
Le lien entre l’environnement et la foi

Stéphane Vermette
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L’environnement est souvent présentée comme la nouvelle Église du 21e siècle. Il faut avoir la foi en l’écologie.
Dans cet épisode, Joan et Stéphane présentent le mois de la création dans le calendrier liturgique, expliquent comme devenir une « église verte » et les tenants de l’écoféminisme.
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Table des matières
Bonjour, bienvenue à Question de croire, un podcast qui explore la foi et la spiritualité. Une question à la fois. Cette semaine, est-ce qu’il y a un lien entre l’écologie et la foi?
Bonjour Stéphane. Bonjour Joan.
Les Églises qui relativisent la crise environnementale
Ce lien entre écologie et foi, j’ai remarqué que ça fait couler beaucoup d’encre. Et j’observe des positionnements qui me questionnent.
Alors, pour débuter avec un petit témoignage anecdote, je lisais il y a une dizaine d’années mon fameux journal protestant français qui s’appelle Réforme. Et en dernière page, il y a souvent un portrait de quelqu’un d’intéressant, de quelqu’un qu’on ne connaît peut-être pas.
Et là, c’était quelqu’un d’assez haut placé dans l’Église vaudoise d’Italie, ce qu’on appelle la Tavola valdese, donc la table vaudoise. Moi, j’ai un a priori super positif sur cette Église.
Et donc, je lis avec intérêt le portrait de ce monsieur qui, in fine, explique qu’il en a marre de toute cette espèce de mouvement urgentiste autour de la nature et de la planète et de l’écologie, que voilà, tout ça, c’est bien exagéré.
Après tout, les dinosaures avaient disparu avant nous donc voilà c’est normal il y a des moments il y a des moments dans l’histoire de la planète où il se passe des choses un peu intenses, mais voilà qu’il faut s’en remettre à Dieu et pas tellement s’affoler pour la planète, etc.
Et ce discours, venant d’une personne assez haut placée de cette Église tellement progressiste, féministe, inclusive, libérale et interculturelle, m’a fait fortement penser à certains discours pentecôtistes ou bien des baptistes du sud des États-Unis d’Amérique.
Et j’étais assez épatée de me dire qu’en fait, quand on ne sait pas quoi faire de ce sujet, la nature, l’écologie, la crise maintenant écologique, Eh bien, on a recours à des arguments massue du style « les dinosaures sont morts ».
C’est vrai que c’est confrontant cette question d’écologie, parce que nous appartenons à la société, nous contribuons à l’augmentation d’une manière directe et indirecte de CO2 dans notre atmosphère, et c’est vrai qu’on se pose beaucoup de questions.
En fait, moi, ce qui me plaît sur ce sujet de l’éco-spiritualité, l’éco-théologie, puisque maintenant ça se décline à l’infini, et j’en fais partie puisque je me réclame de l’éco-féminisme, mais j’en parlerai un peu après.
Ce qui me plaît, c’est que ça nous encourage à nous intéresser à ce qu’en disent les autres courants chrétiens.
Et j’avais découvert lors de mes fameux cours de théologie, tu vois c’est vraiment ça que ça sert, d’aller faire des cours de théologie, c’est que les orthodoxes ont cette vision de diviniser la création, de toujours œuvrer et prier pour que le divin habite la création, pour que tout le cosmos soit empli de prières et d’Esprits saints, vraiment.
Et donc ils ont aussi, semblerait-il, ce soin à la création, ils en parlent plus facilement que nous, ils veulent bénir la création.
Et c’est grâce aux orthodoxes, enfin aux théologiens et théologiennes orthodoxes, qu’on a le Mois de la création, qu’encourage beaucoup le Conseil œcuménique des Églises.
Mon mari sert dans une Église, l’Union des Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine, où il y a pas mal de paroisses qui prennent au sérieux ce mois de la création parce qu’on a pu raccrocher ça à une tradition qui est séculaire chez nous et qui s’appelle le dimanche des moissons.
