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Photo de la vignette: Quelle est la place des jeunes dans l'Église

La place des jeunes dans l’Église

25 septembre 2024
Stéphane Vermette

Stéphane Vermette

  • Église Unie
  • jeune
  • podcast
  • Religion(s)

Selon une expression bien connue, l’Église parle toutes les langues du monde, sauf celle de la jeunesse. Notre invité d’honneur, Marysol Charras Sancho étudiante en troisième année de théologie protestante à l’Université de Strasbourg, nous aide à explorer les besoins des jeunes aujourd’hui.

Dans cet épisode, Joan et Stéphane et Marysol réfléchissent ensemble sur les messages envoyés par les Églises aux jeunes d’aujourd’hui et soulignent l’importance de les impliquer dans les processus décisionnels.

* Musique de Lesfm, pixabay.com. Utilisée avec permission. 

* Photo de Vince Fleming, unsplash.com. Utilisée avec permission. 

* Question de croire, saison 3, épisode 1

Transcription:

Une jeune femme très engagée

Bonjour, bienvenue à Question de croire, un podcast qui explore la foi et la spiritualité, une question à la fois. Cette semaine, quelle devrait être la place des jeunes dans l’Église?

Bonjour Stéphane. Bonjour Joanne. Aujourd’hui, nous avons une jeune invitée que je vais bientôt vous présenter. Mais d’abord, petite anecdote.

Lorsque j’avais environ 20 ans et que j’étais étudiante en théologie, je me suis dit, ah tiens, quand même, on parle beaucoup de l’Église en cours. Et si je prenais un investissement dans une église ? Un peu plus que d’aller au culte, quoi.

Donc je me suis adressée à une église que je connaissais bien, au centre-ville de Strasbourg. J’ai demandé un entretien au pasteur. Et là, j’ai vu qu’il était stupéfait. Il ne savait pas quoi faire d’une jeune de 20 ans.

Il m’a proposé une délégation complètement huluberlue à laquelle je n’ai rien compris. Je devais aller à des réunions à propos de la diaconie au centre-ville. Déjà, diaconie, je ne savais pas ce que ça voulait dire.

Et du coup, je n’ai pas donné suite, alors que là, la jeune femme qui est avec nous aujourd’hui, elle est déjà très occupée en termes d’activité pastorale et estudiantine au centre-ville.

Et c’est donc Marysol Charas Sancho, première du nom, notre première fille. Marisol, bonne arrivée dans l’émission Question de Croire. Bonjour. Est-ce que tu peux te présenter un peu plus, Marisol ? Avec plaisir !

Donc moi, c’est Marysol Charas Sancho. Je suis en troisième année de théologie protestante à l’Université de Strasbourg.

Et depuis un an, j’ai eu la chance de pouvoir représenter à plusieurs reprises l’UEPAL dans le cadre de la Fédération luthérienne mondiale.

Donc, j’ai fait partie des invités internationaux de moins de 30 ans. D’abord en tant que stewardesse, à leur dernière Assemblée Générale Mondiale et ensuite lors d’un rassemblement de jeunes luthériens aux États-Unis où j’ai été invitée pour parler un petit peu d’écho-théologie et d’engagement jeunesse dans l’UEPAL.

Et en plus de ça, cette année, j’ai la chance de pouvoir me présenter en tant que présidente de l’Amicale de Théologie à Strasbourg, quelque chose qui me tient vraiment à cœur parce que j’ai envie de pouvoir vraiment lier cette paroisse universitaire qu’est Saint-Paul et tous les jeunes qui se sentent chrétiens, croyants, qui sont en recherche spirituelle.

Et en plus de ça, je vais pouvoir travailler en tant qu’animatrice au Temple Neuf pour animer le petit groupe Scout qui se tient en gros deux fois par mois. Voilà.

C’est presque gênant pour nous, adultes. Mais c’est merveilleux. Peut-être pour lancer spécifiquement la question, qu’est-ce que tu en penses toi-même? Marysol, la place des jeunes. Quelle devrait être cette place dans cette institution qu’on appelle l’Église?

Des jeunes en recherche d’engagement

Je pense que les jeunes aujourd’hui, ils sont en recherche d’engagement, ils sont en recherche de responsabilité. Je pense qu’il y a plusieurs choses qu’on pourrait mettre en place sur différents niveaux, sur un niveau paroissial, sur un niveau ecclésiastique et ensuite sur un niveau plutôt de fédération, comme la Fédération luthérienne mondiale.

