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Vignette de l'épisode sur la famille

La famille et l’Église

18 Décembre 2024
Stéphane Vermette

Stéphane Vermette

  • Bible
  • Famille et couple
  • Marie
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  • Questions d'enfants

Plusieurs Églises moussent un modèle familial traditionnelle comme la Sainte Famille. Pourtant, il existe plusieurs types de famille dans la Bible. Même Jésus semble avoir choisi sa famille. Quel message envoie-t-on aux familles « différentes »?

* Musique de Lesfm, pixabay.com. Utilisée avec permission. 

* Photo de Josue Michel, unspalsh.com Utilisée avec permission. 

Bonjour! bienvenue à Question de croire, un podcast qui s’intéresse à la foi et la spiritualité, une question à la foi. Cette semaine, pourquoi l’Église s’intéresse-t-elle tant à la famille? Bonjour Stéphane, bonjour à toute personne qui nous écoute. Bonjour Joan.

Le mythe de la famille normale

Tu vois Stéphane, ce qui est marrant c’est que moi j’ai pas vraiment réalisé combien j’étais considérée hétéronormative jusqu’à ce que je sois enceinte de notre troisième fille. Oui, il m’a fallu du temps.

J’étais en colloque, un colloque assez sérieux de théologie. J’étais bien enceinte avec, comme on dit maintenant, mon bump, avec mon joli petit bidon. Et je faisais la queue pour aller me servir à manger. Il y avait une sorte de self-service, un buffet.

Puis il y a un monsieur plus âgé que moi, un pasteur, un théologien qui était aussi à ce colloque, qui me fait un peu la conversation sur ceci, cela, l’un et l’autre. Et puis à un moment donné, notre conversation, pour une raison qui m’échappe, tournait autour des questions de famille.

Puis il me dit : « Oui, alors vous savez bien, ma bonne dame, maintenant tout un chacun prétend vouloir avoir une famille. » Alors moi je lui dis toute étonnée : « Et pourquoi pas? » Je lui disais.

Mais vous comprenez bien, vous êtes chrétienne comme moi et vous êtes une bonne mère de famille vous-même. Combien avez-vous d’enfants? C’est votre troisième. Formidable!

Eh bien, vous comprenez bien que, par exemple, deux messieurs ne peuvent pas avoir une famille. Et deux dames non plus d’ailleurs, me dit-il, d’un air assez convenu.

Je lui dis : « non, je ne comprends pas. À mon sens, une famille, c’est une famille. Et si ces familles veulent venir à l’église, on ne peut que s’en réjouir. »

Et là, vraiment, si tu veux, triste, perdu, décontenancé, il me dit, mais comment vous, madame, une bonne chrétienne et mère de famille comme vous, pouvez-vous me dire cela? J’ai encore sa tête en tête.

La difficulté de s’adapter aux nouvelles réalités de la famille

Il y a quelque chose, je pense, de générationnel là-dedans, parce que moi, au Québec, J’ai vécu le début d’un changement de la définition de ce qu’est une famille dans le sens où je suis parmi la première génération dont les parents pouvaient divorcer et c’était banal, c’était pas exceptionnel.

C’était pas : « Oh, les parents de Nicole ont divorcé, oh quel scandale! » Non, c’était ça. Et des gens qui cohabitaient, qui fondaient des familles, c’était normal.

Et je pensais que j’étais quand même très ouvert et tout ça. Moi aussi, j’ai une anecdote pour toi ce matin.

Nous étions dans un restaurant familial avec mon fils, mon épouse. Et à l’autre table, il y avait peut-être cinq, six enfants, deux hommes, deux femmes. Et mon fils les regarde et nous dit : « Ça, c’est une très grosse famille. »

Moi j’ai dit : « ben non, tu sais, j’ai beaucoup d’enfants, deux hommes, deux femmes, fort probablement c’est deux familles qui se soupent ensemble. » Il regarde et il me revient et dit : « C’est peut-être une famille avec deux papas et deux mamans. »

Et là je me suis rendu compte, ouais, OK, pour une autre génération, ces reconfigurations de famille, c’est le nouveau normal.