Et le dimanche des moissons, comme on est une Église qui originalement était à 95% rurale, c’était le dimanche qu’on apportait en fait à l’Église un peu son surplus des moissons, son surplus de fruits, de légumes, de blé, d’œufs et on mettait en commun.
Et j’ai vécu comme ça un culte des moissons en Afrique.
Bon là il faut s’accrocher parce que les gens amènent un poulet. Il y a eu une mise aux enchères pour soutenir l’Église et ses activités.
Quelqu’un a acheté un poulet pour moi. Ce jour-là, c’était un grand jour parce que pour la première fois de ma vie, on m’a offert un poulet dans un sac en plein culte dont je ne savais que faire, chacun peut l’imaginer.
Et donc je me dis, bon, alors effectivement, ce lien à la création est encouragé par d’autres théologies. C’est vécu encore dans des zones très rurales.
Nous, dans ce territoire qu’est l’Alsace-Moselle, où il y avait encore beaucoup de communautés rurales, il y a encore cette empreinte végétale.
Il y a quelque chose qui nous rappelle que la nourriture ne vient pas emballée dans du plastique. Et on peut aussi capitaliser là-dessus et encourager chacun et chacune à se sentir légitime, à avoir ce lien avec la création.
Le lien entre la nature et la foi dans la Bible
En l’Amérique du Nord, le deuxième dimanche d’octobre, c’est l’Action de grâce. Les Américains, c’est en novembre avec leur célèbre Thanksgiving.
C’est l’idée de rendre grâce à Dieu pour les récoltes, un peu comme tu parlais de la fête des moissons, de rendre grâce à Dieu pour tout ce que les champs produisent, pour la nourriture, pour la beauté de cette création.
Et je crois qu’on a perdu peut-être ce lien avec cette création. En préparation pour cet épisode, je retournais à ma Bible comme un bon pasteur, et c’est de voir comment ce lien-là est présent.
Lorsqu’on parle du sabbat, par exemple, ce n’est pas juste pour les êtres humains, c’est aussi pour les animaux, pour le bœuf qui ne doit pas travailler. Jésus qui parle, regardez les fleurs des champs, regardez les oiseaux dans le ciel.
On a, dans nos textes bibliques, ce lien avec la nature qui montre qu’on est interconnecté.
L’être humain n’est pas à l’extérieur de la création, en fait partie intégrante et on dirait que l’on traite ça, ouais, bon, ça va, là, c’est pas si important.
On voit ça comme une espèce de commodité qu’on peut consommer à notre guise, au lieu de dire, un peu comme ce qu’on nous apprend dans les cours de biologie, on fait partie de cet écosystème-là. Pas juste d’une manière biologique, mais, je crois aussi d’une manière de la foi.
Le mouvement des Églises vertes
Ici, dans la paroisse de mon mari, Sous les platanes à Illkirch-Graffenstaden, quand on est arrivés il y a 7 ans, les alentours du presbytère, de la cure, étaient assez ratiboisés pour des raisons X, Y. Il n’y avait plus vraiment d’écosystème tout autour.
Et moi, ça m’a un peu déprimée. Et donc avec mon mari, on s’est beaucoup encouragées.
Alors, l’encouragement chez nous, ça se passe comme ça. J’ai des idées, mon mari cherche. Il s’occupe de tout. Et moi, je bois du thé à côté de lui pendant qu’il fait à peu près tout parce qu’il a plaisir à le faire, mais il ne veut pas le faire seul. Et moi, j’ai plaisir à papoter avec lui.
Et en fait, maintenant, c’est vraiment devenu un jardinier. On a notre propre écosystème tout autour. On a plein de petites bêtes. On a même un peu trop des rats. Les gens nous ont encouragés à remplir des dossiers pour être reconnus comme Église verte.