Et puis ensuite permettre aux jeunes de pouvoir réellement donner un avis, pouvoir faire des choix, prendre des décisions, pas qu’ils se sentent seulement, qu’ils fassent seulement partie du bateau, mais qu’ils puissent vraiment parfois lead le navire quoi, du moins de la destination.

Les jeunes, c’est l’avenir de l’Église!

C’est intéressant ce que tu dis, parce que moi dans mon contexte, dans mon Église, l’Église Unie, mais à beaucoup de places en Amérique du Nord, il y a cette expression qui dit « Les jeunes, c’est l’avenir de notre Église », quelque chose qui est horripile. 

Parce que lorsqu’on dit quelque chose est l’avenir, ils ne sont pas le présent. cette idée que ces jeunes sont des chrétiens ou des membres en formation. Ils doivent faire leur preuve et souvent on leur confie des tâches ingrates pour prouver aux adultes qu’ils ou elles sont responsables.

On va leur dire, ah bon, il y a le culte de la rencontre régionale, on va impliquer les jeunes. Qu’est-ce qu’on leur fait faire? Distribuer les ordres du culte. Dans une paroisse, il y a un repas où elles vont servir aux tables.

Toutes ces tâches-là, que les adultes ne veulent pas vraiment faire, gagner ces galons, mais ne pas reconnaître les personnes en tant que pleinement membres de cette communauté, de cette paroisse ou de cette région.

Alors vraiment je te rejoins Stéphane sur ces questions-là de quelle place est laissée au jeune en fait ? C’est-à-dire qu’on va se dire, bon ben voilà, il n’y a personne pour faire ça, on va demander à des jeunes.

Les jeunes pour peupler les comités

Moi, je m’en rappelle qu’une fois, avec Amaury, mon mari, qui est surtout mon compagnon de vie, qui est aussi pasteur, qui est le papa de Marisol d’ailleurs, on était dans une réunion à propos de la lutte contre la torture. C’est une réunion très importante.

Et il y a un monsieur, d’un coup, c’est comme s’il avait eu un éclair de génie, il a dit à Amaury, ah, comme on manque de jeunes, tu pourrais demander à tes jeunes de venir.

Et après, je veux dire, quand il est parti, on a eu un espèce de fou rire à Maurice et moi, comme si on se retourne. Et puis, on a 42 jeunes derrière nous qui ont très envie de participer à des réunions pour lutter contre la torture. C’est quand même un créneau assez particulier, disons.

Si on a des jeunes à l’église, c’est pour éventuellement monter ensemble des projets, vivre des temps forts, se mettre au cercle. Mais certainement pas pour venir faire des activités là où il n’y a même plus d’adultes qui ont envie de les faire.

Donc ça c’est une première chose. Il faut vraiment arrêter de projeter sur les générations qui viennent les activités que nous on a aimé faire ou qu’on a voulu porter pour des raisons morales, éthiques, de responsabilité. Bon ben voilà, nous on a pensé que c’était important qu’il y ait un truc contre la torture.

Si ça se trouve, ils vont trouver tout à fait autre chose et ils vont s’investir là-dedans. On n’a pas à juger en fait ça.

Et la deuxième chose, c’est la question de véritablement leur laisser une place, qu’ils les mettent en valeur.

Moi, je connais très peu de collègues qui enseignent aux jeunes à prêcher. Pour nous, pour Amaury et moi, De notre point de vue, c’est un vrai outil d’empouvoirment, de dire à des jeunes sur certains cultes, ponctuellement, à certaines occasions, et surtout quand ils viennent nous interroger, quand on voit qu’il y a des choses qui les travaillent.

Par exemple, on avait une jeune à Sainte-Marie-aux-Mines, elle était à fond dans le mouvement Rastafari. Elle parlait de ça et l’importance de Jah dans sa vie, elle s’était fait des dreadlocks. Et donc on s’est dit, donnons-lui la parole. Elle a quelque chose à dire de l’ordre de la spiritualité.

Le mouvement Rastafari est fondé sur la Bible aussi, donc qu’elles viennent prêcher ça. Qu’elles se disent, oui je suis prise au sérieux. Et donc moi je me dis souvent, il faut vraiment opérer un décalage, faire le pas de côté dans le travail jeunesse.