Ça ne choque pas vraiment de savoir que peut-être qu’il n’y a pas juste deux parents, il peut y avoir quatre parents, ils sont divorcés, ils sont remariés, il y a les familles, ce qu’on appelle ici, reconstituées, des familles mélangées.

C’est un peu nouveau normal pour cette génération-là et moi, j’avais reproduit une espèce de pattern dans lequel j’avais grandi. Je n’ai pas grandi en 1852.

D’une certaine façon, je peux avoir de la compassion pour ceux qui trouvent que ça va trop vite, mais d’un autre côté, il faut s’adapter avec les réalités de nos sociétés en tant qu’individu, mais aussi en tant qu’institution.

L’Église doit s’adapter à cette nouvelle réalité et non pas de rester comme dans une espèce de fantasme idéalisé d’une autre époque.

Qu’est-ce qu’une famille?

Oui, d’ailleurs, j’aimerais enchaîner en disant que lorsqu’il y avait la manif très mal nommée « Manif pour tous », eh bien, il y avait des panneaux qui, moi, m’avaient laissé tout à fait dubitative. Je ne comprenais pas.

Il y avait marqué dessus Un papa et une maman, c’est ça la vraie famille. Et moi je m’étais dit comment ça?

Alors moi ma famille, c’est pas une vraie famille dans le sens où bien sûr j’ai une maman, j’ai un papa, et après j’ai eu un deuxième papa. Et du côté de ma maman, il y a eu des beaux papas aussi. Comme la belle chanson Beaux Papas.

Et je me dis mais alors c’est quoi ma famille? Elle est pas valable ma famille? C’est comment en fait?

Et pourtant mes parents, vraiment, des gens très convaincus au niveau du progressisme social, très engagés pour les autres, vraiment des gens dont j’admire l’engagement, ils le savent.

Leur divorce s’est fait quand j’étais petite encore, et j’étais l’une des seules enfants de divorcés dans la classe en Alsace dans les années 80. Alors tu vois, ce n’est pas tout à fait pareil le Québec ou le Canada que l’Alsace, de ce point de vue-là peut-être. La France, la fille de l’Église

Et quelque part, eux, ils ont toujours préservé cette famille nucléaire en se donnant rendez-vous à Noël. Donc mon père et ma mère organisaient Noël pour moi, à trois, des fois à plus, il y avait les grands-mères, etc. pour que j’ai ce sentiment d’être normale, d’avoir mon noyau familial autour de moi.

Et là, on s’approche de Noël, et c’est vrai que Noël brasse des tas d’images autour de la famille. Et des fois, on n’a pas de famille, ou des fois, on n’a pas une famille « normale ». Et est-ce que du coup, Noël est pour nous?

La Sainte Famille dans nos pageant de Noël

C’est tellement pertinent de se poser cette question parce que je trouve société et surtout en Église, on recrée ce pattern, si je peux utiliser un anglais cis, cette façon de faire, souvent sans trop se poser la question, et on envoie ces messages-là.

Moi, j’ai une préférence, la famille doit être comme ça, donc toutes les familles doivent être comme ça. Tout le monde doit être heureux avec mon modèle à moi ou le modèle qui est proposé.

Et pourtant, il n’y a pas si longtemps, ça existait, là, des familles reconstituées. Les femmes qui décédaient en couche, l’espérance de vie était moins longue.

On voit ça, au Québec, lorsqu’on fait une généalogie, un homme qui a eu trois épouses différentes parce qu’il a été veuve, c’est des modèles de familles complexes, mais on dirait qu’on fait abstraction de ça et on revient toujours à la célèbre Sainte Famille, Joseph, Marie, l’enfant Jésus.

À Noël, on fait des pageants, on fait des spectacles qui mettent en scène cette famille. Souvent, on oublie de mentionner que Joseph n’est pas le père biologique de Jésus et que pourtant, selon la Bible, ça semble être le cas.

Et ça pourrait inclure d’autres familles, justement avec ses pères de choix, ses beaux-papas ou ses pères qui sont là pour un enfant avec qui on n’a aucun lien génétique, mais qui sont pères à tout point.