Et évidemment, si c’était resté un projet de couple, on serait resté au 1 ou au 2. Mais une fois qu’on commence à s’affairer dans le jardin, qu’il commence à être beau, qu’il y a des fleurs et des fruits, il y a des paroissiens et des paroissiennes qui viennent dire, moi j’aimerais bien aider aussi.
Est-ce que tu veux que je t’amène des graines pour ça? Est-ce que quand vous êtes en camp, vous voulez qu’on arrose le jardin?
Au fur et à mesure, en fait, toute la communauté s’y est mise. Les enfants ont commencé à farfouiller dans le jardin aussi.
Et donc, on a tout un projet qui est incroyable de pépinière. Chaque enfant de la paroisse reçoit son arbre. L’enfant peut venir le choisir, le rempoter, peut venir le surveiller, lui faire des petits bisous, lui raconter des histoires et peut repartir avec son arbre quand c’est temps pour lui ou elle à la confirmation, au mariage, quand c’est le moment.
Et la Fédération luthérienne mondiale s’est intéressée à notre projet aussi et nous a loué un petit budget pour renforcer un peu tout ça.
On voit qu’en fait, même dans un territoire semi-urbain comme le nôtre, qui est pratiquement maintenant entièrement urbain, les gens sont contents quand ils vont à l’Église d’arriver dans un univers végétalisé et de sentir qu’il y a un lien entre ce qu’on chante et on prie à l’église et le jardin de l’église qui est littéralement à 30 centimètres de la porte de l’église. Il y a juste un mur qui nous sépare.
Et donc là il y a un lien entre finalement ton jardin intérieur et puis le jardin extérieur de la création.
L’éco théologie
Je me souviens, il y a environ une quinzaine d’années, lorsque l’Église Unie du Canada a élu Mardy Tindall comme modératrice. Elle était une laïque. Elle est arrivée avec ce concept d’éco-théologie.
Il y a plusieurs mâles d’un certain âge qui disaient, bon, c’est quoi ces trucs de femmes qui manquent de sérieux?
Cependant, elle a persisté. Il a commencé à parler d’empreintes carbone de nos églises.
Encore une fois, elle a commencé à nous expliquer que l’on a ces bâtiments-là qui datent d’une autre époque, qui sont souvent trop gros. On est au Canada, donc il faut chauffer ces bâtiments-là. L’auto solo, tout le monde va à une réunion, tout le monde prend sa propre voiture.
Elle a semé ces idées-là. Et ça l’a cartonné auprès des jeunes qui disaient, enfin, une Église qui parle de problèmes actuels, de réalités qui nous touchent.
Et tout ça nous a poussés à agir. On voit ici des paroisses adhérer au mouvement Église verte. Il y a d’autres initiatives, installer des panneaux solaires, l’agriculture urbaine, des trucs comme ça.
Les gens ont ces questions-là. Pourquoi, en tant qu’Église, on ne serait pas là pour essayer de les aider à cheminer?
La tentation est très forte de dire non, non, non, non. Le vrai problème de notre temps, c’est ceci et cela. La bonne façon de regarder, c’est ceci et cela.
Mais les gens disent, on a cette crise climatique que nous avons créée nous-mêmes. Et on ne sait pas comment on va s’en sortir. Ce n’est pas l’avenir de la planète qui est en jeu. La planète va continuer à exister. C’est l’avenir de l’humanité qui est en jeu.
Je regarde mon fils qui a 13 ans. Est-ce qu’il y aura des petits-enfants? Et c’est ça qui, pour plusieurs personnes, pose de grandes questions.
Tu as mentionné, ça prend une dose de foi, parce que la foi c’est croire à quelque chose qui ne semble pas possible, logiquement.
Dieu existe, mais oui, on ne l’a jamais vu, on ne l’a jamais touché, mais on y croit.
Et peut-être que la foi peut jouer un rôle face à cette crise climatique, de dire, nous pouvons nous en sortir. Nous pouvons atteindre un autre niveau. Nous pouvons être de meilleurs êtres humains.