Laisser aux jeunes des espaces spéciaux

Moi je sais que j’aime pas non plus cette expression là, de dire que les jeunes c’est l’avenir parce que à ce que je sache je suis vivante maintenant aussi, que j’aimerais bien avoir des choses à faire maintenant aussi et que j’aimerais bien qu’on me donne des responsabilités maintenant aussi.

Et il y a même des moments où, en fait, on nous donne des responsabilités, mais comme dit, ces responsabilités-là, elles sont seulement vues par d’autres jeunes. Sauf que parfois, cette tension, ce jugement qui est toujours un petit peu présent, parce que soit pour les jeunes, l’église, c’est les grands-parents, soit c’est encore rattaché à un enterrement.

Donc l’image d’église n’est pas forcément positive ou drôle. Souvent, c’est associé à quelque chose d’ennuyeux ou alors de dur.

Ce qui serait intéressant de faire, c’est de laisser aux jeunes pouvoir parfois recolorer l’église et dans les couleurs qui leur tiennent à cœur et qui savent qu’ils sont reconnaissables par ces autres jeunes.

Je trouve qu’au centre-ville, on a quand même assez d’endroits nous, les jeunes, on peut se retrouver.

Par exemple, à Saint-Paul, Marie-Claire Gaudelet, elle prévoit tous les mercredis midi, pour les étudiants en théologie, et même pour ceux qui se sentent proches des haltes spirituelles, de pouvoir faire une prédication en trois minutes.

Donc ça ne va pas être une prédication longue, avec une exégèse derrière, ça ne va pas être très intellectuel, parfois. Parfois, on va juste dire « Jésus a pleuré », et ensuite prendre des sujets qui nous tiennent à cœur et les associer à ça. Donc parfois, ça peut plutôt s’associer à une prière d’intercession.

Mais dans tous les cas, c’est des jeunes qui ont cette opportunité de pouvoir choisir un passage qui leur tient à cœur et pouvoir dire ce qui leur pèse sur le cœur à d’autres jeunes souvent aussi.

Donc c’est des petites choses qui peuvent juste rendre la vie des jeunes plus accessible pour les autres et donc créer. Un environnement de communication qui est juste ça, en fait.

Les jeunes qui appartiennent pleine aux paroisses

Je vous écoute, je me souviens lorsque j’étais en paroisse dite plus traditionnelle. Il y avait le pasteur John L. Bell, qui est un pasteur écossais de l’Église présbytérienne, qui était associé avec la communauté de Iona, où Joan a passé quelques jours cet été.

Il faisait une série de conférences à travers l’Amérique du Nord et on l’avait reçu à notre paroisse pour la région. Le deal, c’était qu’il allait faire quelques conférences et le dimanche, il allait offrir le sermon. Mais juste le sermon.

Et ce qui a été décidé, c’est que c’est le groupe jeunesse qui était pour faire le reste de la liturgie. Enfants, adolescents. Et ça a très bien fonctionné.

Et à la fin, la tradition à cette paroisse-là, c’est que le pasteur est à l’arrière du sanctuaire et serre la main.

Et Pasteur Bell était là, mais les jeunes aussi étaient là et ils serraient la main. Et John Bell, qui est un grand liturgiste, un très grand compositeur de cantiques, ce qu’il m’avait dit après, ce qui l’avait vraiment impressionné, ce n’était pas la qualité de la musique, ce n’était pas la qualité de la chorale, il m’a dit, mais les jeunes ici, ils font vraiment partie de la communauté.

Ça l’avait vraiment soufflé de voir que ces jeunes-là, on ne leur a pas écrit les prières pour qu’ils les récitent comme des beaux petits chiens savants. Il avait écrit les prières, il avait parlé de leurs préoccupations, les gens avaient aimé ça. Pour moi qui vivait dans cette paroisse-là, j’ai dit ben oui.

Mais là, en y repensant, j’ai dit ah ok, c’est pas si commun que ça finalement. Et j’ai eu ce moment de fierté de dire oui, on laisse de la place à ces jeunes-là.

Qui doivent élaborer les programmes des jeunes?

Moi, ça m’amène à une question qui va être au cœur de mon nouveau ministère, c’est-à-dire de coordinatrice pour tout le canton.

Est-ce que les conseils pensent aux jeunes lorsqu’ils élaborent leur programme ? Et est-ce que c’est tellement fécond de penser, qu’est-ce que les jeunes aimeraient faire, ou qu’est-ce qu’on pourrait faire pour les jeunes, quand les jeunes finalement sont là et savent s’exprimer.

