sociaux.
Peut-être que si on arrête de penser qu’on va convertir l’ensemble des gens qui vont voir nos messages, nos memes, nos vidéos, nos podcasts, et se concentrer vers les personnes qui sont à la recherche d’une communauté, qui sont à la recherche d’un message d’espoir, un message positif, on peut tirer notre épingle du jeu, de dire je parle aux personnes qui veulent m’entendre. Les autres, tant pis.
Je pense qu’on vit dans des moments qui semblent anxiogènes.
Et si on rentre dans cette narration, en anglais, il parle de « narrative », et si on voit juste ces choses-là, parce que ça aussi c’est un des effets pervers des médias sociaux, les algorithmes, on voit seulement qu’une partie de l’ensemble du tableau, ça peut être perturbant, ça peut être difficile.
Mais si on se concentre pour rejoindre les gens qui sont à la recherche de quelque chose, déjà on peut dire mission accomplie.
Un endroit de débats?
Et puis, est-ce qu’il y a vraiment des lieux pour débattre dans l’Église? Non, je pose la question super sérieusement, quoi.
Est-ce qu’il y a vraiment des endroits où on dit aux gens, venez, venez comme vous êtes, venez avec vos opinions, venez avec votre extrême droite, votre extrême gauche, votre je-m’en-foutisme, venez avec vos connaissances de la Bible, vos interprétations, et on discute, on débat, on s’écoute, on se respecte, on rigole et après on mange ensemble?
Parce que si ça existe, moi j’y vais direct en fait. Alors moi j’ai beaucoup de chance avec mon époux, j’en ai déjà parlé, on finit un ministère là en Alsace, ben c’est un peu compliqué, moi je suis entre l’Alsace et puis la Suisse et tout, bon bref.
On finit un ministère en Alsace, où dans notre communauté, il y a une très belle façon de se parler quoi. Cela dit, déjà un c’est pas partout, et deux, il y a peut-être des endroits où il y a des gens qui voudraient débattre dans l’église. Et ça, pour l’instant, moi, je n’ai pas trouvé cet endroit.
Alors, les jeunes nous montrent le chemin, tu vois Stéphane? Alors là, je leur fais un petit clin d’œil parce que je sais que certains de ces jeunes écoutent notre podcast depuis que je leur ai partagé. Il y a des jeunes de l’AJRM, l’Association des Jeunes Réformés de Morges.
Et eux, ils organisent parfois des moments où, en fonction des votations qu’il y a dans le pays sur différents sujets, ils proposent des temps de débat dans leur local au-dessus de l’église protestante réformée.
Mais ça, c’est super cool. C’est les jeunes qui nous montrent l’exemple. C’est rare, c’est exemplaire. Et nous, qui ne sommes plus si jeunes, est-ce qu’on en est capable?
Et moi, j’ai toujours pensé que sur les réseaux sociaux, au moins, c’était un endroit où on pouvait débattre, se dire des trucs.
Des fois, des trucs pas très cools. Des fois, se présenter des excuses. Des fois, il y a des gens avec qui j’ai continué des conversations en privé. Des fois, il y a des gens avec qui on a décidé de se quitter sur cette route parce qu’on voyait bien qu’on ne supportait pas bien les publications les uns des autres.
Des fois, il y a des gens que j’ai gardés en me disant, il faut que tu sois au contact d’avis vraiment très différent des tiens. Il y a des fois des gens qui me gardent et puis je suis assez admirative parce qu’ils n’aiment pas trop le féminisme.
Voilà, donc les réseaux sociaux permettent ça. Si en Église, on arrive à ouvrir plus d’espaces de ce type-là, moi je comprendrais très bien du coup que les gens se retirent un peu des réseaux sociaux, par exemple. Mais en fait, ça manque cruellement dans toute la société.
Moi, ce que je remarque autour de moi, on dirait que c’est les deux pôles. Soit qu’on est dans une espèce de discours consensuel tellement fort que les personnes qui ont peut-être d’une opinion divergente, n’ose pas parler ou lorsque les personnes parlent, on les rabroue rapidement.
On ne peut pas dire ça, tu n’as pas le droit, si tu es vraiment un membre de l’Église unie, il faut que tu penses de telle manière.
Ou c’est le lançage d’insultes, se lancer de la boue, se traiter des pires noms.
Suivre l’exemple de Jésus sur les médias sociaux
Et justement, what would Jesus do? Je me demande souvent, c’est vrai, ça fait longtemps maintenant que je suis sur les réseaux sociaux, j’ai commencé en 2008.
Au départ, je n’avais pas tout à fait compris à quoi ça servait, donc je disais des trucs aussi intéressants que j’ai mangé une pomme ou comme ça. Après, avec le smartphone, on a vu qu’on pouvait poster des images, des photos, tout ça.
Après, j’ai commencé pendant le COVID ma pastorale des trucs débiles pour faire rigoler un peu les gens. Ça a super bien fonctionné. Il y a plein de gens qui me disaient, moi, tous les matins, je vais voir ce que tu as mis parce que ça m’a mis un peu le smile, ça m’a fait oublier un peu le COVID.