Naturellement, là, je prêche pour ma paroisse parce que nous sommes une famille, j’appelle, plurigénétique. Mon épouse, moi, notre fils, on a des bagages génétiques différents, mais on est une famille. On s’est choisis, on s’est trouvés. Ce n’est pas plus facile, ce n’est pas plus compliqué.

C’est toujours cet argument, tu vas voir, quand c’est pas ton sang, c’est pas pareil, les personnes qui parlent de leurs enfants adoptifs, moi je dis non, mon fils c’est mon fils, point final.

C’est pas mon fils adoptif, c’est pas mon fils de remplacement, c’est pas mon fils, mettons, non, c’est mon fils, point final, peu importe où l’est né et de qui, ça change absolument rien pour moi.

Donc je pense que l’Église a quelque chose à dire à partir de ses propres histoires à ses familles qui ne correspondent pas à une espèce de construction de famille nucléaire.

Le concept de famille dans l’Église

Effectivement, Jésus lui-même n’a pas une généalogie toute transparente et toute simple qu’effectivement on ne comprend pas très bien si Jospeh est un père biologique.

Et finalement ça n’a aucune sorte d’importance dans la relation qu’on peut avoir avec Jésus ou bien dans la façon dont on comprend sa vie dans le sens où on comprend bien que Joseph a été, et ça du côté catholique c’est très présent, vraiment un géniteur éducateur.

Et ça nous renvoie en fait je trouve davantage à cette place qu’on peut avoir dans nos vies Qui suis-je pour les plus petits d’entre nous, pour les plus vulnérables, pour les enfants, pour celles et ceux qui viennent à l’église pour trouver un safe, un lieu safe, un lieu sécure? Est-ce que c’est ça que je mets en place? Est-ce que j’arrive à transmettre?

Et la scénette que j’ai vécue l‘année dernière dans la paroisse dans laquelle je servais, donc à Zurich, pour celles et ceux qui écoutent le podcast depuis un moment, c’était une scénette formidable qui s’appelait finalement Tableau de famille.

C’était tout un dialogue avec un peintre qui était tout à fait athée qui venait là et qui trouvait l’église jolie et qui se disait je vais faire un tableau et qui demandait un peu alors c’est quoi la famille pour les chrétiens.

Et au fur et à mesure tout un chacun venait apporter son petit grain de sel tant et si bien qu’à la fin il a dit écoutez j’ai fait un tableau mais comme vous êtes tous venus apporter votre grain de sel mettez-vous derrière moi et on va faire une grande photo de famille.

Et je trouve que c’est un peu ça l’ambiguïté, l’ambivalence de Noël, c’est qu’on aimerait quelque part être dans quelque chose de très réconfortant, la famille, la famille nucléaire, comme Jésus, mais en fait non.

On aimerait que les gens se sentent accueillis en famille dans l’Église, mais il y a tellement de diversité et tellement de plurigénétique, comme tu dis, qu’en fait il y aura toujours aussi des endroits où ça coince.

Mais in fine, on forme ce portrait de famille. Et on ne peut pas, en fait, à certains moments dire « toi tu fais partie du portrait de famille et toi tu n’en fais pas partie ».

L’Église comme une grande famille

L’Église, comme une grande famille, ça me fait toujours sourire parce que, pour le plaisir, j’aime bien lire les descriptions lorsqu’un poste est ouvert dans une paroisse, lorsqu’il y a, comme on dit ici, un appel, parce que les paroisses se définissent presque systématiquement comme nous sommes une grande famille qui aime manger, qui ont du plaisir et qui adore la musique.

Et moi de penser, ben pourquoi que le pasteur est parti alors? Cette idée de la famille, venir faire partie de la famille, parle d’une belle place, mais je crois que

En disant ça, on oublie toutes les personnes pour qui le mot famille est vraiment compliqué et n’est pas nécessairement un symbole de réconfort.

Je dirais, oui, l’Église est une famille, mais pas une famille idéalisée, justement. Une famille qui est capable de rire, une famille qui s’engueule, une famille qui, des fois, laisse tomber certaines personnes, une famille des fois qui déçoit, une famille qui des fois se rallie autour d’une personne.