Alors, ils ne s’expriment pas toujours au moment où ils voudraient. Moi, par exemple, mes filles en ce moment, elles me parlent essentiellement à 23h. Ça, c’est vrai. Parce que le reste de la journée, elles sont bien occupées, elles ne sont pas toujours là.

Mais ils ont peut-être des fois… créent nos horaires, ils ont leur façon de communiquer. Il faut aussi se mettre à jour, il faut essayer toujours de favoriser des canaux de communication.

Mais je ne comprends pas très bien lorsqu’on dit « on fait des choses pour les jeunes » ou « on pense aux jeunes ».

En fait, les jeunes pensent, donc ils peuvent penser pour eux-mêmes. Donc ça m’amène un petit peu à cette notion de quota de la Fédération Luthérienne Mondiale que j’aime beaucoup. Et peut-être Marisol, tu veux en dire un mot, puisque tu as vu la beauté de la chose, mais aussi la difficulté de la mettre en place.

La question des quotas de jeunes

Il y a un quota lors des assemblées de la Fédération Luthérienne Mondiale, qui arrive tous les sept ans, mais ensuite il y a par exemple des pré-assemblées, ou alors il y a des petites assemblées qui s’occupent de thèmes particuliers.

Mais du moins pendant ces grandes assemblées générales, il y a ce quota où chaque délégation, donc de chaque église, doit avoir un quota de jeunes, donc souvent c’est 30%.

Et dans ce quota-là, le jeune c’est la personne entre 18 et 30 ans. Donc dès que ça dépasse 30 ans, même si c’est 31 ans, ce n’est plus un jeune, c’est vu comme un adulte.

Et parfois certaines églises membres l’oublient. Et comme lorsqu’on fait partie de la Fédération Luthérienne Mondiale, on n’est pas retenu juridiquement, on est juste engagé éthiquement et moralement, bah parfois ça s’oublie. Et parfois l’effort n’est pas fait.

Et parfois on n’a pas envie d’aller chercher, d’aller discuter, d’aller voir, d’aller sur WhatsApp et pas sur Messenger, d’aller sur Instagram et pas sur Facebook. pour discuter avec ce jeune là. Il y a ce truc où il faut que si on veut discuter avec un jeune, il faut qu’on aille sur les canaux de communication des jeunes.

Et je pense que nous on pourrait faire l’effort aussi d’aller dessus, mais que lorsque les gens ont besoin de nous, c’est à eux de venir vers nous. Et que en tant que jeune, on a des choses à changer, on a des choses à apporter.

Greta Thunberg, elle a des choses à apporter, elle a des choses à dire. Sauf que le nombre de fois où elle a été discriminée, où elle a été mal vue, elle a été rabaissée à cause de son âge, à cause de son style vestimentaire, par des adultes. Enfin, c’est voir qu’aujourd’hui, ça fait peur aux papys de 60 ans de se dire « Ah, mais cette jeune femme de 25 ans, elle a plus de choses à dire que moi ».

Sauf que c’est ça, ça arrive, c’est la liberté qui prend de plus en plus de place, justement d’ailleurs. Et donc c’est dire que moi, j’aurais pas su que j’aurais pu être stewardess pour l’Assemblée de la Fédération littéraire mondiale si ma mère ne me l’avait pas dit.

Donc c’est les gens de 45 ans qui sont au courant de ce genre de choses, alors que la place, elle est pour des personnes de 18 à 30 ans.

Changer nos pratiques pour intégrer les jeunes

Personnellement, je ne suis pas contre les quotas qui tentent de rééquilibrer un système qui n’est pas toujours juste parce que patriarcat, parce que tradition, parce que plein d’autres choses.

Là où ce que moi, je trouve que le bât blesse, c’est qu’on amène des jeunes, mais on n’est pas prêts à modifier nos structures.

J’ai vu des jeunes invités à des réunions plein de niveaux, mais on va être honnête, ces personnes-là s’emmerdaient parce que ça fonctionnait sous un système, sur une façon qui ne correspondait pas à leur réalité.

Et c’est ça des fois qui est difficile, c’est les points de vue des autres, ce qu’ils, elles et elles pensent, ce que les jeunes veulent.

