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Un bébé qui se fait baptiser

Le baptême

19 février 2025
Stéphane Vermette

Stéphane Vermette

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Le sacrement du baptême est reconnu par la grande majorité des Églises chrétiennes. Pourtant, plusieurs questions subsistent. Est-ce que tous les baptêmes sont valides? Qui peut être baptisé? Une Église peut-elle rebaptiser une personne?   

Dans cet épisode, Joan et Stéphane décrivent les différents rites associés à ce sacrement et se questionnent sur le sens de ce geste.

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* Musique de Lesfm, pixabay.com. Utilisée avec permission. 

* Photo de Tamara Govedarovic, unsplash.com. Utilisée avec permission.. 

Bonjour, bienvenue à Question de croire, un podcast qui explore la foi et la spiritualité, une question à la fois. Cette semaine, qu’est-ce que le sacrement du baptême?

Bonjour Stéphane. Bonjour Joan, bonjour à toutes les personnes qui nous écoutent.

Une demande de baptême par immersion

Le sacrement du baptême. Alors, il s’est passé un truc sacrément rigolo, petit jeu de mots, à la paroisse Sous-les-Platanes, où nous sommes maintenant dans notre neuvième année, Amaury comme pasteur, moi comme femme de pasteur et théologienne.

C’est qu’il y a à peu près deux ou trois ans, on a eu un baptême par immersion pour la première fois de notre ministère. Bien sûr, il y en avait eu avant nous.

Alors, grande discussion au conseil presbytéral. Bien sûr, je n’étais pas, mais on m’a raconté puisque ça, c’est une discussion un peu publique dans le sens où ça intéresse tout le monde. Comment est-ce qu’on va pratiquer ce baptême par immersion?

Et puis, il y en a un qui avait une grande piscine. Alors, on y va. Alors, on avait notre grande piscine qui était installée dans le jardin du presbytère. Ça, c’était assez rigolo.

Et puis, le jour même, c’était vraiment hyper touchant. C’était une jeune femme avec toute sa famille. Il y avait une grande assemblée. Elle avait tout son groupe de copains qui était là, plus le groupe de jeunes de la paroisse. C’était beau, c’était bien.

J’avais demandé l’autorisation, j’ai fait des photos. Et puis on les a postés sur les réseaux sociaux parce que c’était vraiment une grande fête. C’était un moment un peu à part.

Direct. Mais alors, direct Stéphane. Ça n’a pas loupé. J’ai eu droit à quelques commentaires un peu incisifs. « Alors comme ça on ne baptise plus que par immersion ? » ou bien « Je ne savais pas que les luthéro-réformés baptisés par immersion je croyais que c’était que les évangéliques? », des tas de remarques un petit peu décalées, déplacées.

Et moi, je me suis dit, en fait, il y avait beaucoup de joie dans ce moment, beaucoup d’authenticité. Une jeune femme, au début de sa vie un peu universitaire, presque professionnelle, une communauté autour, sa famille. Il n’y avait vraiment que du beau et du bon. Et quelque part, ça a dérangé, ça a heurté. Et pourquoi? Parce qu’en fait, le baptême, c’est quelque chose qui n’est pas consensuel. Et pourtant, c’est à la base, finalement, de tout notre système dogmatique ou doctrinal.

Choisir de baptiser les enfants

Je dois avouer que pour moi, le baptême en tant que pasteur, c’est peut-être l’acte pastoral qui me procure le plus grand plaisir. Je suis toujours heureux le jour d’un baptême. Il n’y a rien qui peut m’affecter, c’est la joie totale.

Bon, les gens, parfois, sont plus ou moins habitués. Ils me demandent, ben, qu’est-ce qu’on doit donner? Moi, j’ai dit, ben, ça ne se paie pas un sacrement, là. C’est gratuit. À l’exception de, je veux une bonne photo.

Et je me suis construit un scrapbook de tous les baptêmes que j’ai fait en tant que pasteur. Et j’ai même dit un jour à mon épouse, Le jour de mes funérailles, c’est ces photos-là que je veux qu’ils soient diffusés d’une façon ou d’une autre, parce que ce sera sûrement la plus grande chose que j’aurai accomplie de ma vie.

Mais c’est vrai que c’est pas un acte consensuel, surtout lorsqu’on parle d’enfant. Les adultes, bon, oui, les personnes ont choisi, mais lorsqu’on a un bébé, c’est pas consensuel.