Mon problème n’est pas nécessairement l’Église comme une famille, mais qu’est-ce qu’on dit lorsqu’on parle de famille et est-ce qu’on est prêt à accepter toute cette complexité de ce qu’est une famille? Tout ce qui est beau, mais tout ce qui est moins beau parfois.

Les différents modèles familiaux dans la Bible

Finalement, dans la Bible, il y a quoi comme sainte famille? C’est un très bon point parce que même dans nos écrits bibliques, on a des familles diverses.

Oui, on a Joseph, Marie, Jésus, mais on a un des beaux exemples que j’aime me souvenir, c’est Lazare qui habite avec ses deux sœurs en étant adulte. C’est une famille. Donc pour les personnes, des couples qui n’ont pas d’enfants peuvent former une famille.

On a Salomon qui a une centaine d’épouses et on parle même pas des concubines.

On a Moïse qui est adopté par la fille de Pharaon.

On a tous ces modèles dans nos écrits bibliques. Alors, moindrement qu’on est un peu débrouillard et moindrement qu’on connaisse la Bible, on peut dire aux gens qui se sentent peut-être exclus parce qu’ils n’ont pas ou elles n’ont pas de modèle plus en guillemets traditionnel, on a ces modèles-là dans la Bible.

On a Ruth et Naomi qui forment une unité familiale. Et Ruth a un enfant et Naomi devient une grand-mère.

Il y a tellement d’images dans nos Bibles qui parlent justement de comment les structures familiales peuvent être complexes.

Passer du temps en famille à Noël

Et comme cette diversité est là, j’ai l’impression que ça pourrait être davantage investi pour que les gens à Noël se sentent aussi chez eux, à la maison, dans l’Église.

Alors peut-être qu’on tient à toutes ces scénettes, à ces scénettes où on a cette fameuse Sainte Famille, mais du côté protestant, c’est une tradition qui est très récente après tout.

On peut aussi faire des réinventions, on peut partir dans d’autres directions, on peut s’intéresser à d’autres aspects de cette histoire. Et on peut aussi faire descendre un peu notre pression vers Noël.

À titre perso, toute pasteure que je suis, tout engagé dans l’Église que je suis, moi, depuis que mes filles ont grandi, j’ai un refus progressif intérieur, vraiment c’est quelque chose sur quoi je me refuse, que Noël prenne trop de place dans mon espace mental.

Évidemment, du coup, je fais très peu de déco, je suis très peu dans les listes de cadeaux, je ne m’intéresse pas énormément à ce qu’on va manger. Ce sera bon, forcément, ce sera sympa, forcément.

Et ce que j’attends avec impatience, c’est de jouer aux cartes avec nos enfants après, nos enfants qui, des fois, apportent maintenant des copains, enfin voilà. Donc, c’est surtout ça que j’attends à Noël, ce ne sont plus tellement les cadeaux, c’est ce moment qu’on va s’offrir les uns aux autres, ce temps d’abord à l’église et ensuite en famille.

Et j’aimerais dire que comme la nature a horreur du vide, je me suis découvert une nouvelle obsession de Noël, qui est celle de fabriquer des bûches de Noël.

Et ce d’autant plus parce que j’en ai dans ma configuration familiale, je ne vais pas faire du name dropping, j’en ai qui mangent sans gluten, j’en ai qui mangent sans lactose. J’en ai qui mangent sans chocolat. J’en ai d’autres qui mangent sans fruits. Et puis, il y en a d’autres qui mangent sans levure.

Et donc, du coup, je me suis lancée dans la fabrication de bûches alternatives. Et donc, ça nous montre qu’une fois de plus, il y a un beau chemin.

C’est le chemin alternatif d’essayer pour Noël de se faire plaisir, de faire plaisir aux autres, mais sans emprunter les chemins empruntés par tout le monde peut-être.

Les petits bonheurs en famille à Noël

C’est un bel exemple de c’est quoi la famille et qu’est-ce qu’on fait pour la famille. Toutes ces adaptations, tous ces compromis parfois, tous ces gestes qu’on fait par amour, qu’on n’aurait jamais fort probablement fait.