Un des grands. Cliché en Amérique du Nord, on dit si on veut un groupe de jeunes, c’est le vendredi soir, il faut qu’il y ait de la pizza, ça va fonctionner.

Il y a plein de jeunes qui n’aiment pas la pizza, dans un. Et deux, en Amérique du Nord, les jeunes, les adolescents, ils ont un boulot le vendredi soir, ça ne fonctionne pas.

On ne va pas leur voir dire Quand voulez-vous vous rencontrer? Quel format voulez-vous? Qu’est-ce que vous mangez si vous avez besoin de manger?

Donc, c’est les besoins des décideurs qui imaginent ce que les jeunes veulent et qui vont livrer ça. Et c’est là qu’il y a un débalancement et que peut-être le quota est un peu artificiel.

On va inviter des jeunes, on va se sentir bien d’avoir invité des jeunes. Qu’ils participent ou ne participent pas, on a invité des jeunes, on a coché la case.

Il faut pas juste inviter les jeunes, mais réfléchir comment on adapte notre façon de faire.

Apprendre aux jeunes les mécanismes des Églises

Il y a eu quelque chose qui a été mis en place en septembre, du coup, dans ces assemblées générales mondiales. C’était des préassemblées.

Donc il y avait la préassemblée des hommes, la préassemblée des femmes, la préassemblée des jeunes.

C’est encore assez genré, mais il faut se rappeler que dans la Fédération Luthérienne Mondiale, il y a des pays d’Afrique subsaharienne, il y a des pays d’Asie, il y a des pays d’Amérique latine. On ne peut pas demander à d’autres pays d’avoir les mêmes standards que nous.

Donc, pour l’instant, c’est assez genré, c’est assez simplifié. Par exemple, pour moi, française, ça m’a fait très bizarre d’entendre « assemblée des hommes », parce que pour moi, les hommes avaient assez de place pour discuter.

Ensuite, j’ai appris qu’en fait, durant cette assemblée, c’était une forme de déconstruction qui était plutôt mise en place. Quel est mon rôle en tant qu’homme ? Comment est-ce que, dans l’histoire, ce rôle d’homme a pu créer des disparités, a pu créer du sexisme, etc. ? Et donc, comment est-ce qu’aujourd’hui, je peux changer ça ? Bon, après, il faut voir ce qu’ils en ont retenu ou pas, mais c’était intéressant de voir ce genre de préassemblée.

Mais bon, moi, j’ai pu faire partie du coup de la préassemblée des jeunes, donc de toutes les personnes et stewards et représentants entre 18 et 30 ans.

Et ce moment-là, c’était trois jours très, très, très organisés, très remplis, 8h-22h, avec des workshops, des moments de discussion, des moments de débat.

Pour les représentants, il y a eu des moments de répétition pour pouvoir correctement parler au micro, pour pouvoir correctement réagir, pour pouvoir correctement débattre parce qu’ensuite, pendant l’Assemblée Générale, ces représentants, ils devront débattre face à d’autres représentants qui ont peut-être 60 ans et qui savent très bien ce qu’ils veulent dire.

Et donc, il y a des choses qui peuvent être mises en place. Il faut un budget et il faut des adultes qui soient prêts à laisser aux jeunes ce temps de parole, qui soient prêts à accompagner ces jeunes. c’est vous en fait qui avez 45 ans qui devez mettre ça en place et être prêt à entendre une jeune fille ou alors un jeune homme de 25 ans qui va vous raconter la vision grandiose qu’il a du monde et décider de ne pas lui casser cette vision là.

Parce que moi le nombre de fois où j’ai dit moi je rêve de ça pour mon église et qu’ensuite quelqu’un. De plus de 40 ans me dit, ah mais ça ils ont déjà essayé de le faire, ah mais ça tu vois grand, mais tu sais que d’abord tu devrais faire ci, bon tu en parleras plus tard.

Non, j’ai envie d’en parler maintenant, j’ai envie qu’on me dise maintenant ce que je peux faire à mon échelle, j’ai envie que tu réfléchisses avec moi. Enfin c’est du brainstorming quoi, c’est comme ça que ça fonctionne, c’est on donne des idées et petit à petit ça va se mettre en place et ça va prendre du temps, mais au moins on garde l’idée quelque part.

Donc effectivement, pour que les jeunes y se sentent inclus, il faut laisser ce temps pour que les jeunes entre eux aient une idée commune et pour qu’ensuite on puisse le dire de manière réfléchie et construite face à ces adultes qui savent le monde.