Et il y a toujours dans la tradition dans laquelle je travaille? Est-ce que les personnes sont membres de la paroisse? Est-ce qu’ils ont des liens avec l’Église? C’est ces questions-là qui reviennent souvent.

Et moi, je n’ai jamais refusé de faire un baptême parce que l’enfant n’a pas choisi ses parents. C’est l’enfant qu’on baptise, ce n’est pas les parents.

Et c’est un acte de foi. Oui, mais c’est aussi un acte de foi dans le sens où on baptise cet enfant-là, on invite les parents à grandir dans la foi ensemble et après ça, on espère que cet enfant-là va être touché d’une manière ou d’une autre par la présence de Dieu. C’est un message que j’adore.

Le baptême comme un cadeau emballé

Il y a aussi un côté cadeau d’amour. Mon mari, quand il prépare les baptêmes d’enfants, Moi, je n’ai jamais baptisé de bébé. Toujours des enfants qui marchaient ou qui étaient en âge de parler, ou des gens plus grands, mais bébé, non. Je cherche, mais ça ne m’a pas encore été donné. Mon scrapbook est petit.

Mais mon mari, quand il fait les préparations de baptême, et il en a déjà fait avec moi parce que des paroissiens avaient demandé que je sois là, c’était trop chou.

Il dit que c’est un cadeau emballé. Le baptême, c’est un cadeau emballé et un jour, la personne choisit de déballer le cadeau ou pas. Mais en tout cas, le cadeau est là. Et il y a ce côté acte d’amour. Il y a de l’amour dans tout ça.

Mais c’est vrai que d’un point de vue biblique, il y a une fois de plus plein de perspectives sur ce baptême. Il y a Jésus qui le reçoit de son propre cousin. Moi déjà, je trouve ça hyper beau, hyper émouvant, la façon dont ça se fait. Jésus qui demande à Jean-Baptiste de le baptiser.

Il y a après le côté, on baptise toute une maisonnée dans la Bible, avec un côté un peu radical, un peu chef de famille. Tout le monde doit se faire baptiser, on ne réfléchit pas.

Il y a toutes ces questions-là de, est-ce qu’on baptise les bébés ou pas ? Alors c’est vrai, pourquoi est-ce qu’il y a toutes ces zones un peu non consensuelles, voire conflictuelles?

Et puis aussi, pourquoi est-ce qu’il y a plusieurs compréhensions de comment baptiser? C’est vrai que souvent les gens nous disent, mais finalement, qu’est-ce qui est biblique?

Il y a l’immersion qui est biblique, il y a l’aspersion qui est biblique, il y a le baptême d’Esprit-Saint qui est aussi biblique, c’est vrai.

Et puis j’ai même découvert que dans des lieux où il n’y a plus d’eau, Par exemple, dans des lieux très reculés dans le désert, il y a un temps où il y avait des sortes de confréries ou bien des ordres religieux qui baptisaient dans le sable parce qu’on ne pouvait pas gâcher de l’eau et qu’il fallait baptiser des gens.

Donc c’est vaste comme sujet et puis parfois ça devient tellement conflictuel alors que c’est que de l’amour à la base.

Le rituel autour du baptême

Ton anecdote de baptiser avec le sable me fait penser, j’étais au collège théologique, on lisait justement les ressources et les politiques de l’Église Unie du Canada sur les sacrements.

Et il y avait une phrase pour le baptême, c’était l’utilisation visible de l’eau. Et nous, on se grattait la tête, on se disait, mais pourquoi que c’est écrit et pourquoi que c’est spécifié qu’il faut que ça soit visible?

Et notre professeur, un peu embêté. Il nous a raconté que, bon, dans les années 70, il y avait des pasteurs qui étaient un peu moins regardants, qui ouvraient les fonds baptismaux. Il n’y avait pas d’eau, c’était sec. Il disait, bon, c’est pas grave, c’est pas grave, on va faire ça, comme disait l’expression, nettoyage à sec. On va faire à semblant qu’on met de l’eau, puis ça va être aussi bien. Et ça a créé de grosses commotions.

Et je pense que ça illustre, et un peu comme ton anecdote du début de l’épisode, comment, oui, il y a le sacrement, mais il y a aussi le rituel. Et comment le rituel est quelque chose d’important.