Fort probablement, tu n’aurais jamais fait de bûche de Noël sans toute la liste d’exceptions, mais tu le fais parce que c’est la famille. Peut-être qu’on le ferait pas pour un étranger, mais on le fait pour la famille parce qu’on veut faire plaisir, parce qu’on veut être là, parce que c’est ça qui est important.

Et parfois, c’est ça qu’on se souvient. Je vais te donner un exemple. Tu parles de la journée de Noël.

Une des belles journées de Noël que je me souviens, c’était peut-être il y a 10-12 ans. À la paroisse où j’étais, j’avais fait une collecte. Il y avait un calendrier de l’avant et, par exemple, le 2 décembre, c’était « si vous avez de l’eau potable dans votre maison, mettez deux sous noirs ».

Puis j’avais donné des tirelires. Alors, à la veille de Noël, tout le monde avait ramené ses tirelires. Je les avais ramenés à la maison.

Et le jour de Noël, ma mère était là, j’étais là, mon épouse était là, on n’avait pas encore notre enfant. Et on a passé la très grande partie de l’après-midi à rouler ses sous noirs. Et on a eu du plaisir, mais du plaisir à rouler ses sous-noirs pour en faire des paquets pour les amener à la banque.

Et parfois, c’est ça, les bonheurs de Noël en famille. C’est pas les fêtes spectaculaires, le champagne. Oui, ça peut être ça, mais c’est pas nécessairement ça. C’est des moments spéciaux, des actions qu’on ferait peut-être pas autrement.

Ça peut inclure l’Église, ça peut inclure les proches. C’est ce petit quelque chose qu’on dit « ouais, ça, je vais le faire, là, puis je vais y trouver du plaisir là-dedans ».

Un petit point de détail, Stéphane, « sous noir », je pense que c’est l’équivalent des pièces jaunes en France, c’est ça ?

Ah oui, c’est les 1 cent. Qui n’existent plus au Canada, c’était aboli. Oui.

Parce qu’en Suisse, on a encore les 5 centimes, on a encore les toutes petites pièces, on ne sait pas jusqu’à quand, mais elles sont encore là. Alors voilà, tu parlais de ces sous là.

La famille choisie

J’aimerais aussi aborder avec toi une notion que je trouve très importante et qui est un peu un cadeau qui nous vient aussi du monde queer, qui est la notion de famille choisie.

Cette famille choisie, souvent, c’est la famille dans laquelle on se sent en sécurité, la famille dans laquelle on sait qu’on peut investir du temps et de l’énergie, et il y aura une réponse, il y aura du répondant, il y aura une présence, une compréhension mutuelle.

Et j’ai l’impression quelque part que Jésus a aussi choisi la sienne. Il avait un environnement sympa, j’ai l’impression. Enfin, Marie, Joseph, on n’a pas de pistes laissant dire que c’était des parents qui étaient maltraitants ou désagréables.

Mais à un moment donné, ça serait que sa mère vienne le rechercher. Après tout, il n’est pas marié. Après tout, il n’est pas dans les clous. Après tout, elle entend parler de lui comme quelqu’un qui s’en va de droite et de gauche, annoncer différentes choses qui font un peu peur.

Et puis, plus tard, il annoncera aussi sa mort. Enfin, en tant que mère, bien sûr, comme on dit, on flippe.

Et lui, à un moment donné, c’est comme s’il avait dit, mais voilà, moi j’ai une famille choisie, je ne vais pas avoir une famille avec une femme et des enfants.

Là, je suis entourée de ma petite troupe, les disciples, dans lesquels il y a effectivement les apôtres, mais il y a aussi plein d’autres personnes, dont des femmes, dont des femmes qui l’ont financée aussi pour sa mission. Toutes les choses dont on a pu parler à l’épisode précédent.

Et ça nous inspire aussi, cette notion de famille choisie, de se dire que même Jésus à un moment donné a eu besoin de choisir son chemin, sa famille, finalement d’opérer un vrai renversement culturel, un renversement intéressant, un renversement, un bouleversement qui encore maintenant peut avoir un impact dans nos vies.

Les personnes qui doivent se trouver une nouvelle famille

Et à l’approche de Noël, je pense que c’est important de se rappeler ça parce qu’il y a plein de gens qui sont forcés à choisir leur famille ou à se recréer une famille.