Je vois les commentaires en dessous. Je me suis dit, je vais créer un petit peu une communauté où on prend un peu tout ça en dérision. C’était lourd, cette affaire de COVID, surtout en France.
On a vraiment fait des mesures XXL, sûrement pour des raisons qui m’échappent un peu, mais moi je les ai suivies en tout cas, n’ayant aucune compétence médicale. Mais il fallait bien, il y avait beaucoup d’angoisse, il y avait beaucoup d’anxiété.
Moi j’ai deux de mes trois filles qui ont fait beaucoup d’angoisse et d’anxiété, donc je me suis dit bon, ok, un petit peu d’humour là-dedans, finalement l’humour pied noir c’est l’un de mes héritages.
Donc je me dis, je ne suis pas Jésus, je n’arriverai jamais à faire comme Jésus, mais en fait ce qui m’inspire c’est que Jésus avait plusieurs méthodes, plusieurs moyens, plusieurs publics, plusieurs registres.
Jésus, c’est vraiment le gars qui était un petit peu hyperactif.
J’ai l’impression en communication, il essayait tout, il tentait tout. Une fois, il faisait du personnel, une fois il faisait de la foule, une fois il faisait du « me faites pas chier », une autre fois il faisait du miracle, une autre fois il disait des trucs énigmatiques. On y réfléchit encore maintenant avec des thèses de théologie et tout, et des colloques.
Et donc moi je me dis, à mon tour de jouer en fait.
Ce qui m’anime, c’est de partager l’Évangile et d’entendre ce que les autres ont à dire sur l’Évangile, parce qu’il y a des jours où la Bible, je ne sais plus quoi en faire, et d’autres jours, elle me nourrit énormément, donc j’imagine que je ne suis pas la seule.
Et donc pour moi, c’est des moyens, mais il n’y a jamais une fin. Je n’ai pas un truc à vendre, je n’ai pas un business à faire, je n’ai pas des gens à ramener vers moi.
Je me sens hyper libre par rapport à ça, mais je n’ai pas non plus aussi une ligne de conduite et je n’ai pas de compte à rendre sur chaque mot que je dis à n’importe laquelle des institutions pour lesquelles je sers le Christ en fait.
Pas d’excès, rien de discriminatoire. Rien qui puisse violer les règles de confidentialité, ça c’est clair, mais je n’ai pas non plus à me restreindre dans ma communication de l’Évangile, parce que moi je vois bien que Jésus, il était hyper multitask à ce niveau-là. Donc je pense qu’il y a une piste.
Les médias sociaux comme outil pour évangéliser
Fort probablement, Jésus, si la technologie avait existé, aurait utilisé les médias sociaux et fort probablement les gens qui n’aimaient pas Jésus l’auraient attaqué.
Et j’aime bien l’idée que ça n’est pas une fin, mais un outil, comme un bâtiment d’église est un outil pour amener la parole de Dieu, pour créer une communauté.
Dans mon ministère numérique, les gens trouvent ça, ah, c’est bien, mais ne comprennent pas toujours la charge associée à ça. Et comment, à certains moments, on a besoin de se retirer peut-être pour se recharger, parce que bon, il y a toujours les attaques. À la limite, les attaques des personnes hors de l’Église, moi, bof!
Lorsque j’ai fait ma vidéo sur TikTok, celle qui est devenue virale, on s’entend, là, c’est en français et de la religion, donc on parle pas de millions, là, sur l’Église, l’homosexualité, Jésus, la Bible, tout ça.
Des gens d’autres groupes religieux, si tu n’as pas lu, visiblement, Romains 1, oui, je l’ai lu, mais je m’en fous, là. Je me fous pas de Romains 1, mais je me fous un peu de ta lecture littérale de Romains 1 ou Dieu sait quel autre passage biblique.
Mais c’est les attaques de l’intérieur, des gens qui sont supposés être dans mon Église, qui essaient de miner ce que j’essaie de faire ou diminuer ou de mettre des bâtons dans les roues.
Est-ce que tu mets des bâtons dans les roues de ton autre collègue qui utilise un autre outil, qui utilise peut-être sa camionnette pour ramener des sans-abri dans des centres ici?
Bon, il fait froid l’hiver là, des centres pour les réchauffer, d’un outil de la camionnette pour vivre l’évangile, aider les plus vulnérables. Est-ce que tu y mets des bâtons dans les roues? Non, tu trouves ça merveilleux.
Pourquoi tu m’attaques? Parce que j’utilise mon téléphone ou la caméra de mon ordinateur pour amener l’évangile aux gens. Encore une fois, je comprends ces différences, c’est nouveau.