Il y a une bonne façon de faire les choses, et lorsqu’on s’en éloigne un petit peu pour une raison ou une autre, Ça titille, ça rend mal à l’aise. Il y a des gens qui accueillent la créativité. Ah, c’est bien. D’autres personnes, non, on touche à un rituel, quelque chose de sacré.

Et encore une fois, on se pose la question, est-ce que le sacrement est dans le rituel ou dans l’esprit, dans l’acte d’accueillir cette personne-là dans la grande famille de Dieu?

Le signe visible d’une amour invisible

C’est ça, parce que ce qu’on apprend avec le baptême, c’est qu’on reçoit un signe visible d’un amour invisible.

Et on a tous et toutes besoin de signes visibles. Moi, par exemple, je ne suis pas très bouquet de fleurs et tout, mais je suis toujours hyper touchée quand mon mari pense à me ramener, par exemple, de la mangue quand il fait les courses. Quand il vient et qu’il me dit, je t’ai acheté une mangue. Ça, c’est le langage de l’amour, en fait.

Ou quand il sait que je vais partir rouler en voiture et que je le vois qu’il tourne autour de la voiture. Toi-même, tu sais, Stéphane, il vérifie un peu les pneus. Voilà, il check deux, trois trucs. Voilà, il va remplir un petit peu le tank d’essence. Ça, c’est le langage de l’amour, en fait.

Et finalement, ce baptême, pour moi, c’est un langage de l’amour de Dieu envers celles et ceux qui sont là et qui se réclament de cette force d’amour et de cette révélation.

Et pourtant, c’est un sujet d’embrouille avec nos sœurs et nos frères en Christ, notamment, bien sûr, sur la question du rebaptême.

Un rebaptême, c’est dur, notamment parce qu’on a pas mal de sœurs et frères côté évangélique, pentecôtiste, qui partent du principe que les baptêmes d’enfants, là, ton scrapbook, Il y en a pas mal qui ne sont pas valides, parce qu’ils pensent que l’enfant n’a pas pu choisir, n’a pas pu faire le pas de la foi, n’a pas pu confesser sa foi.

Nous, on est des théologiens un peu similaires, on pense qu’on est au bénéfice de la grâce de Dieu, qu’on le choisisse ou pas finalement, parce que c’est une grâce d’amour, c’est une façon d’avancer dans la vie.

Mais par contre, on n’est plus si plein d’amour lorsqu’on apprend que notre voisin, le pasteur pentecôtiste ou évangélique, a rebaptisé des personnes qu’on avait baptisées enfants.

On a des moments comme ça où on oublie un peu cet amour et puis on a des querelles entre nous, c’est vrai. Mais d’un autre côté, est-ce que ça fait sens pour toi le rebaptême? Pour moi, ça reste un peu un point d’interrogation.

Un baptême qui appartient à l’ensemble de la chrétienté

Moi c’est assez nébuleux cette histoire-là parce que dans la majorité des grandes Églises chrétiennes, lorsqu’on baptise au nom du Père, du Fils et de l’Esprit Saint, c’est supposé être correct. Peut-être que c’est ça, une des choses qui est difficile pour certaines personnes.

Ce sacrement du baptême appartient à la chrétienté dans son ensemble. Bon, il y a des anabaptismes, mais quand même, dans la très grande majorité des Églises, on reconnaît le sacrement du baptême.

Et c’est lorsqu’on essaye de se l’approprier en Église, le baptême de mon église est meilleur que le tien, Là, ça commence à créer des conflits Au lieu de dire, tu baptises, je baptise. Le résultat est merveilleux.

Pourquoi qu’on se chicane pour, je dirais, presque des détails? Quel âge a la personne baptisée? Quel est l’objectif de tout ça? Je comprends pas.

Le baptême de l’Esprit

Moi, tu vois, je me pose aussi la question des formules de baptême. Je te baptise au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. C’est vrai que toutes les Églises ne sont pas trinitaires.

Toutes les Églises ne baptisent pas au nom de l’Esprit. Donc ça, c’est vrai que ça donne une sorte d’argument à celles et ceux qui demandent qu’on soit aussi baptisé par l’Esprit.

Et d’ailleurs, à ce sujet, j’ai une anecdote assez rigolote. Il y a 25 ans, quand j’étais à la fac pour la première fois, à un moment donné, j’étais assise, je ne sais plus où, quelque part dans la fac, et j’étais en train de réviser un peu.