Et en plus, ça n’est pas en contradiction avec le message qu’on essaie de proclamer, c’est relié.
Sans être littéraliste et de croire que Dieu a magiquement créé ce monde avec ses gros doigts en ces jours, mais on croit quand même que Dieu a fait partie de ce processus créateur. Cette création est le résultat d’un Dieu créateur qui a créé et qui continue à créer.
Donc je crois qu’on a quelque chose à apporter de ce côté-là.
L’éco féminisme et la foi
D’ailleurs, c’est la raison pour laquelle je suis tellement contente d’avoir trouvé un ancrage dans l’écoféminisme. Parce que l’écoféminisme, c’est quelque chose que je portais en moi, mais sur lequel je n’avais pas mis de mots.
Et il paraît que la majorité des écoféministes, en fait, ne se proclament pas écoféministes, parce que justement, être écoféministe, c’est essayer de vivre dans le monde en étant une femme.
Une femme qui a des règles, une femme qui parfois porte des enfants, qui a ensuite parfois les allaite, qui essaie après d’être dans des circuits plus durables, donc de partager des habits, d’éviter le lait en poudre, d’éviter d’acheter des tas de choses déjà industrielles. Et de prendre conscience aussi des circuits, d’où vient la nourriture.
Et puis, pour celles qui sont plus engagées, de mettre en plus entre parenthèses leur carrière pour prendre du temps et aller préserver des lieux par leur présence, en faisant des manifestations, des chaînes de femmes, des sit-ins parce qu’elles ont remarqué qu’un tel lieu polluait l’eau et que du coup, les enfants du coin tombaient systématiquement malades.
Elles ont remarqué que pendant leur grossesse, elles étaient inconfortables avec la pollution de l’air.
Enfin voilà, il y a plein de choses qui font que moi, je ne suis pas essentialiste, mais il se trouve qu’on porte la vie. Pour le moment, ce sont les femmes biologiques qui portent la vie.
Et donc, à partir de là, on a aussi tous nos sens qui sont stimulés et on se rend compte de combien c’est important que notre environnement soit à peu près sain, parce que cette vie qu’on porte, on aimerait qu’elle ait un bon environnement.
Et donc, cet écoféminisme, pour moi, il est complètement basé dans ce devoir de respect de la création que m’a donné le Seigneur en me mettant là avec ses jambes et ses bras et ce cerveau pour être normalement au service de la création et pas pour l’opprimer.
Et donc c’est là qu’il y a le lien entre l’oppression des femmes par le système capitaliste et l’oppression de la terre par le système capitaliste.
Et quand on se sent femme, féministe, libérée, moi je me considère chrétienne, on veut pouvoir trouver une harmonie dans tous ces différents points de notre vie, tous ces différents équilibres.
Donc moi j’ai beaucoup milité pour l’allaitement, parce que j’estime qu’une femme qui produit son lait, on doit pouvoir lui expliquer combien elle est autosuffisante, et combien elle ne dépend pas des grandes industries Nestlé et compagnie pour nourrir un enfant qu’elle a réussi elle-même à produire.
Si on arrive à produire un enfant et puis ensuite à l’accoucher, on a aussi cette compétence en nous de le nourrir. Contrairement à ce que nous disent tous les médias, notre lait est bon. Il est bon parce que tout a été prévu, que Dieu a même prévu ça pour notre enfant.
Pour moi, c’est très important dans ma spiritualité.
Comme souvent, c’est un sujet clivant, notamment en France, où les femmes allaitent peu et pas longtemps, parce que c’est des générations et des générations de femmes à qui on a dit qu’elles n’ont pas assez de lait ou qu’il est assez nourrissant, que c’est mieux de savoir exactement ce que va ingérer l’enfant. Avec le biberon, tu peux quantifier.