Intégrer les jeunes dans les conseils

Je suis super contente de ce qui s’est passé dans l’ERV, l’Église évangélique réformée du canton de Vaud, suite à certaines décisions du Synode l’année dernière. Je n’y étais pas, je ne connais pas, je rapporte ce qu’on m’a dit, des décisions qui étaient un peu en décalage avec tout ce que les jeunes avaient mis en place. Il y a quand même 600 jeunes qui sont formés dans cette église, 600, qui sont passés par des différentes formations de leadership dans l’église, essentiellement dans le travail jeunesse, mais c’est quand même épatant de se dire qu’il y a eu cet investissement.

Et l’année dernière, le Synode n’avait probablement pas tout ça dans son orbite, n’avait peut-être pas bien pris conscience de ce que ça représente, 600 jeunes formés dans une église. Et le Synode a voté des diminutions de budget pour la jeunesse. Et ça, ça n’a pas plu à tous ces jeunes qui étaient formés, qui étaient engagés, qui avaient des projets en cours.

Et donc, ils ont saisi le Synode et ils ont demandé aussi à avoir des places au Synode. Et donc, il y a une dizaine de jeunes qui ont rejoint maintenant le Synode de l’ERV pour dire, en fait, nous, maintenant, on est des vigiles puisque vous, les adultes, comme tu dis, les plus 45, Vous n’avez pas su être vigiles sur nos projets, maintenant c’est nous qui devons être là pour être vigiles.

Et je suis hyper contente de ça. Je suis aussi vraiment très curieuse de voir comment est-ce que le prochain 6 notes va se dérouler. Je leur ai demandé, ils m’ont dit, ouais, on commence à faire des alliances, il y a des trucs sur lesquels on est d’accord, mais d’autres pas.

Alors, on cherche d’autres adultes pour faire des alliances sur les sujets qui nous intéressent individuellement, mais on a aussi une alliance collective et je trouve ça excellent parce que justement, ça casse un peu des fois les binarités plutôt droite, plutôt de gauche, plutôt progressiste, plutôt évangélique.

Là, on est vraiment sur des projets auxquels les jeunes vont s’associer ou auxquels les jeunes vont dire, en fait, nous, ça ne nous intéresse pas du tout pour l’Église, ni d’aujourd’hui, ni de demain. D’ailleurs, même pour l’Église d’hier, ce n’est pas terrible.

Je suis hyper impatiente de voir ça et moi, je vais être à une place où aussi mon rôle, c’est de continuer à encourager cette jeunesse à prendre sa juste place. Donc, tout ce que tu as raconté là, Marysol, moi, ça me parle beaucoup, ça résonne. Je me demande, finalement, dans ton église ultra progressiste, ultra féministe inclusive et tout, vous en êtes où avec la jeunesse ? Normalement, vous devriez être au top, Stéphane. On vous regarde, on apprend. Watch and learn, quoi.

Lorsque les jeunes enseignent aux adultes

Ce que je vois trop souvent, c’est cette idée que nous, les adultes, nous devons continuer à enseigner aux jeunes. Ça m’a fait penser, Marysol, quand tu disais « Ouais, bon, c’est beau, on a essayé avant tout ça. On va t’expliquer comment ça fonctionne, la petite. » cette espèce d’attitude-là.

Et je reviens encore à mon expérience en communauté de foi dans une de mes paroisses. Bon, il y avait une femme, Beverly, qui était responsable de la pastoralité d’enfants de jeunesse, et elle avait planifié ces trucs en début d’année, et elle a découvert que dans ces groupes, il y avait beaucoup de ce que je pourrais appeler des gamers, soit des gens qui jouent des jeux vidéo ou des jeux de table.

Alors, elle s’est dit, « Ok, on va créer un jeu ensemble sur l’idée de la création. » L’équivalent d’un jeu de table, mais très grand, ça prenait la moitié de la salle pour les jeunes. Et une fois terminé, à la fin d’un culte, elle a invité les adultes à venir jouer à ce jeu-là et à prendre des préoccupations de ces jeunes-là.

Donc, il y a eu comme un renversement des rôles de les jeunes. On va vous montrer les règles de notre jeu, mais on va vous montrer aussi nos préoccupations. Je vais vous montrer qu’est-ce que c’est important pour nous.