Oui. Il y a toutes les personnes des communautés LGBTQIA+, mais je pense aussi aux réfugiés politiques. Je pense aussi à toutes les personnes qui sont envoyées pour le travail parfois outre-mer, toutes les personnes qui sont loin de leur famille, qui ne peuvent pas retourner durant le congé des Fêtes, auprès de leur famille.

On l’a vécu avec la pandémie aussi, où les familles, c’était plus difficile de se rencontrer. On a des souvenirs, en tout cas ici au Canada, sûrement des temps des fêtes où les rencontres de famille n’étaient pas possibles en raison des restrictions sanitaires.

Donc, je pense, en tant qu’Église, ça fait partie aussi de notre mission d’être attentif à ces personnes qui, sont obligés de célébrer seuls, ce n’est pas nécessairement leur choix, et dans un temps où tout tourne autour du concept de famille : les pubs à la télé, les émissions de télévision, les rencontres de famille et tout ça.

Et ces personnes-là qui vivent dans l’espace public se font constamment rappeler que non, ce n’est pas pour toi ça.

Je sais qu’il y a des gens qui invitent à la maison des gens qui sont seuls pour des célébrations, qui incluent des gens « étrangers » qui ne font pas partie de la famille dans leurs célébrations.

Mais ça peut être aussi un téléphone, un courriel, une carte, Ça peut être juste de dire tu n’es pas invisible, je te vois, je pense à toi, je sais que ça peut être difficile. Parfois ça peut faire une grosse différence.

Conclusion

Tout geste, tout pas de côté, tout témoignage qui donne sa vraie place à l’autre, sa place véritable, sa place de vivant en fait, est important. Et moi étant petite, petite fille, parents divorcés.

Lorsque j’ai compris que Jésus avait une drôle de famille, comme moi, et que c’était ok, comme moi, j’ai eu un sentiment qui ne m’a jamais quitté, que vraiment c’était ma place aussi, que j’avais ma place dans l’Église, dans la foi, dans la Bible, et que Jésus ne me demandait pas de rentrer dans des normes.

Alors il se trouve qu’après, au grand bonheur du monsieur dont j’ai parlé au début de l’épisode, je suis rentrée dans une norme hétéronormative, mais je ne l’ai pas fait parce que je voulais rentrer dans cette norme, je l’ai fait par amour en fait, c’est une histoire d’amour cette famille.

Et j’aimerais revenir à ça, ce temps de Noël, et là pour nous rappeler cet amour inconditionnel venu sous la forme d’un tout petit bébé, dans une mangeoire ou dans une grotte, enfin dans un endroit assez humble, quelque part, pour nous parler d’amour et nous encourager à rester dans ce projet d’amour.

Je trouve que c’est une gageur et qu’il ne faudrait pas qu’on se laisse trop distraire par les jingle bells et autres décorations de Noël.

L’essentiel, finalement, se trouve ailleurs, même si ça peut aussi réjouir le cœur, toutes ces petites décos, ces petits cadeaux et les bûches. N’oublions pas les bûches.

Merci, Joan, pour cette belle conversation. Merci, Stéphane.

Merci à toutes les personnes qui sont à l’écoute. Encore une fois, peu importe la plateforme, aimez, partagez, laissez un commentaire, c’est toujours bon pour le référencement.

Merci à l’Église Unie du Canada, notre commanditaire, et sa plateforme moncredo.org , où se trouvent nos podcasts, mais se trouvent aussi des vidéos et des blogs qui parlent de foi et de spiritualité pour les gens qui sont à la recherche.

Si vous avez des questions, des commentaires, questiondecroire@gmail.com.

Joyeux Noël et on se reparle l’année prochaine.

Eh oui. Ayez un beau temps de Noël, surtout centré sur l’amour, l’amour que vous avez pour vous-même, pour les autres. Et nous, bien entendu, on vous envoie aussi tout plein d’amour! Au revoir!

Une photo de famille avec trois papas, une maman et trois enfants.
* Photo de Gift Habeshaw, unspalsh.com. Utilisée avec permission.

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