Et donc on a tout un mouvement en France où quand tu parles d’allaitement, on te dit que tu n’es pas pro-choix, qu’en fait tu vas imposer à des femmes une servitude supplémentaire.
Pour moi, il y a un vrai lien avec ma spiritualité parce qu’on voit combien le monde capitaliste a réussi à ôter à des femmes leurs compétences, de se dire que je vais peut-être essayer, j’en suis peut-être capable, je n’ai peut-être pas besoin de moyens extérieurs et qui polluent en plus.
Pour moi, il y a toute une réflexion qui est en cours autour de ça et qui va du côté de prendre soin du vivant.
Alors moi, je n’y arrive pas toujours. Des fois, je sors ma voiture pour des raisons assez injustifiées, injustifiables. Et c’est vrai qu’en église, on a souvent un peu du mal avec nos grandes campagnes de publicité. Tu sais, venez au dimanche méchoui de la paroisse machin truc.
Et puis là, il y a comme une petite contradiction. Néanmoins, est-ce qu’en Église, on est là pour faire du consensuel ou est-ce qu’on peut poser des fois quelques questions ?
La crise environnementale est une crise sociale
J’adore l’anecdote que tu apportes parce que c’est tellement facile de retomber ou de suivre la norme de la société.
Tout le monde aime le barbecue, on le fait. Tout le monde aime telle chose, on le fait. C’est si facile d’avoir des verres en styromousse pour servir du café, on le fait.
Et je pense, à quelque part, en tant que croyant, on est invité à faire la bonne chose pour la bonne raison.
Oui, nous ne sommes pas parfaits, nous commettons des erreurs, mais je crois qu’on est quand même appelé à réfléchir à nos actions, d’en être conscient, de nous améliorer constamment, et de ne pas oublier que lorsque nous sommes des privilégiés comme toi et moi en Occident, nos choix ont des répercussions ailleurs, dans plein de pays.
Même dans nos sociétés, les personnes qui sont les plus vulnérables sont souvent les personnes qui sont d’abord affectées par tous ces bouleversements climatiques. Ce sont les plus pauvres qui souffrent davantage.
C’est une question de justice sociale, c’est une question d’équité.
Et lorsque Jésus dit, il faut aimer son prochain, ce n’est pas nécessairement le prochain qui est riche comme moi, c’est de penser aussi à cette personne que je ne rencontrerai probablement jamais, mais qui est affectée de mes choix.
Ce printemps, au Canada, ce fut d’un côté environnemental très difficile. On a eu d’importants feux de forêt un peu partout à travers le pays.
Et on regarde les gens qui ont été évacués. Ce sont des gens qui habitaient des petites localités et lorsqu’ils ont été évacués. Ils n’allaient pas à l’hôtel; ils allaient dans des refuges communautaires.
Donc, oui, il y a une catastrophe écologique. Oui, il y a des gens qui ont perdu leur emploi, qui ont tout perdu, leur maison…
Et ça illustre également comment nous ne sommes pas égaux devant ces catastrophes naturelles, devant ces changements, cette transformation.
Et c’est sûr que c’est facile pour moi, un homme blanc, hétéro, dans la cinquantaine, qui vit dans le premier monde, de dire « Bon, ce n’est pas si grave, on va s’adapter. Au lieu d’avoir trois bagnoles, on va en avoir juste deux. »
C’est facile de dire ça. Mais pour certaines personnes, c’est la différence entre vivre et survivre.
Et comment qu’on peut ensuite dire nous sommes tous frères et sœurs dans le Christ. On est là pour le salut universel. C’est confrontant et je peux comprendre que certaines personnes essaient de trouver des raccourcis pour alléger leur conscience.
Le débalencement entre le Nord et le Sud
Et d’ailleurs, ça me fait penser à un sujet qui est assez intéressant, comme j’ai bossé pendant presque dix ans dans les projets missionnaires.
Donc, les projets missionnaires, c’est les projets de partenariat entre le Sud et le Nord.