Et là, il y en a un qui s’assoit à ma droite, l’autre qui s’assoit à ma gauche, et ils me font la conversation. Est-ce que tu es chrétienne? Oui. Je leur dis que je suis en fac de théologie. Ah d’accord!

Est-ce que tu as été baptisée? Tu sais, alors c’est quand même, c’est touchant parce qu’il y a peu de gens qui, comme ça, à la fac, te parlent de ton baptême. Et en même temps. Je me disais, mais qui sont ces gens? Parce qu’il y a 25 ans, il n’y avait pas beaucoup de monde pas baptisé en fac de théologie, je dois dire.

Donc je leur dis, ben oui, je suis en fac de théologie pour devenir pasteur. Il me dit, non, mais d’accord, peut-être qu’étant petite, on t’a versé un peu d’eau sur la tête. Donc déjà, ce n’est pas le cas, mais peu importe.

Donc je lui dis non, j’avais 10 ans, c’est moi qui ai décidé. Là, il était un peu embêté. Puis après, il me dit, mais as-tu été baptisé du Saint-Esprit?

Parce que le baptême d’eau n’a pas de validité tant que tu n’as pas été baptisé du Saint-Esprit.

C’était génial parce que pendant plusieurs jours, j’étais perdue dans un abîme de pensée. Avec, j’étais baptisée au nom du Saint-Esprit parce que finalement, s’il y a bien un truc qui caractérise le Saint-Esprit, c’est qu’on ne sait pas trop comment ça fonctionne. On a fait tout un épisode, toi et moi, sur le Saint-Esprit. On attend un peu les feedbacks des gens.

On ne sait pas trop comment ça fonctionne cette affaire de Saint-Esprit. C’est assez mystérieux, énigmatique, vivifiant, intéressant. Mais pour répondre à la question, je n’avais pas la ref, comme disent les jeunes. Je ne savais pas du tout quoi lui répondre.

Et c’est après que j’ai découvert qu’on avait certaines controverses avec d’autres Églises. Parce que semblerait-il que nos baptêmes d’eau, même de personnes censées, par exemple moi j’avais 10 ans et j’avais fait le choix, de personnes plus adultes, ne sont pas valides.

Et semblerait-il que même dans la grande famille revivaliste ou évangélique, il y a des baptêmes qui ne sont pas jugés valides parce qu’il n’y a pas eu des manifestations du Saint-Esprit lors du baptême.

Le sens du baptême

Encore une fois, qui décide de la validité d’un baptême? Moi, je peux avoir des normes. Toi, tu as des normes peut-être différentes.

Je pense qu’un des problèmes, c’est qu’il y a des personnes qui croient que le baptême donne quelque chose, produit quelque chose. Si une personne est baptisée, elle sera meilleure. Elle sera sauvée.

Moi, bien personnellement, je crois que le baptême n’est pas une finalité. Elle n’est pas une passe VIP pour avoir accès au paradis directement.

C’est le début d’un processus. Peut-être la seule garantie que moi je vois dans le baptême, et c’est une formule que j’ai honteusement piqué à un autre pasteur, le pasteur Gérald Doré qui est à la retraite, c’est cette promesse que l’Église fait.

Cette promesse que peu importe ce qui va arriver dans le futur de cette personne, peu importe les égarements, peu importe les erreurs, peu importe ce que cette personne fait ou ne fait pas, il y a une promesse qu’il y aura toujours une place à l’Église pour cette personne-là.

Et c’est quand même une promesse importante. Ça ne veut pas dire que tout est permis, mais tu seras toujours un membre de la famille, tu seras toujours un membre de la communauté.

Et c’est ça que je pense qui est plus fort dans le baptême, c’est l’engagement que l’Église, que la communauté fait, que d’avoir une certitude que maintenant je suis sauvé, maintenant j’ai l’esprit en moi. Non, c’est un processus, ça se fait sur une vie.

Pourquoi demander le baptême?

Parce que c’est vrai que qu’est-ce que ça change le baptême? Pour moi, c’était clair, tout ce que tu dis là.

J’avais 10 ans, je n’étais pas baptisée, mais j’avais été présentée à Dieu. Je ne voulais pas continuer sans être baptisée.