Mais, comme tu as dit, ce n’est pas une fin en soi. Ce n’est pas faire la promotion de ma personne, c’est faire la promotion du Christ, du message, de dire « Regardez, il y a peut-être de quoi de positif autour de nous, ça semble sombre, mais regardez dans cette direction-là, il y a peut-être de quoi de bon pour vous. »
Banaliser les familles pastorales sur les médias sociaux
Moi, je reconnais que pour pas mal de personnes, ça a toujours été un peu dérangeant que ma famille apparaisse sur les réseaux sociaux. J’ai fait un peu, comme l’a dit une fois quelqu’un d’assez haut placé, c’est du personal branding.
Mais d’un autre côté, mon idée, et puis mon mari m’a suivie, et mes filles aussi, c’est aussi un peu de banaliser les familles pastorales, de dire « wouhou, on fait comme tout le monde, on fait des jeux dans le jardin, on se marre, des fois on est habillé n’importe comment, des fois on est un peu triste, il nous arrive des trucs ».
Et puis en fait, étant donné que dans la vraie vie, les gens nous voient de façon, nous comme famille pastorale, et puis des fois même nous voient dans le jardin, et des fois même nous voient au marché, des fois même nous voient à l’église, moi ça ne m’a jamais semblé choquant, c’est un prolongement de la vraie vie, ils peuvent aussi nous voir sur les réseaux sociaux.
Ma présence sur les réseaux sociaux, c’est une continuation de qui je suis. Ma famille, c’est une grande partie de qui je suis. Mon couple, c’est une grande partie de qui je suis.
Et j’aimerais aussi leur donner du crédit, en fait. Je pourrais pas être qui je suis sans eux.
Et donc, je me dis, cette authenticité, c’est ce qui fait que j’ai quelque chose à dire aux gens, en fait. Je suis pas en train de construire un personnage, je suis en train de montrer un petit peu comment est ma vie.
Où nous trouver sur les médias sociaux?
En tout cas, chapeau pour TikTok. Tu y es toujours, finalement ?
Un peu moins de ce temps-ci. Je reprends un peu mon souffle. Je vais y revenir très bientôt avec du contenu original sur TikTok, toujours un peu sur Instagram, Facebook, et BlueSky, Pasteur Stéphane. J’étais là assez tôt pour pouvoir avoir mon nom, et pas Pasteur Stéphane 72 82.
Toi, Joan, où on peut te trouver pour les gens qui ne seraient peut-être pas où te trouver sur les médias sociaux?
Moi, je vais être la dernière des Mohicans sur Facebook, je pense. Je quitterai vraiment une fois que je n’aurai plus que des pubs pour le Viagra et puis pour aller acheter des bottes militaires.
Twitter, je n’y suis plus vraiment. Je n’y allais pas pour me retrouver là-bas. Et puis, tu vois, là, tu me tends la perche. Si tu es sur Blue Sky, je vais peut-être y aller pour l’instant.
Instagram, ça joue assez bien de mon côté. J’ai mis hyper longtemps à faire mon trou sur Instagram, à comprendre comment ça fonctionnait. C’est des codes tellement différents de Facebook. J’ai vraiment mis très, très longtemps à m’y sentir un peu à l’aise.
Conseil pour les Églises sur les médias sociaux
Juste un conseil peut-être pour les gens qui voudraient faire du ministère numérique. Peut-être le meilleur conseil que j’ai reçu, c’est de ne pas essayer d’être médiocre sur huit plateformes. Essayer de faire de bonnes choses peut-être sur une. Et c’est ça, mais c’est ça. C’est très bien.
Alors franchement, merci pour ces conseils que je prends aussi pour moi-même. C’est pour ça que j’ai expliqué l’autre jour à quelqu’un qu’en fait… Tant que je ne suis pas complètement à l’aise sur Instagram, je ne peux pas lâcher Facebook.
Et une fois que je serai à l’aise sur Instagram, alors je pourrais peut-être apprendre un nouveau média. Mais je me laisse le temps, en fait, déjà d’être un peu bonne dans ce que je fais, là où je suis.
Parce que c’est toujours pareil, on peut prêcher à tout va et tout le temps et sans vraiment préparer ce qu’on fait, puisque c’est ça, nous, on prêche sur les réseaux sociaux en quelque sorte.
Ou on peut se dire que pour chaque prédication, il nous faut un petit peu de temps et on le fait sérieusement.
Donc j’applique un peu mes règles avec lesquelles j’ai été formée à ma présence sur les réseaux sociaux. J’espère qu’on s’y retrouvera, que vous nous interpellerez à ce sujet et que vous aurez peut-être encore des plateformes à nous proposer.
Conclusion
Merci, Joan, pour cette conversation. Et quelque chose qui paraît peut-être de la vieille école, vous pouvez nous écrire par courriel. questiondecroire@gmail.com. Merci à l’Église Unie du Canada, notre commanditaire, qui publie le site internet moncredo.org, qui reprend nos podcasts qui offrent des vidéos, des blogues sur des questions de foi et de spiritualité. À très bientôt, Joan! À très bientôtqui ne se baptisent pas mais qui suivent le Christ.
