Oser un regard différent

Un groupe de la paroisse Trinity United Church durant le défilé de la fierté de MONTRÉAL EN 2024.

La Fierté de défiler en tant qu’Église

16 octobre 2024
Photo de Martine Lacroix

Martine Lacroix

Plusieurs personnes croient que les mots Fierté et Église s’opposent. Pourtant, de nombreux croyants et leurs paroisses participent aux activités un peu partout au Canada. Quelle est la place des personnes de foi dans ces manifestations culturelles?

Le Défilé de la Fierté étant chose du passé, pourquoi alors revenir là-dessus?

Parce qu’il va y en avoir un autre l’an prochain, que ce soit dans la métropole québécoise ou ailleurs sur la planète bleue, du moins là où il est permis d’en organiser un…

Défilé et controverses

Le 11 août dernier, nous étions une trentaine de personnes issues de quelques Églises protestantes et réformées à prendre part à cette parade où 17 000 âmes s’étaient inscrites. Si jamais des catholiques désiraient se joindre à nous en 2025, on leur souhaite d’avance la bienvenue.

Est-il de bon ton que des fanas de Dieue s’immiscent dans cet événement controversé? Car il faut bien admettre que chaque édition entraîne avec elle des points d’exclamation, d’interrogation et de suspension.

En prime, s’est ajoutée cette année l’accusation de complicité à la tragédie de Gaza en raison de certaines commandites de Fierté Montréal qui seraient liées à des organisations supposément sionistes.

Défilé et représentations

Mais que reproche-t-on habituellement au célèbre défilé? Eh bien, on le critique notamment parce que, malgré son ampleur, il serait peu représentatif de la sphère 2ELGBTQIA+, pire, il nuirait même à l’image de ladite communauté.

Cette nuisance, réelle ou fictive, n’a-t-elle pas aussi été brandie lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, édition 2024, signée par Thomas Jolly.

Qui n’a pas entendu résonner la réprobation causée entre autres par la présence de drag-queens dans un tableau ressemblant à la Cène?

Bref, de la polémique, il y en a partout depuis des lunes. Même dans cette grosse brique qu’on appelle la Bible et qui sert de moteur au christianisme, ça discute et argumente gaiement!

L’importance de l’appui chrétien

En 2024, les religions qui appuient les personnes 2ELGBTQIA+, chrétiennes ou non, peuvent-elles se permettre d’ignorer ces gigantesques rassemblements?

Tout en s’avérant festif, il ne faut pas oublier que ces défilés servent également à dénoncer les oppressions subies par nos semblables qui se reconnaissent dans le drapeau inclusif-intersexe.

S’il n’existe aucun risque de détention ou d’exécution pour motif d’orientation sexuelle ou encore de transitude ou de transidentité au pays de la feuille d’érable, n’empêche que les actes homophobes ne constituent point des légendes urbaines.

Simon Gamache, directeur général de Fierté Montréal, n’a-t-il pas parlé sur la place publique de manifestations antitrans tenues au cours des derniers mois à Montréal ?

S’engager au nom de notre foi

En tant que personnes croyantes et pratiquantes, diverses façons de témoigner notre appui à cette communauté s’offrent à nous.

Parmi celles-ci, on retrouve évidemment la prière et la célébration de cultes inspirés des enjeux auxquels fait face l’univers 2ELGBTQIA+ un peu partout sur le globe.

Si notre situation économique le permet, pourquoi ne pas faire un don à un organisme venant en aide aux victimes d’homophobie?

Le bénévolat, y avez-vous songé?

Par exemple, le Festival Fierté Montréal nécessite une quantité industrielle de bénévoles à chaque édition.

Croyez-en la rédactrice de ces lignes, l’expérience y est tout simplement incroyable.

Un accueil à bras ouverts

Par contre, marcher dans le défilé comme ce fut le cas pour une poignée d’Églises lors du second dimanche d’août 2024, cela a le mérite d’envoyer un message limpide à l’immense foule présente : non, ce ne sont pas toutes les religions qui mettent leur veto aux aspirations de la collectivité 2ELGBTQIA+.

Être au cœur de l’action à cette occasion, cela signifie qu’on dit oui à l’inclusion, mais pas seulement du bout des lèvres… plutôt à bras ouverts!

Oser s’afficher dans le Défilé de la Fierté

J’avoue cependant avoir ressenti un brin d’appréhension les premières fois où j’ai déambulé derrière la bannière de la cathédrale Christ Church au sein de l’interminable cortège.

Les croix étant souvent associées à l’intolérance face au mouvement 2ELGBTQIA+, allions-nous recevoir injures, doigts d’honneur et tomates?

Pas du tout!

À chaque fois, le même phénomène se répète.

Regards agréablement surpris, larges sourires et applaudissements accueillent notre minuscule groupe pimenté de quelques bannières identifiant les Églises concernées, d’offres de câlins gratuits et, bien sûr, de cols romains!

Pourquoi ne pas mettre toutes les chances de notre côté afin que la foule présente saisisse bien que les grenouilles de bénitier, comme on nous affuble parfois, ne sont pas toustes des humanoïdes constipés incapables d’évoluer. Alléluia!

Défilé de la Fierté.
* Photo de Christian Lue, unsplash.com. Utilisée avec permission.

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