J’allais à l’Église, même de ma propre volonté. Très tôt, j’ai bien aimé aller à l’Église. C’est vrai que je n’avais pas de frères et sœurs directs. En tout cas, j’avais beaucoup de frères et sœurs d’adoption un peu autour de moi.

Et donc du coup, aller à l’Église, pour moi, c’était un peu la certitude d’être entourée de plein de gens. Puis il y avait souvent le dimanche des familles avec des enfants.

Voilà, ça rencontrait un besoin chez moi. Et je voyais qu’il y avait des baptêmes, des baptêmes d’enfants.

Et il y a un moment donné où j’ai dit à mes parents, en fait, moi, j’aimerais bien être baptisée. Et ça me semblait important dans ma vie. J’avais un manque quelque part. Et j’ai beaucoup aimé le fait de savoir que je ferais toujours partie de cette communauté.

Après, ce n’est pas aussi simple que ça parce que, par exemple, là, si je vais dans mon Église de baptême, la plupart des gens ne savent plus du tout qui je suis.

Mais ça prend du temps pour comprendre que l’Église, c’est un concept universel et que l’Église, c’est aussi ce que moi, j’en fais à mon niveau pour avoir ma communauté de foi dans laquelle j’arrive à me sentir bien aussi. Ça prend du temps, mais il y a un potentiel qui est là. Il y a une possibilité d’exploiter ce potentiel.

Et des fois, je me demande, est-ce qu’on exclut les autres quand on dit qu’on est le peuple des baptisés? Est-ce que du coup, c’est un petit langage pour dire, on n’est baptisé pas vous! Ou est-ce qu’on tend la main pour dire, on est le peuple débaptisé, mais franchement, ce n’est pas parce qu’on est mieux que vous.

C’est parce qu’on a besoin de se sentir relié par quelque chose. Alors voilà, ça va dépendre aussi de notre perspective.

J’ai encore une question un peu clivante. Aujourd’hui, je suis venue avec une liste de questions et je les soumets comme si tu étais un grand spécialiste en dogmatique. Mais c’est aussi pour que nos auditeurs et auditrices nous écrivent.

Les judéo-chrétiens. Il y a parmi les judéo-chrétiens ou les juifs messianiques, il y en a qui sont baptisés et d’autres pas, si j’ai bien compris. Il y en a qui restent juifs, qui se baptisent, d’autres qui restent juifs qui ne se baptisent pas mais qui suivent le Christ.

Alors, est-ce qu’ils sont inclus ou pas dans notre peuple ? Parce que nous, on est le peuple débaptisé. Moi, je me pose plein de questions aussi sur tout ce qui est à la marge, tout ce qui est un petit peu borderline, tout ce qui n’est pas tout à fait défini. C’est quoi tous ces baptêmes? Ça veut dire quoi?

Ouvrir le baptême à tous et toutes

Je suis peut-être la mauvaise personne pour poser cette question-là. Personnellement, tout ce qui semble ressembler à un club privé, ça me tombe sur les nerfs. Jésus n’a pas dit « former des petits clubs privés, puis avec des cartes de membres, puis avec des règles strictes d’adhésion. » Non. « Allez, baptisez de par le monde. » Si la personne veut être baptisée, on y va.

C’est un peu l’histoire de l’eunuque qui rencontre Philippe, qui passe un peu de temps à discuter, blablabla, ils font comme une petite étude biblique, et l’eunuque, il dit « Bon, maintenant qu’on s’est parlé, maintenant qu’on s’est rencontré, est-ce qu’il y a une raison légitime que je ne sois pas baptisé? » Et Philippe dit « Ben, non. »

Et le baptême se fait là. Est-ce que le baptême a été reconnu par le groupe de Jérusalem? On ne sait pas. Et ce n’est peut-être pas ça l’important de cette histoire-là.

Il y a des personnes comme toi qui ont ressenti ce besoin-là. Merveilleux. Il y a des personnes qui ne ressentiront jamais ce besoin-là de ce sacrement, mais qui vont être impliquées dans leur Église, qui vont suivre la parole de Jésus. Ok. On sait jamais.

Et c’est une anecdote que je vais te raconter. C’est l’histoire de Marion Best, qui racontait que, bon, dans sa jeunesse, elle n’allait pas vraiment à l’Église.

Puis là, elle est devenue maman pour la première fois. Puis là, elle a regardé son enfant et dit « Bon, faudrait bien que je baptise cet enfant-là ».