Et c’est ces moments-là, moi, que je chéris. Parce que, justement, on a brisé ce mot-là que l’apprentissage était seulement unidirectionnel. L’apprentissage peut être bidirectionnel ou multidirectionnel.

Que les jeunes ont vraiment quelque chose à enseigner à l’Église. Et c’est peut-être le temps, à quelques moments, de se la fermer, puis d’écouter, puis d’apprendre. d’éclater un peu ce mode d’apprentissage et de dire la personne devant moi, peu importe le genre, peu importe l’âge, a sûrement quelque chose à m’apprendre.

Le mariage inclusif et les jeunes

Moi, par rapport à ça, j’ai un peu envie d’embrayer avec quelque chose qui est arrivé dans ma paroisse. C’est que lorsque l’EUPAL a accepté le mariage pour tous, officiellement, il a été demandé à chaque conseil paroissial de pouvoir voter au niveau du coup de paroissial, si cette demande serait la même. dans cette paroisse.

Parce qu’il y avait cette idée que c’est pas parce que l’UEPAL accepte le mariage pour tous que chaque église se doive aussi. Et ça, je respecte. C’est cette liberté, en fait, paroissiale. C’est cette démocratie que je trouve belle dans notre église.

Sauf que dans le conseil paroissial, il faut voir les tranches d’âge qu’il y a dedans. Il faut voir les classes sociales qu’il y a dedans. Il faut faire un petit peu d’analyse et se rendre compte qu’en fait, c’est pas du tout représentatif. Il faut se rendre compte que les gens qui sont dedans, ils ont tous plus de 30 ans. Il faut aussi voir qui est marié ou pas. La plupart du temps, ils sont mariés.

Et donc moi, ma question, c’est en quoi ça les regarde ? Eux, ils sont mariés. Eux, ils ont 30 ans. Construit leur vie là-dessus ?

Est-ce qu’on devrait pas demander à des gens qui sont pas encore mariés et qui sont jeunes et qui prévoient de se marier qu’est-ce qu’ils ont comme souhait pour leur paroisse en fait ? C’est quoi leur souhait à eux ? C’est pourquoi est-ce qu’il y a des gens qui ont déjà construit leur vie de couple qui vont décider de la vie de couple future en fait des autres ?

Et ça je crois que à partir de ce moment là je me suis posé la question pourquoi est-ce qu’on n’a pas un quota de jeunes en fait ?

Surtout dans les paroisses où il y a un groupe de jeunes, parce que dans ma paroisse il y a un groupe de jeunes, il y a un groupe de jeunes adultes, il y a un groupe de catéchisme qui est aussi un petit peu présent dans le groupe de jeunes, il y a culte des tout-petits, il y a école du dimanche, enfin c’est pour dire qu’il y a chaque tranche d’âge qui est prise en charge en fait.

Pourquoi est-ce que quand chaque tranche d’âge est prise en charge, on ne peut pas se dire je vais laisser au groupe de jeunes et au groupe de jeunes adultes avoir une place au sein du CP et des gens de moins de 30 ans, des gens qui ont encore des choses à décider en fait, qui ont encore leur mariage à décider, qui ont encore leur vie de couple à décider ?

Donc ça il faut que j’en discute avec d’autres jeunes pour voir si jamais il n’y aurait pas quelque chose à faire, peut-être une lettre ouverte, peut-être une lettre de recommandation à notre nouvelle présidente, et voir est-ce qu’il n’y aurait pas quelque chose à réfléchir avec nous, s’il vous plaît, pas que vous le réfléchissiez de votre côté et qu’ensuite nous on se retrouve avec une réponse sans vraiment avoir pu débattre en fait.

Les cycles des ministères pour les jeunes

Alors moi j’aimerais dire que c’est vrai que je crois qu’il y a du boulot, je crois qu’on va soutenir les jeunes, mais je crois que c’est vrai qu’on a besoin que ce soit les jeunes qui parlent pour eux, parce que justement ce sont des êtres libres, autonomes, qui pour beaucoup d’entre eux ont reçu assez maintenant d’éducation à travers leurs églises, leurs familles, mais aussi le mouvement MeToo qui a rappelé l’importance de l’autodétermination et du consentement.

Et je dois dire que lorsqu’il y a eu le débat pour la présidence de Louis EUPAL, j’avais mis des questions concernant la jeunesse, en disant…

En fait, mon histoire dans cette église, c’est que dans les années 80, quand j’étais une enfant, j’étais dans une paroisse où il y avait plein d’activités pour les enfants et les jeunes.