Et c’est vrai que quand les projets missionnaires ont commencé il y a un siècle, il y avait quand même quelque chose de très cohérent.
On disait adieu à sa famille, on ne savait pas si on allait la revoir. On prenait une partie de sa vie, on mettait tout ça dans d’énormes coffres ou bien dans d’énormes tonneaux, de tonneaux à vin.
On s’en allait sur un gros bateau et puis un jour on arrivait en Afrique et puis peut-être qu’on retournait chez soi ou pas avant de mourir là-bas sur place.
Et il en allait même pour toutes les rencontres internationales d’Église.
Les gens faisaient de très longs trajets, fallait être très motivé. Ils avaient d’ailleurs le temps du coup de se connaître et puis de lire beaucoup les textes des autres Églises. C’est un autre rapport au temps.
Et là maintenant, quand j’ai commencé à quitter tout ce travail missionnaire, je voyais qu’il y avait une réflexion qui démarrait, très intéressante, sur en fait l’empreinte écologique de tous ces voyages, de toutes ces visites missionnaires.
Et puis cette empreinte écologique, bien sûr, l’idée c’est un peu de nous décarboniser de notre côté, de moins en faire.
Mais ce n’est pas de dire à nos partenaires « Voilà, maintenant que vous avez enfin un peu de mobilité, que vous pouvez enfin participer à des réunions mondiales, est-ce que vous pourriez arrêter un peu, là, parce que vous polluez? »
L’idée, c’est plutôt de se dire, dans quelle mesure est-ce que nous qui en avons les moyens et l’envie et qui aimons voyager, comment est-ce qu’on peut, au contraire, un petit peu diminuer à ce niveau-là?
Ce n’est pas facile parce qu’il y a beaucoup d’habitudes qui sont prises et il y a beaucoup d’avions encore très accessibles quand on a un peu d’argent dans la poche.
Donc aussi, ça demande aussi un renoncement, un renoncement qui peut s’ancrer dans notre fond en Christ, de se dire en fait je n’ai pas besoin de tous ces déplacements pour rayonner.
Je n’ai pas besoin non plus de dépenser tout l’argent que j’ai dans la poche. Je peux aussi plus partager.
Et donc il y a quand même aussi un lien direct entre le fait de décroître un peu dans notre mobilité, dans notre expansion, dans notre besoin de voyager, de croquer le monde pour que finalement, alors attention, hop, moment biblique pour que le Christ puisse croître en nous.
J’ai terminé avec une note biblique, je suis très fière de moi.
Conclusion
Et nous allons conclure ainsi notre première saison. Eh bien, oui, 21 épisodes.
Je veux remercier toutes les personnes qui nous ont écoutés durant toutes ces semaines, toutes les personnes qui se sont abonnées.
Je veux remercier notre commanditaire, l’Église unie du Canada. Oui, merci beaucoup d’avoir cru à ce projet un peu fou.
C’est la fin de la première saison, mais nous ne disparaissons pas cet été.
Nous allons enregistrer des petites capsules, chacun de notre côté, Joan et moi.
Nous allons partager un peu notre été, nos voyages, et nous serons de retour, et oui, pour une deuxième saison. Nous l’espérons à la mi-septembre, si tout va bien. C’est notre objectif.
Cependant, ce qui n’arrête pas, c’est le courriel. Alors, si vous voulez nous envoyer des commentaires, des suggestions, si vous voulez communiquer avec nous, ça nous fait toujours plaisir de vous lire, de connaître vos intérêts. N’arrêtez pas. Ça, il n’y a pas de vacances pour ça. Alors, faites attention à vous au cours des prochaines semaines.
Portez-vous bien. Merci, Joan, pour cette année de partage et d’échange.
Merci, Stéphane, et merci à tous nos auditeurs et auditrices pour leur feedback, leur retour, leurs questions. Continuons à nous partager et on continuera la discussion.
Et on se retrouve très bientôt. Au revoir.