Ne sachant pas trop, elle est allée l’Église la plus proche, qui était l’Église Unie du coin. Bon, le pasteur se dit « Ok, on va cheminer ensemble ».

Et de fil en aiguille, elle commence à s’impliquer à l’école du dimanche, puis elle commence à s’impliquer dans le groupe des femmes, dans le conseil de paroisse, dans la structure de l’Église.

Après quelques années, elle est devenue modératrice de l’Église unie du Canada. Plus tard, elle est devenue vice modératrice du Conseil mondial des Églises.

Moi, cette histoire-là, c’est qu’est-ce que l’Église de Dieu aurait perdue si le pasteur, au début de l’histoire, a dit « Ah non, non, non, non, on ne te connaît pas, tu n’es pas membre ici, tu ne fais pas partie du club sélect des initiés.

On parle beaucoup de foi, de possibilités, d’ouverture. Je pense aussi que ça fait partie de ce sacrement-là du baptême, qu’il y a des choses que l’on ne peut pas contrôler, justement.

Le besoin de rituels forts

En clin d’œil à l’Église catholique… est-ce que tu avais suivi ces chiffres, Stéphane, qu’en fait il y a eu des hausses de baptême incroyables ces dernières années? Et les sociologues se disent que c’est un peu normal que nos contemporains et contemporaines ont besoin de rituels forts.

Et comme c’est l’évêque de chaque région, de chaque évêché, chez les catholiques, qui procède au baptême d’adultes la nuit de Pâques, finalement, c’est un symbole rituel très fort, un moment solennel, une vraie reconnaissance communautaire.

Et ça rejoint tout ce que tu dis, tout ce qu’on a dit, ce besoin de se sentir pleinement accueilli. Là, tu as un personnage d’autorité.

Et moi j’étais même frappée parce que j’ai parlé avec des personnes queers qui se sont converties et qui ont demandé le baptême dans le catholicisme, alors qu’elles s’étaient senties persécutées par l’Église catholique.

Mais elles l’ont fait parce qu’elles avaient besoin de se sentir à nouveau accueillies et aimées au sein d’une Église.

Et nous qui avons été assez tièdes sur ces questions-là, de dire « on va faire des commissions, on va y réfléchir, mais vous êtes quand même assez les bienvenus pourvu que ça ne se remarque pas trop que vous êtes homos », en n’étant pas tranchées dans un sens mais pas non plus très démonstratives dans l’autre, ça crée un peu quelque chose de l’ordre de l’entre-deux.

Et donc, il y a une hausse comme ça du côté des baptêmes chez les jeunes dans l’Église catholique. Et je me dis, il y a une grande recherche, il y a un grand potentiel.

Je boucle un peu ma boucle et finalement, je trouve ça bien qu’il y ait des endroits où on se donne la possibilité de construire la grande piscine et de répondre aux demandes de ces jeunes qui demandent parfois des baptêmes par immersion, des baptêmes dans le lac, comme on en fait à Genève ou à Lausanne, des moments rituels forts, assez visibles, un peu publics, et puis qui rappellent que le baptême n’appartient à personne et qu’il est là pour tous et toutes, quoi.

Alors, écrivez-nous, dites-nous en plus sur vos beaux moments de baptême, de souvenirs. Voilà, si c’était par immersion, aspersion, Saint-Esprit, rebaptême, à sec, à sec, nous informer.

Tout nous intéresse. Merci Stéphane pour cette discussion, comme toujours, qui me touche, qui me remue, qui me dérange, donc qui me permet d’avancer, qui me déplace. Ben voilà, c’est le moment des remerciements, je crois.

Conclusion

Merci Johanne, merci à toutes les personnes qui écoutent. Si vous avez des questions, si vous avez des commentaires, comme dit Johanne, Écrivez-nous, on adore vous lire, questiondecroire@gmail.com.  Merci à l’Église Unie du Canada, notre commanditaire, qui a un site internet www.moncredo.org où notre podcast, mais aussi des blogs, des vidéos qui posent des questions sur la foi et la spiritualité sont là, sont faits pour ouvrir la discussion. Merci beaucoup Joanne et à très bientôt. À bientôt!

Une femme baptisée par immersion.
* Photo de Josue Michel, unsplash.com. Utilisée avec permission.

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