Les années 90, tant que j’ai fait mon KT, il y avait des activités pour les enfants et les jeunes.

Et après, quand je suis allée voir un peu en dehors de ma paroisse, ce que je souhaite à tout le monde, je me suis rendu compte que c’était une église qui n’avait plus rien à offrir aux jeunes.

Et après plus tard, dix ans plus tard, quand nous on a eu nos enfants petites, il y a eu les festivals pour les jeunes qui s’appelaient Heaven’s Door. Et puis la parole est dans le pré. Et puis il y a eu de nouveau une belle dynamique, ça s’appelait la dynamique jeunesse.

Et puis là de nouveau, c’est terminé. Voilà, on a un moment de nouveau déjà cher. Alors c’est peut-être nécessaire, c’est peut-être biblique.

Donc, lorsqu’il y a eu le débat pour la présidence de l’UE, moi j’ai mis des questions pour la jeunesse. Et les trois candidats ont quand même un peu botté en touche en disant, mais si les jeunes veulent des activités pour eux, ils n’ont qu’à venir nous voir pour qu’on les fasse ensemble.

Donc, j’aimerais qu’on évite aussi cet écueil de dire « Ah mais s’ils en veulent vraiment, ils n’ont qu’à venir nous voir ». C’est trop facile.

À un moment donné, il faut envoyer des signaux forts. Il faut dire « On est là, on a de l’argent, on a du temps, on a des locaux, on a des partenariats, on peut mettre des ministres un peu à disposition pour vous accompagner quand vous en avez besoin ».

Voilà. À un moment donné, il faut quand même envoyer des signaux forts. Et comme tu dis Stéphane, il ne faut pas s’en tenir à la.

La pizza et les jeunes

D’ailleurs, j’aimerais qu’on arrive tout doucement à la fin de ce podcast en se posant cette question quand même très importante. Est-ce que Jésus aimait la pizza? Quelle pizza?

Je sais que Jésus était très inclusif, mais je ne crois pas que l’ananas sur la pizza, ça fonctionnait avec Jésus. Je refuse de croire ça. Ni de la choucroute en Alsace, ni de… Sérieux? La choucroute sur la pizza ! Ni de la fondue en Suisse.

Je sais pas trop ce que Jésus aimerait, mais nous, avec l’amicale, une fois par mois, on fait les croque-monsieur. Et les gens peuvent choisir ce qu’ils mettent dans leurs croque-monsieur. Et on fait VG et aussi pour les viandards. Donc c’est pour dire qu’il y a tout pour tout le monde. Quand on peut choisir ce qu’il y a entre deux bouts de pain, normalement, il n’y a pas trop de soucis.

Bravo, Marisol, mais est-ce que tu as du sang gluten ? Non mais alors dans ce cas-là, on dit de ramener leurs propres sondages parce. Que là, ça fait beaucoup.

Croque-monsieur, c’est très genré, là. Attention.

Conclusion

En tout cas, bravo, bravo à la Fédération Internationale Mondiale pour les Quotas, bravo à l’AMICAL dont tu es la présidente cette année. Bonne suite dans ce ministère étudiant qui tu fais en plus de tes études. Bravo. Merci Stéphane d’avoir accepté ce duo FIMER pour cette émission.

Et merci Marisol d’avoir pris un peu de temps dans ton agenda visiblement super chargé avec toutes tes implications. Pas de soucis. On va terminer cet épisode. On veut remercier notre commanditaire, l’Église Unie du Canada.

Peu importe la plateforme sur laquelle, justement, vous nous écoutez, n’oubliez pas d’aimer, de vous abonner, de partager avec vos amis. On débute une troisième saison, mais on a tellement de gens à rejoindre. On veut vous lire.

Également, écrivez-nous. On a eu quelques suggestions durant l’été, là, mais on accueille vos suggestions. C’est vraiment ça qui nous aide à nourrir parce que ça nous donne des thèmes, ça nous donne une idée de qu’est-ce qui vous intéresse.

questiondecroire@gmail.com

À très bientôt, Johanne. À très bientôt, Stéphane. Au revoir. Au revoir.

Un jeune adolescent dans une célébration religieuse
* Photo de Vince Fleming, unsplash.com. Utilisée avec permission.

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